Fanfiction - Hors série
« Contes de Sélénia »

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11- Méprises

Elissa, jeune fée de la nature, était de corvée d’eau ce jour-ci, cependant elle s’était vue accompagnée d’Hagane, inquiète de ne pas avoir vu rentrer sa sœur la veille.
Ses amies l’avaient rassurée sur l’orage qui avait dû la surprendre et l’avait obligée à s’abriter une bonne partie de la nuit, mais le lendemain, malgré le ciel dégagé, Hasaki n’était toujours pas revenue, et Hagane s’était décidée de partir avec Elissa l’après-midi pour tenter de retrouver sa jeune sœur.

Hasaki respirait toujours, de plus en plus faiblement. Elle avait passé une bonne partie de la journée à délirer, affrontant la chaleur qui brûlait ses membres et le froid qui enserrait son cœur.
Sa bouche était sèche, très sèche. Elle s’était mordue la langue à plusieurs reprises mais la soif ne l’avait pas quittée. Alors elle s’était traînée au bord du fleuve qui avait cru par la pluie abondante et qui s’était déversée dans la forêt. C’est alors qu’elle entendit un bruit de pas, suivi du tintement caractéristique du chargement de jarres… Enfin… Pensa Hasaki avant de perdre connaissance.

Hagane balaya du regard la plaine, défigurée par la montée des eaux. Le fleuve avait débordé de son lit, si bien que le sol spongieux gardait les traces des récents visiteurs.

- HAGANE, LÀ !

Elissa s’était écriée en pointant du doigt le pied de la cascade. Hagane suivit la direction et perçut une jeune femme nue aux cheveux argentés, baignant dans un sang dilué par l’eau.

- Par tous les démons de Sasori, HASAKI !!

Hagane accourut auprès de sa sœur et se jeta près de son corps. En la relevant délicatement, elle sentit son faible pouls et découvrit la blessure béante, recouverte de boue et de sang séché qui barrait son ventre.

- ELISSA ! VA CHERCHER DES SECOURS AU CAMPEMENT. FAIS VITE, JE T’EN PRIE !

Et Elissa d’abandonner son chargement et de courir à toute vitesse pour chercher de l’aide auprès de son clan.
La robe d’Hagane étanchait le sang qui coulait de la plaie… Troublée, elle pressa sa main libre pour en cesser le flot sombre et tachant, ce qui provoqua une douleur lancinante pour Hasaki qui s’éveilla en sueur et se mit à tressaillir de tous ses membres.

- Ha… Hagane…
- Shhh, ne t’en fais, tout va bien se passer, Elissa est partie chercher du secours. Calme-toi.
- N… Non, je n’ai plus beaucoup de temps… C’est Kinzoku… Kinzoku a… pris l’épée…
- Ton épée ? S’inquiéta Hagane.
- Je ne voulais pas la lui donner… Alors il a souillé ma dignité… Il m’a… torturée et…
- Hasaki…

Hagane plissait les yeux pour éviter que les larmes ne coulent. Elle serrait fort sa sœur contre elle en la berçant, espérant lui fournir la chaleur qui ne cessait de quitter son corps.
Mais Hasaki n’eut pas le courage d’attendre les secours et elle périt dans les bras de sa grande sœur Hagane, dernière représentante des fées de l’acier qui nourrissait désormais une haine inextinguible envers le jeune dieu.

~*~

- … Vingt quatre, vingt six et quatre qui font trente onces d’or…
- C’est peu.
- Je sais, Hien… Malheureusement, on ne pourra pas faire mieux ici.

Chonchi, une jeune femme aux cheveux blonds dorés et Hien la rousse, à peine plus âgée, étaient dans leur caravane à compter le solde de leur journée.
Cela faisait maintenant un mois qu’elles étaient au village Mouken, entre le pays d’Hebi et le royaume Ookami et leur spectacle au déhanché de charme, de prestidigitation et d’acrobaties n’attirait plus foule.
Une troisième jeune femme châtain, à la chevelure épaisse et bouclée fit son apparition dans la caravane.

