Fanfiction - 3ème Saison
« Les jeux sont faits »

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1- Revivre

Yuko s'était fort bien accommodée de sa chambre, qui avait nécessité encore un grand chambardement ! Celle-ci ayant préféré une chambre au calme, Satoshi lui avait gracieusement laissé la sienne et Kasumi, au grand étonnement de tous, avait accepté de partager sa chambre avec le jeune homme – « sur un plan purement scolaire », avait-elle ajouté – et prendraient en charge la petite Yumi. Ils avaient aussi hérité de la plus grande chambre : celle de Takeshi et Toya, qui eux avaient déménagé dans l’ancienne de Kasumi, située du côté gauche de la chambre de Deshi et Denchu , qui avaient mis à un point d’honneur à ne pas changer de chambre.

- Bref, que des avantages… Constatait Deshi.
- Partager sa chambre avec Satoshi est un avantage ?! Releva la rouquine.
- Je ne vois pas en quoi ce serait un inconvénient. Dormir à côté de celui qu’on…
- AHUM ! Les murs ont des oreilles, remarqua Denchu.
- Bon, moi je continue d’aménager l’étage, en profita Kasumi pour se défiler.
- Haanaan, Denchu, tu n’es pas drôle ! J’aurais pu lui faire avouer !
- Elle n’aurait rien dit et aurait tout nié, répondit son amie du tac au tac.
- Un peu comme toi en fait…
- … Oui, un peu comme moi, dit-elle, un faible sourire aux lèvres.

Yuko avait donc aménagé dans la petite chambre de Satoshi à l’étage et pouvait s’accoutumer en douceur aux Soldiers.
Outre le fait que la chambre était plus isolée des autres, la fenêtre donnait sur la vue tant aimée de la nouvelle venue qui pouvait se perdre à souhait dans l’immensité du paysage.

Yuko Batsu était née le 13 novembre et était de ce fait Scorpion, un signe considéré comme des plus forts. Cependant, la petite fille avait toujours fait partie des plus faibles, si bien qu’elle devait souvent se mettre à l’écart de toute chose et même de l’environnement.
Le jour des dix ans de son grand frère, elle lui avait demandé d’aller prier pour elle et pour sa santé, chose qu’il fit.
La petite fille de sept ans attendait avec impatience le retour de ses parents à qui elle avait promis de ne pas bouger de la maison. Lorsqu’on sonna, Yuko demanda le mot de passe.

- Ratatouille.

Etonnée du prompt retour de ses parents, Yuko ouvrit la porte pour laisser entrer sa mère. La lumière au dehors était très forte pour la petite fille, mais la silhouette aperçue ne ressemblait en rien à sa maman.

- Bonjour Yuko, tu vas devoir me suivre, lui dit la femme.
- … Maman… m’a toujours dit de ne pas suivre les étrangers, lui répondit-elle faiblement, peu rassurée.
- Mais, je ne suis pas étrangère puisque je serai ta nouvelle maman. Et avec moi, tu ne souffriras plus jamais.

De tout ce qu’elle avait entendu, rien ne lui semblait cohérent et Yuko ne voulait qu’une chose, en finir avec cette femme et son entretien incompréhensible.

- Non… je ne vous connais pas… au revoir.
- Ne discute pas avec moi !

La petite fille avait commencé à fermer la porte mais elle fut stoppée par une sorte de lame qui avait traversé la porte… et son cœur.
La femme retira le sceptre du petit corps puis plongea la main dans la plaie encore suintante et chaude, pour en serrer le cœur, battant encore à toute allure. L’organe se teinta de noir et ses battements ralentirent à atteindre une vitesse stable, insuffisante cependant pour permettre de vivre.

- Ne t’inquiète pas, avec moi tu ne connaîtras plus la douleur et tu n’auras plus peur de la mort.

Ceci fut les derniers mots qu’entendit Yuko Batsu, petite fille de sept ans aux cheveux noirs de jaie et aux yeux étrangement violets.

~*~

- Yuko, tu veux manger quelque chose ? Ce soir, c’est pot au feu.

La jeune fille de quinze ans fut tirée de ses pensées. Il ne fallait pas qu’elle évite une nouvelle fois le repas, ses excuses ne tiendraient pas la route de toute façon, et elle serait bien obligée un jour de faire face à ses hôtes.

- J’arrive.

A contrecoeur elle se défit de la vue de sa chambre et suivit Takeshi qui était venu la chercher. Elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine aversion envers ce garçon. C’était le seul à pouvoir annihiler son pouvoir, et il montrait souvent une fausse modestie qui l’exaspérait. Takeshi était aussi vantard que Satoshi à la seule différence que tout ce qu’il faisait, était rendu à la perfection. Et le plat qu’elle sentait commençait déjà à réveiller son estomac qui gargouillait de plaisir en vue de l’excellent repas qui serait servi.

