Fanfiction - 3ème Saison
« Les jeux sont faits »

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2- Réponses et autres surprises

Le dimanche matin, Yuko faisait les cent pas dans la salle à manger et examinait chaque recoin. Kima eut le temps de partir faire l’entraînement des poussines à la gymnastique et de revenir que Yuko n’avait pas changé de pièce, mais elle ne fit aucune remarque et posa ses affaires dans la chambre qu’elle occupait désormais avec Haneru, au rez-de-chaussée.
Ce fut Deshi, qui après s’en être retournée quatre fois dans la cuisine pour prendre une cuillère de Nutella – « J’ai décidé de faire attention à mon cholestérol et de ne prendre qu’une cuillère de Nutella lorsque j’ouvrirai le pot » - fit-elle remarquer à Yuko lors de son quatrième passage, mais la jeune fille ne réagit pas.

- Huuum… tu as perdu quelque chose, Yuko ?
- Mmmh, répondit celle-ci.
- Qu’est-ce qui te tracasse ? Reprit Kima.
- La pièce… Elle a changé.
- Ah.

Deshi ne chercha pas plus loin et s’en retourna à sa cuillérée. Yuko s’arrêta un instant, se prit la tête entre ses mains et répéta sur un ton où pointait l’agacement :

- Je ne suis pas folle… Je vous dis qu’elle a changé !
- Ah oui ! Tu as raison, la chaise n’était pas là tout à l’heure, lui répondit Kima pour soulager son esprit en replaçant la chaise à sa place.
- Mais je ne parle pas de ça ! S’énervait Yuko. Je ne reconnais plus cette pièce !
- Si tu parles de l’état de la pièce par rapport à hier, la semaine dernière ou encore le mois dernier, c’est la même. Maintenant, si tu veux parler de l’état de la pièce par rapport à décembre dernier, en effet, avec Denchu nous avons procédé à un réaménagement, expliqua calmement Deshi après avoir reposé sa cuillère et rangé – pour un court instant – le pot de Nutella.
- Et où était le meuble de la télévision ? Demanda soudainement Yuko en relevant la tête.
- Mmmh, à la place du canapé, à gauche, précisa Kima.

La jeune fille aux cheveux noirs s’empressa de déplacer le canapé et de soulever un pan du tapis avant d’esquisser un petit sourire.

- Je l’ai trouvé…
- Attend, attend, attend !! Yuko, s’il te plaît, ne chamboule pas tout, tu vas remuer toute la poussière et Takeshi va te tuer, s’effrayait Deshi en s’approchant vivement.
- Tu avais vraiment perdu quelque chose alors, souligna Kima en rejoignant Deshi et Yuko. Mais… mais qu’est-ce que c’est que ça ?!
- C’est une trappe, répondit la jeune fille, imperturbable.
- Oui, merci, je le vois bien que c’est une trappe ! Mais où mène-t-elle ? Vas-y, ouvre-là ! Insistait la gymnaste prête à une exploration souterraine remplie de pièges en tout genre.
- J’appelle les autres, déclara Deshi.

~*~

La trappe, ouverte par Takeshi, laissait tout juste entrevoir un escalier qui s’enfonçait dans les ténèbres.

- C’est profond ? Demanda Denchu à l’adresse de Yuko.
- Je ne sais plus.
- Bon, on va chercher les torches électriques, dit Toya. Ce n’est pas dangereux au moins ?
- Je ne sais plus.
- Yumi, il faut que tu nous attendes ici, dit Haneru à la petite fille, qui était excitée à l’idée d’explorer cette pièce.
- Ah non ! Non, non, non, non, non. Je viens avec tout monde ! Rétorqua la fillette en s’avançant encore plus près de la trappe.
- Yumi…
- Ecoute, Ne'u, il faut que je sois là pou’ vous p’otéger s’il vous a’’ive quelque chose !
- Têtue et bornée, en plus… Elle me rappellerait presque quelqu’un, plaisanta Kasumi.
- Ouaip, elle a trop traîné avec toi ! Remarqua Satoshi.
- … Je ne parlais pas forcément de moi, riposta la rouquine.
- C’est bon, j’ai trouvé… une, deux, trois, quatre lampes ! Ca devrait suffire, non ? Et au niveau des piles… C’est ok !