- Des nouvelles ? S’enquit la dénommée Chonchi.
- Hélas non. Anshin ne s’est pas manifestée et ce n’est pas dans ses habitudes de rater quatre fois de suite nos rendez-vous.
- Il a dû se passer quelque chose, s’inquiéta Hien.
- J’ai cru comprendre que ça s’agitait à Ookami. Elle se sera faite discrète, pondéra Hana. Quelle est la recette du jour ?
- Trente onces d’or, tout rond, répondit Chonchi.
- Trente onces d’or légales ? Qu’en est-il du larcin ?
- Je ne peux plus me permettre de voler les badauds, lui répondit Hien. Ceux-ci s’en rendraient compte et n’iraient plus au spectacle… ou nous jetteraient au fer. Non, nous devons nous faire discrète et nous intégrer aux villageois si nous devons rester plus longtemps ici.

Les trois jeunes femmes gardèrent le silence, soucieuses. Elles avaient toujours été guidées par Anshin, leur indiquant l’itinéraire à suivre et l’emplacement des clans où les fées recueillies pourraient se réfugier. Mais Anshin ne se montrait plus, et comme elles se l’étaient convenus au début de leur mission, si jamais la fée de l’esprit manquait deux rendez-vous d’affilé, la fée de l’air Chonchi, la fée du feu Hien et la fée des plantes Hana devaient suivre leur chemin et abandonner leur quête.

- Il est temps de prendre une décision, reprit Chonchi, rompant le silence. Nous devons arrêter notre activité et partir chacune pour construire notre avenir. De mon côté, je pense qu’il est temps que j’assume mes responsabilités… en mes terres. J’ai trop longtemps délaissé Washi, mon pays, et je sais que je peux être utile à la population. Hien, Hana ?
- Si cela ne t’incommode pas, j’aimerai te suivre. Cela fait longtemps que je n’ai plus de terre de cœur, et je ne supporte pas l’inactivité.
- Bien sûr, j’en serai ravie !
- Je reste, intervint Hana d’un air résolu.

Un sourire malicieux se peignit sur le visage d’Hien qui décroisa les bras et se décolla de la surface où elle s’était adossée :

- Ne serait-ce pas pour les yeux d’un beau comte ?
- Eh bi… bien entre autres, mais au cas où Anshin réapparaîtrait, je souhaiterai être présente et lui indiquer votre direction.
- Et le comte ? La pressa Hien, avide d’en savoir plus.
- Nous nous fréquentons depuis deux jours, répondit Hana, le rouge lui montant aux joues.
- Cachotière !! S’exclamèrent en même temps Chonchi et Hien.
- Oui, mais ça reste prématuré… Si ça se trouve, demain tout sera terminé.
- Pourquoi te préoccuper du lendemain ? Répliqua Hien. Vis au jour le jour !
- Je te souhaite tout le bonheur que tu mérites, Hana.
- Et je vous souhaite que vous réussissiez votre entreprise, mes amies. Vous allez me manquer.

Les trois jeunes femmes se serrèrent dans les bras. Le lendemain, elles suivraient leur chemin sans regarder en arrière.

~*~

Le voyage avait duré en tout trois semaines.
Il avait fallu moins d’une semaine à Oniwa pour traverser ses montagnes, et trois jours où ils ne s’étaient que très peu reposés pour parcourir la vallée d’Ookami. Le peu de la jungle d’Hebi qu’ils avaient traversés leur avait pris quatre jours, sans cesse ralentis par la végétation luxuriante empêchant les chevaux d’avancer convenablement, et cachant de nombreux pièges, ornières ou nids de poule.
Enfin, il leur fallut une semaine pour traverser le bras de mer qui les séparait de l’île Shachi et accéder au château de Koori.

Malheureusement, lorsqu’ils arrivèrent à destination, ils apprirent par les villageois que le seigneur Koori n’était plus. Il avait été détrôné par un homme au pouvoir semblable appelé Irok et celui-ci gouvernait sur l’île aux côtés d’une ancienne fée, s’opposant discrètement mais avec véhémence au gouvernement actuel.

Oniwa et sa garde furent reçus en audience devant la fée prénommée Matai et le message qu’il portait au nom de Tenshiro fut accueilli avec bienveillance.
A mesure qu’Oniwa requérait l’aide d’Irok et de Matai, il sentait qu’un étau se desserrait et que l’entrave qu’il percevait depuis le début de son voyage se dissipait.

- Nous tenterons tout ce qui est en notre pouvoir pour rallier ceux qui fomentent une attaque contre Kurao, conclut Irok.
- La discrétion est de mise, rappela Deriba, étonnée elle-même par son investissement dans cette mission.
- Bien entendu, nous agissons de même, répondit Matai. Nous serons les relais dans un premier temps et nous tenterons de chercher alliance auprès des contrées voisines. Rentrez chez vous et préparez vos troupes. Nous vous enverrons un messager dans le mois pour vous communiquer notre avancée.