- Et ben, il était temps ! Tu sais, il faut toujours écouter ce qu’il dit, sinon il te le crie ! Enfin, ne soit pas à l’affût du moindre petit murmure de sa part, sinon tu vas devenir comme Deshi.
- … Mais de quoi tu me parles ? Demanda la jeune fille encore arrêtée dans ses raisonnements.
- De ton estomac ! Lui sourit Takeshi.
- … Un estomac est un organe vital dénué de toute faculté de parole, lui fit-elle remarquer.
- Oui… enfin… euh, simple métaphore.

Yuko leva les yeux au ciel puis s’assit à table avec les autres. A chaque cuillère, une pensée revenait. Ca pouvait être une odeur, une voix une couleur, mais rien de très concret. La jeune fille avait l’impression que cet apaisement était dû à la présence de la petite Yumi, assise à côté d’elle. L’appétit lui venait petit à petit et le tout s’estompait pour enfin laisser place au tableau dominical, agréable, insouciant et joyeux.
Plus rien maintenant ne pouvait la séparer de cette nouvelle famille et elle s’y ferait petit à petit.

~*~

Le retour à l’école ne s’était pas si mal passé après tout. Personne n’avait fait allusion à l’absence prolongée de Yuko ni à son malaise. De toutes façons, personne ne voulait trop se frotter à elle, et chacun avait ses idées reçues, ce qui convenait parfaitement pour le maintien de la tranquillité de « la Gothique suicidaire ».
Satoshi et Kasumi se joignirent à elle pour le repas du midi et ils échangèrent quelques banalités sur les cours pour éviter de rentrer dans le passé de Yuko.

- Et les cours de latin se passent comment ? S’enquit Kasumi.
- Plutôt bien.
- La prof, il paraît que c’est une sadique ! Ajouta Satoshi.
- Tu juges sans connaître, lui répondit Yuko. Elle est sévère mais ne nous fait pas détester sa matière et nous raconte la mythologie au travers du latin.
- Pfouah, je préfère quand les histoires sont racontées en français, on gagne plus de temps pour les comprendre ! Rétorqua celui-ci.
- Le latin est la base de notre langue, commençait à s’insurger Yuko. Les mots français n’ont plus aucun secret quand tu te donnes la peine de l’étudier.
- C’est un discours de parents ce que tu me fais. En plus, moi j’ai le dictionnaire si je comprends pas un mot. Non, mais franchement, à quoi ça sert d’apprendre une langue « morte » ?
- A avoir une autre culture que celle des jeux vidéo, lui répondit-elle naturellement.

Kasumi sourit et put enfin parler à Yuko lorsqu’elle cloua le bec à Satoshi.

- Tu ne peux pas t’imaginer à quel point c’est reposant ! Dit-elle en posant sa main sur le bras de Yuko
- De quoi ? Demanda Satoshi sur un ton boudeur.
- Et bien… Pour une fois, je n’ai pas eu à déballer tous mes arguments. Yuko l’a fait à ma place, et ça prouve que je ne suis pas la seule à penser que…
- Bon, ça va, j’ai fini de manger, ciao.

Sur ce, Satoshi prit son plateau à moitié vide puis il quitta la cantine d’un pas énervé. Yuko semblait sourire faiblement à Kasumi en voyant la scène, puis elle et Kasumi purent terminer le repas sans aucune démonstration de force.

- Ahlala, tu ne connais pas encore Satoshi !

Et elles terminèrent leur repas à discuter du comportement du jeune homme, sans pour autant le dénigrer…

~*~

La fin des cours avait sonné et les deux compères proposèrent à Yuko de rentrer ensemble, mais la jeune fille leur répondit qu’elle préférait rentrer seule.
Les regards des autres élèves s’étaient croisés et Yuko était sûre que sa simple phrase génèrerait de nombreuses rumeurs. Mais elle s’en moquait, tant qu’ils ne s’attaquaient pas directement à elle, les ragots pouvaient toujours courir, son cercle proche savait à quoi s’en tenir.
Le chemin qu’elle prenait menait directement sur les hauteurs, de là où elle pouvait admirer la splendeur de la ville. Et la route bordée d’arbre inspirait le calme et la beauté : ce mois de mars était particulièrement doux et les bourgeons des fleurs de cerisiers recommençait à éclore sous les gouttes d’eau qu’avait laissée la rosée.

Le réveil avait été plus brutal. Quelqu’un avait cassé la paroi de verre dans laquelle elle était restée plongée depuis longtemps, endormie, attendant son éveil. Des souvenirs qui ne lui appartenaient pas lui générèrent une haine démesurée envers les monarques.

- Trouve... moi une source d’énergie...