La phrase de Toya avait marqué le début de l’expédition. Yuko devant avec la première lampe, suivit d’Haneru, puis de Takeshi et Toya, se partageant une lampe, Kima et Yumi avec la troisième lampe, Satoshi et Kasumi avec la quatrième – qui passait d’une main à l’autre à chaque commentaire émis – et enfin Deshi et Denchu fermaient la marche avec pour éclairage, une boule de feu.
Le couloir était étroit et il s’insinuait profondément dans le sol. La pente était raide, mais la descente se fit rapidement.
Les Soldiers arrivèrent dans une grande salle où de nombreux débris jonchaient le sol. Yuko arrêta la troupe et dirigea le faisceau de sa lampe torche sur le mur à sa gauche. Elle se détacha du groupe et se dirigea vers ce mur. Haneru entreprit de la suivre, mais elle le stoppa dans son avancée.

- On n’a pas besoin d’être cinquante…
- Mais, tu es sûre que…
- Mais oui ! Je sais tout de même me servir d’un interrupteur.

La lumière apparut tout à coup, transperçant la salle d’éclats aveuglants, puis son intensité se stabilisa permettant aux Soldiers de faire un état des lieux et de contempler la pièce dans son intégrité.
Elle parut tout à coup moins spacieuse. Toutes les machines l’encombrant lui donnait l’impression d’un espace réduit au strict nécessaire. Un lit de fortune occupait la partie droite de la pièce et un aménagement de survie faisait office de cuisinière, mais en y regardant de plus près, les « ingrédients » disposés ressemblaient plus à des fœtus qu’à des fruits ou légumes. Il y avait au fond deux grosses machines ressemblant de loin à des ordinateurs. Une des machines était reliée à une sorte d’éprouvette géante qui avait été cassée en son milieu : des débris de verres étaient encore étalés sur le sol.

- Corrigez-moi si je me trompe, mais soit cet endroit a été quitté dans la précipitation, soit la femme de ménage ne fait pas correctement son boulot, constata Deshi.

Yuko passa entre les tuyaux et autres fils et s’approcha près de la cage en verre brisée. Yumi s’approcha de la jeune fille qui restait pensive devant l’étrange compartiment.

- Ca ‘appelle les mauvaises choses ? Demanda la petite fille.

Yuko sortit de ses pensées et montra de la main la salle en déclarant :

- Voici l’endroit où j’ai passé la moitié de mon existence.
- Tu… tu veux dire que tu logeais en dessous de nous et tu n’as tenté aucune… attaque ? Demanda Kasumi.
- Kaho était en dessous. Moi, j’étais là-dedans, répondit Yuko en tapotant sur une partie de la paroi. Elle m’a réveillé soudainement en brisant la vitre. Et nous avons fui la maison qui était inoccupée ce jour-là. C’était après votre première bataille contre Kaho, mais mes souvenirs sont confus.
- C’est un laboratoire ? Demanda Denchu en reposant un bocal poussiéreux qu’elle avait examiné quelques minutes plus tôt.
- Oui.
- Eh ! Venez voir ça ! S’exclama Deshi. L’ordinateur, il a accès à tous les dossiers scolaires, et les frais de scolarité aussi… Il y a même le loyer de la pension ! Et si j’appuie sur « transfert effectué », ça me l’enregistre automatiquement.
- Ce sont les comptes ? S’intéressait Haneru.
- Oui, j’en ai bien l’impression. Mais c’est génial, on n’aura plus à payer les frais de scolarité non plus, juste à appuyer sur le bouton. Ca nous fera plus d’argent pour les courses et nos extras !
- Comment ça « non plus » ?
- Quand nous avions cru Kaho morte, la première fois, nous n’avions plus à payer le loyer de la pension ! Ah, la charogne, elle gardait les frais de scolarité pour elle et avait juste à appuyer sur ce bouton. Mais je me demande à quoi servait cet argent…
- A financer un parc informatique de haute technologie… Répondit simplement Toya.
- Bon… Le processeur est puissant et on pourrait s’en servir. Par contre, il faudra réaménager la pièce… Constata Deshi.

Un bocal glissa des mains de Yumi et explosa à ses pieds, libérant des vers se tortillant quelques instants avant de mourir.

- Papa… On peut ‘emonter ? J’ai peu’ ! Intima-t-elle à Takeshi, avec une mine dégoûtée et effrayée.