Ce qui semblait être une mission qui relevait de l’impossible pour Tenshiro se révéla être de la plus grande simplicité.
Oniwa inclina légèrement la tête pour remercier ses hôtes et donna l’ordre à ses troupes de se relever. Il était l’heure de rentrer au pays.

Matai regarda le puissant roi Oniwa se retirer du fort d’un pas assuré. Elle se retourna auprès d’Irok pour satisfaire sa curiosité.

- Ne t’a-t-il pas reconnu ?
- Non. J’ai toujours porté un masque lorsque je côtoyais les autres gardiens. Ma voix était altérée et mon visage restait caché.
- Cela pourra faciliter certains échanges, mais pour d’autres, tu devras revêtir ton autre visage, Irok.
- Auprès de Raijin… Répondit Koori en portant la main sur son menton, plus pour lui-même.
- J’aimerai… Il faut que je retrouve les réseaux de fées. Leur soutien nous sera plus que vital.
- As-tu un point d’accroche ?
- A la forêt Sasori, je sais qu’il y a un réseau dirigé par une fée de l’esprit…
- Bien… Tu partirais quand ?
- Dès que possible, il ne faut pas perdre une minute car chaque jour des fées disparaissent sous les coups de l’armée de Kurao.
- Es-tu sûre de…

Irok se reprit. Ne pas laisser l’hésitation ou l’inquiétude prendre le dessus, c’était ce qu’ils s’étaient promis. Leur rapport ? Strictement professionnel : ils devaient se jeter corps et âme dans la direction de l’île et subvenir aux besoins de tous. Pas de regards complices, pas de sous-entendus… Le prix de leur salut était lourd.

- Tout ira bien pour moi. Je te remercie pour ta dévotion et tout le courage dont tu as su faire preuve, Koori.

Le jeune homme ne put réprimer la surprise qui s’imprima dans ses yeux. Matai le salua d’un signe de tête, avec toute la grâce et la gratitude qu’il pouvait émaner d’une reine avant de s’éloigner dans ses appartements pour préparer son départ.
Koori… Elle l’avait appelé Koori et le reconnaissait en tant qu’ancien gardien. Un simple prénom définissait subtilement le pardon qu’il cherchait à obtenir de Matai.
Alors pour la première fois depuis longtemps, un léger sourire vint se dessiner sur ses lèvres et illuminer son regard.

~*~

Chonchi et Hien étaient parties tôt la veille et avaient gravi une partie des monts. Le village du Mouken rapetissaient dans un paysage bucolique jusqu’à se confondre avec les rochers alentours.
Les deux jeunes femmes n’avaient pu s’empêcher de jeter un dernier regard, une dernière prière pour leur amie. Leur pensée était commune : rien n’était immuable, elles le savaient, et un jour, elles reviendraient voir Hana.

Elles avaient économisé leur parole pour ne pas s’épuiser inutilement et une fois arrivées en haut du mont délimitant la frontière avec la jungle d’Hebi, elles se reposèrent.

- Ta motivation reste-t-elle la même ? Demanda Chonchi à son amie. Il est toujours temps de suivre les routes qui nous sont propres.
- Je ne souhaite plus revenir en mon pays, lui confia Hien. Alors oui, je te suivrai sans faiblir.
- Que s’est-il passé pour que tu ne souhaites pas revenir en ton pays ?
- Je… j’ai fait des choses peu reluisantes…
- Mon passé n’est pas exempt de toute erreur non plus, la rassura Chonchi en voyant sa mine grave.
- Ce n’est pas pareil… Je… je n’en ai jamais parlé à cause des représailles, et de ce que je peux perdre.
- J’entends… Cependant, je me dois de t’avertir dans quoi tu t’engages en venant avec moi, en te contant mon passé. Ne te méprends pas, je ne t’oblige pas à en faire de même

Hien acquiesça et étendit les jambes pour soulager ses muscles contrits. Elle regarda avec intérêt Chonchi.
Hana, Chonchi et Hien n’avaient jamais abordé leur passé. Elles vivaient au jour le jour et n’évoquaient pas la nostalgie de leurs anciennes contrées, comme si un accord silencieux avait été établi entre elles afin de respecter leurs souvenirs inévitablement douloureux.