Dark reconnut celle qu’elle voyait dans ses rêves. Sa mère, celle qui l’avait sauvée et qui allait mourir. C’est pourquoi, nue, elle porta Kaho et se dirigea vers l’escalier du laboratoire.

- Dark... Attention... attention à ce qu’ils ne te voient pas. Ils nous tueraient comme ils ont tenté de le faire.

La jeune fille concentra son regard sur la trappe, et elle aperçut en détail a pièce du dessus. Tout était très clair pour elle, comme si les murs étaient devenus transparents.
Puis, ne voyant aucun danger, elle ouvrit la trappe et sortit de la maison, s’enfonçant à travers la nuit noire et chaude.

- Ne t’en va pas trop loin. J’ai besoin de cette énergie tout de suite... Haletait Kaho. De plus ta renaissance ne s’est pas déroulée comme prévu et tu ne pourras pas résister longtemps en me portant de la sorte... Va... Va au plus près à un endroit où on ne se fera pas remarquer.

La maison la plus proche était assez reculée du reste de la ville, et bien assez grande pour accueillir Dark et Kaho un certain temps. Après avoir franchit la porte d’entrée, Dark, soutenant toujours sa mère, traversa une autre pièce dans laquelle se trouvaient un homme et une femme qui dormaient paisiblement.
Avant d’explorer plus en profondeur les ressources que pouvait offrir la maison, Dark déposa délicatement Kaho sur le lit, et bien que cette intrusion réveilla la jeune femme, celle-ci n’eut pas le temps d’avertir son mari car déjà Kaho se nourrissait de son énergie telle un vampire. Puis, n’étant pas assez repue, elle se tourna vers l’homme plongé dans ses rêves et le vida jusqu’à sa mort.
Dark avait ramené un petit garçon, qui paraissait endormi dans ses bras, mais ses mains crispées ne permettaient pas d’en juger ainsi. En examinant de plus près, l’on pouvait remarquer que Dark n’avait pas sa main posée sur la tête de Yukito, mais à l’intérieur…

- Non, ne lui fais pas de mal, on pourrait avoir besoin de lui pour notre future armée...Souriait maintenant Kaho, restaurée d’une bonne partie de son énergie. Dis maintenant bonjour à ton petit frère, Yukito !

- NOOOOON, ARRETEZ, LAISSEZ-MOI TRANQUILLE…

La voix stridente d’une fillette avait surprise Yuko et l’avait sortie de son délire. Ayant repéré l’endroit de l’appel au secours, elle prit l’initiative de se transformer, et la voix de la petite fille ne fit qu’empirer.

- Laissez-la tranquille !

Les jeunes hommes qui importunaient la fillette relevèrent la tête en entendant cette voix. Leur captive à terre, les mains derrière le dos maintenues par les deux brutes, cachait sa douleur et aucun son ne sortait de sa bouche, pourtant, Dark pouvait l’entendre hurler.

- Eh, les mecs, c’est carnaval aujourd’hui… Tu veux faire partie de la fête, chérie… ?

Dark se sentait défaillir et elle tituba un instant avant de reprendre ses esprits. Face à elle, les fauteurs de troubles s’esclaffaient :

- Regarde-moi cette agoraphobe ! Lançait l’un.
- Jamais vu une telle loque humaine, continua l’autre. Une morte vivante !

Puis ce fut un éclat rapide. Dark apparut derrière eux sans qu’ils aient eu le temps de s’apercevoir du déplacement.

- Ca vous plairait de faire un tour dans le monde des morts...?

Sans attendre de réponse, elle transperça leurs têtes de ses deux mains : leurs yeux exorbités et leurs corps saisis de compulsions renvoyèrent l’image même de la douleur. Lorsque Dark retira ses mains, le sang ne coula pas. Elle avait brouillé à jamais l’esprit des deux jeunes hommes, et ils retombèrent, hagards et gémissants, bavant de folie.
Dark eut un mouvement de recul. Elle regarda ses mains qui ne portaient pas de souillure et les porta à son visage.

- Je… je ne suis pas humaine…
- Ils… ils sont… Tremblait la petite fille qui osa s’approcher.
- Non, ne les approche pas, et ne t’approche pas de moi. Va-t-en, VA-T-EN !

La Soldier des ténèbres ne se fit pas répéter car la fillette s’était sauvée aussi vite que ses jambes pouvaient la transporter, et elle ne se retourna pas une fois.
Puis Dark se détransforma et se sentait impuissante. Elle restait à côté de ses deux victimes jusqu’à ce que la pluie froide et pénétrante la rappelle à l’ordre. Elle prit son portable et composa le numéro des urgences en leur précisant que sur le chemin des cerisiers se trouvaient deux jeunes hommes inconscients.
Yuko n’attendit pas l’ambulance. Elle rejoignit directement la pension où elle était sûre de trouver un certain réconfort.

 

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