~*~

Takeshi s’inquiétait quant aux rêves de Yumi. Cet endroit sombre ne lui inspirait déjà pas confiance, mais en ayant vu l’expression de la petite fille, il ne pouvait que penser à son esprit et aux futurs cauchemars que cela pouvait engendrer.
Aussi, pour occuper les pensées de la petite fille, Takeshi était parti à la conquête d’un doudou mignon et tout doux.
Il en parla à Toya pour ne pas être seul durant le processus d’achat, et nos deux compères se retrouvèrent à flâner le long des rues à la recherche d’une peluche ayant les caractéristiques désirées.

- Ca, ça à l’air sympa, non ? Fit remarquer Takeshi en arrêtant Toya devant une vitrine.
- Peut-être un peu gros… Le modèle intermédiaire a l’air plus sympa, je trouve !
- Ah ouais, pas mal. Ca marche, on va l’acheter ?

Les deux jeunes hommes étaient rentrés dans la boutique en ayant porté leur choix sur un gros chaton tout blanc, aux yeux roses, avec une petite clochette autour du cou.

- Bonjour, nous désirons ce modèle, demanda Takeshi à la vendeuse qui s’approchait pour les accueillir.
- Bien sûr ! C’est un excellent choix, qui est très vite parti à noël. Je dois même vous avouer que les demandes ont été tellement importantes que nous avons dû en recommander auprès de notre fournisseur et nous étions proche de la rupture de stock. Il ne nous en reste plus beaucoup d’ailleurs.
- Je hais les discours des commerciaux… Tous aussi plats et fades, les uns que les autres, chuchota Toya à son ami.
- Je vous fais un paquet cadeau ?
- Oui, s’il vous plaît, se rattrapa Takeshi sur son sourire mesquin. Mais attend, il y a toujours moyen de négocier quelque chose, reprit-il, un ton plus bas à Toya.

La vendeuse accompagna ses deux clients à la caisse et commença à envelopper le chaton d’un paquet rose bonbon, ce qui ravit au plus haut point Takeshi en voyant la couleur préférée de sa petite protégée.

- Vous voulez ajouter une carte ?
- Oui, volontiers. Euh non… elle ne sait pas lire en fait.
- Très, bien messieurs… Et bien, ça nous fait donc un total de cent trente euros s’il vous plaît.
- Kof, kof, pardon ? Trente euros ? Répéta Toya.
- Non monsieur, le reprit la vendeuse en laissant échapper un petit gloussement de rire. Cent trente euros !
- Il est rembourré par quoi pour ce prix ! Commença à s’étrangler Toya.
- De polyester, monsieur.

Takeshi regardait Toya avec un air suppliant pour qu’il ne fasse pas de scandale, puis voyant que celui-ci allait de nouveau répondre, il le prit par le bras et l’entraîna en dehors du magasin, sous l’œil sceptique de la vendeuse qui commençait déjà à retirer la peluche de son emballage.

- Toya, arrête ! Ce n’est pas de la faute de cette vendeuse !
- Oui, mais à embaumer son truc qui coûte la peau de mon c…
- Bon, on retourne dans la boutique et on…
- Non, mais attend ! Tu ne vas pas me dire que tu le trouves encore mignon ce bout de tissu bourré de polyester ?
- Non. On va rentrer pour lui dire qu’on ne prendra pas cette peluche, et s’excuser du dérangement par la même occasion.
- … Je crois qu’elle l’a compris, lui murmura Toya, l’esquisse d’un sourire aux lèvres, en faisant remarquer à son ami que le doudou était remis à sa place.
- Je t’en prie… ne fais jamais de politique !

Nos deux amis s’en retournèrent à la recherche d’une petite peluche pour Yumi, lorsque Takeshi s’arrêta devant une autre boutique.

- Regarde, Toya. Et le prix est tout à fait honorable !
- Non, tu ne vas tout de même pas…

~*~

- Et bien, vous en avez mis du temps ! Fit remarquer Denchu lorsqu’elle aperçut les deux garçons au seuil de la porte.
- Oui, mais regarde ! Lui avait aussitôt répondu Takeshi en lui tendant une boîte trouée.

Denchu, intriguée, lui prit la boîte et ouvrit délicatement le couvercle pour en découvrir un tout petit lapin blanc au cou finement entouré d’un ruban rose. Le petit animal prit alors appui sur ses deux pattes pour mieux voir cet intriguant visiteur qui venait d’ouvrir sa petite maison temporaire et fit frémir son petit nez rose pour sentir cette nouvelle odeur.

- OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOH !! Mais… mais il est trop CHOU ! Merci Takeshi, vraiment, merci ! Lui dit-elle en lui sautant au cou et en l’embrassant sur la joue.