- J’étais… dans les hautes instances du pays de Washi, chargée de la protection des habitants dans un sens. Au renversement du gouvernement mis en place, je n’ai pas eu le courage de protester pour m’opposer à la prise brutale du pouvoir. Beaucoup de mes amis ont étés tués et portés sur la place publique… alors j’ai fui, en me promettant que le jour où je serai assez forte, je pourrai revenir. Je pense maintenant qu’il est temps.
- Mais n’es-tu pas inquiète de l’accueil que l’on va te réserver ?
- Je le mériterai… Mais je souhaite regagner leur confiance, je souhaite débouter ce roi hors de Washi !

Hien acquiesça face à la détermination de Chonchi. Elle sentit que l’heure était aux confidences, alors elle prit sur elle pour donner un aspect de sa personnalité qu’elle avait toujours cherché à oublier.

- Mon passé est encore moins reluisant…
- Tu n’es pas obligée de m’en faire part.
- Si. Je veux que tu saches avec qui tu voyages, sourit faiblement Hien.

Chonchi hocha la tête et vit de ses yeux or son amie au tempérament de feu, habituellement enjouée, coquine et habile pour défaire les bourses des badauds prendre un air coupable, presque honteux.

- Je… Comme tu as dû le constater, je n’ai jamais porté la morale comme étant ma principale qualité. Autrefois, lorsque je vivais avec les fées, l’on m’attribuait enfant le nom d’espiègle et de chipie, mais mon habitude à toujours vouloir être au dessus des règles me fit passer pour la rebelle et les fées du feu évitaient ma présence et chuchotaient malveillamment derrière moi. Pourtant je n’ai jamais eu mauvais fond ! S’indignait Hien avant de reprendre plus calmement. A l’écroulement des frontières magiques, j’ai saisi ma chance et ai pris l’opportunité de fuir loin des cancanières en voulant leur rendre au quintuple ce qu’elles m’avaient fait endurer en ternissant ma réputation… Et c’est ainsi… c’est ainsi que je connus Toraku.

Chonchi ne put s’empêcher de réfréner sa surprise à l’énonciation de l’ancien gardien du feu. Elle avait vaguement entendu l’histoire d’une fée qui s’était alliée à lui pour… Non, c’est impossible.
Hien déglutit, mais décidée de tout avouer, elle continua son discours.

- J’ai côtoyé Toraku pendant deux des cinq années qu’ont duré la guerre des territoires. J’étais sa main droite, son plus fidèle soldat, une fée au service des demi-dieux. En vérité, j’en étais tombée éperdument amoureuse et à chacun des actes barbares envers les fées, je me confortais en me disant qu’elles l’avaient mérité, car tôt au tard, tous les méfaits que tu commets se retournent contre toi !
- Tu as tué les fées de ton peuple ?
- Oui, répondit Hien, catégorique, des larmes de colère apparaissant sur son visage. Celles que je reconnaissais en tant que mes plus grandes détractrices. Mais cette fois elles avaient une véritable raison de me haïr. Et malgré mes efforts, je restais invisible aux yeux de Toraku. Je n’étais qu’un soldat parmi tant d’autres. A chaque village assiégé, il prenait une femme pour compagne, et j’en crevais de jalousie mais je ne pouvais m’empêcher de le suivre.
- Qu’est-ce qui t’a décidé…
- Décidé à tout arrêter ? Pour être honnête, je dirai le manque d’égard de Toraku à mon encontre. Quoique je fisse, il ne me regardait pas, à peine s’il me voyait autrement qu’un soldat. Et ma véritable prise de conscience fut lors de la prise d’un village… Non loin d’ici. Toraku était tellement excédé de n’avoir trouvé aucune fée en ces lieux qu’il décida de se venger sur la population. Il a alors enfermé tous les habitants dans leur village et a mis feu à la cité. Je trouvais cela ignoble et je ne pouvais le supporter. Ces braves gens n’avaient rien fait, je n’avais aucune raison de leur en vouloir, ils ne méritaient pas ce châtiment inique. C’est ainsi que les exactions de Toraku m’apparurent sous un jour nouveau. La haine pouvait mener vers un chemin destructeur, vers l’aliénation de l’esprit.
- Tu as fui ?
- Non. Ce que j’ai fait a contribué à ma guérison : je me suis dressée contre Toraku. Je l’ai d’abord supplié de ne pas tuer les villageois, mais il ne m’écoutait pas et m’ordonnait de rester à ma place de subordonnée. Alors je me suis précipitée aux portes et je les ai fait exploser. Un flot de personne s’est déversé au dehors et la panique s’est propagée au sein de la troupe de Toraku : des torches humaines sortaient du village et effrayaient les chevaux. Alors, pour ne pas avoir à retourner près de lui, j’ai quitté mon armure que j’ai laissé en évidence sur un corps calciné et ai revêtu un drap qui semblait encore en état dans une chaumière encore épargnée par les flammes et j’ai pris la fuite avec les habitants. Je pense qu’il a dû me chercher pour me punir après et qu’il a vu que j’avais péri par les flammes.
- C’était courageux de ta part…
- Ha ! Ne me parle pas de courage alors que j’ai contribué à l’extermination de l’ancien peuple…
- Le plus important c’est que tu t’en sois rendue compte ! Que tu aies fais marche arrière et que la haine ne t’ait pas emportée. Il faut du courage pour se remettre en question et encore plus pour l’accepter.
- Ne me considères-tu pas comme une traîtresse ?
- Je te connais, je sais à quel point tu es dévouée pour retrouver et assurer la sécurité des fées. Tu as suffisamment porté ta repentance sur tes épaules.
- Je ne me sentirai pas repentie tant que Toraku sera toujours de ce monde, grinça Hien.
- Dans ce cas, faisons un pacte…
- Un pacte ?
- Oui… Retrouvons-nous en ces lieux, le jour suivant la sixième pleine lune avec la couronne de ces faux monarques entre les mains… symbole de leur défaite.