Denchu s’en fut dans sa chambre pour montrer son nouveau petit compagnon – « Il s’appellera Flocon » – à Deshi, en poussant des petites exclamations à chaque minauderie du lapin.

- Je… je ne pouvais pas lui reprendre, n’est-ce pas ? Ca lui aurait brisé le cœur, non ? S’assura Takeshi auprès de Toya.

Toya acquiesça silencieusement, un petit sourire narquois aux lèvres.

- Bon, et bien maintenant, il faudra trouver une peluche pour Yumi, et en dessous de cent trente euros, s’il te plaît, s’empressa-t-il d’ajouter en le voyant ouvrir la bouche.

~*~

Les jours passaient et Flocon s’était installé en nouvelle mascotte, à côté de Bubulle, au sein du pensionnat. Yumi adorait le lapin et l’avait adopté sous l’œil bienveillant de Denchu… et de Takeshi. Ainsi, les Soldiers avaient accordé à Flocon une liberté limitée qui se bornait en général au salon – agrémenté de barrières pour éviter les poursuites folles –.
Alors que Yuko revenait souvent au laboratoire pour tenter d’en savoir plus sur ses sept années d’emprisonnement, elle oublia de refermer la trappe qui menait au sous-sol lorsqu’elle repartit chercher un album photo dans sa chambre.
Flocon en profita également pour découvrir cette nouvelle pièce, et son expédition aurait pu le mener loin si Toya ne l’avait pas aperçu se faufiler à travers le trou. Le jeune homme manqua de trébucher à cause des barrières lorsqu’il voulut le récupérer, mais il en fallait plus que ça pour l’empêcher de le débusquer. Il descendit les marches du laboratoire et retrouva le petit animal arrêté par un des ordinateurs.
Toya prit Flocon par la peau du cou et le souleva à hauteur de son visage pour le réprimander, mais les écritures vertes de l’ordinateur l’interpellèrent lorsqu’il crut y lire son prénom. Il déposa Flocon à côté de la machine et commença à lire.

Processus d’intégration de Psy _

Il appuya sur la touche « enter » pour continuer de lire la suite, et ce qu’il lut le stupéfia au point de l’effrayer.

Approche effectuée par l’élimination de Nadeshiko (ok)
Acceptation du programme de recherche (ok)
Renonciation aux émotions (en cours)
Manipulation de l’équipe constituée_ (en cours)
Fire (en cours)
Thunder (en cours)
Ocean (en cours)
Earth (en cours)
Supreme (en cours)
Elément du programme de destruction des monarques_ (en cours)

- Je voulais être certaine de ce que je voyais, dit Yuko de sa voix calme en s’approchant de l’ordinateur, son album à la main.
- Tu… tu m’as fait peur, sursauta Toya ne l’ayant pas entendu s’approcher. Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! Lui demanda-t-il en pointant son doigt sur l’écran.
- Le processus d’intégration de Kaho.
- Mais, ma mère ! Insistait-il. « Elimination »… C’est quoi ?!
- Pour t’amadouer, et devenir ta confidente, il a fallut éliminer ta mère.
- Elle… elle a tué ma mère… Elle a tué ma mère ?
- Et s’est arrangée pour que tu croies Deshi en être la responsable.
- Mais… J’ai… j’ai toujours cru que j’étais coupable… pas Deshi. C’est une excuse que j’ai donnée à Kaho pour toujours tout nier sur mes agissements. Et elle ne pouvait pas savoir que nous étions les gardiens, elle ne pouvait pas connaître Deshi !
- Si… elle vous connaissait tous.
- Et la femme que j’ai suivi en pensant que c’était ma mère… c’était… Kaho…

Yuko acquiesça silencieusement et prit dans ses bras Flocon qui allait à nouveau s’échapper. Toya, bouleversé par ce qu’il venait d’apprendre et ébranlé dans ses convictions les plus profondes s’assit au sol, la tête entre ses mains.

- Et toi… Qui es-tu réellement ? Demanda-t-il à Yuko en relevant la tête.
- Une sorte de clone à la recherche de sa véritable identité... Et tout ce que tu vois ici appartient au passé.
- Ne crois pas que ça ne recommencera pas un jour, l’interrompit-il.

Yuko le regarda profondément dans les yeux puis acquiesça avant de lui proposer un compromis qui arrêterait la conversation :

- Mais pour le moment, il serait peut-être bon de mettre Flocon dans sa cage et d’aller se coucher, non ?

 

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