La jeune femme aux longs cheveux blonds se releva et tendit la main à son amie.
Hien encore intriguée par les paroles de Chonchi, prit sa main avec hésitation et la serra. Chonchi l’aida ensuite à se redresser mais ne l’avait pas lâchée lorsqu’elle s’était avancée sur le bord de la falaise.

- Es-tu prête ?
- Prête à quoi… ?
- A l’aventure ! S’exclama Chonchi avant de courir au bord du précipice et s’y projeter.

L’exclamation de surprise s’étouffa dans la gorge d’Hien qui demeura muette d’une stupéfaction mêlée de panique.
Chonchi avait maintenu fermement la main d’Hien et son amie ne l’avait pas ralentie lorsqu’elle s’était élancée. Les deux fées volaient, aidées du vent qui les soulevait et traçait leur chemin.

- Mais… mais le pouvoir des fées est retourné aux entrailles de Sélénia ! Comment se fait-il que tu puisses voler ? Réussit à demander Hien.
- Je ne vole pas. Le vent nous porte, répondit une Chonchi exaltée par la douce brise qui balayait son visage. Nous irons ainsi plus vite vers notre nouvel avenir !

~*~

Il était face à elle, et malgré les nombreuses coudées qui les séparaient, il distinguait chaque détail de son visage. Il n’avait pas cherché à fuir ce regard lunaire, encore moins à éviter sa provocation en duel.
L’endroit était symbolique, pour l’un comme pour l’autre : le plateau ensoleillé était autrefois le lieu où Hagane venait se ressourcer, où elle se téléportait pour voir Kinzoku… c’était ce lieu dont elle avait promis qu’il serait leur havre de paix.
La vue était admirable, la nature recouvrant petit à petit l’ancienne magnificence des fées de l’acier.

- Les schèmes sont inversés… Voilà maintenant que tu es celle qui me poursuit.
- Pas pour les mêmes raisons, lança Hagane froidement.

Kinzoku serra avec force le pommeau de son épée. Il avait du mal à cerner l’origine de la profonde haine de la jeune femme mais il savait que tous les éléments étaient contre lui. Il fit un pas en avant et s’était décidé à lui parler :

- Je n’ai pas voulu ce qui est arrivé, Hasaki a…
- JE TE DÉFENDS DE PRONONCER SON NOM ! NE L’AS-TU PAS ASSEZ SALIE COMME ÇA ?!
- Elle voulait me suivre… Tu étais morte… Elle m’avait dit que…
- Et ça ne t’a pas suffit ? Tu as souhaité la détruire elle aussi ?!
- Je n’ai jamais souhaité ça ! Se défendit Kinzoku. Mon seul souhait était la paix… Vivre en paix avec toi sur ce plateau…
- Vivre en paix avec moi après avoir tué l’être auquel je tenais le plus au monde ? Hasaki a péri dans mes bras en me racontant tous tes méfaits… la manière dont tu as bafoué son corps et que tu as pris sa vie…
- Non ! Non, je n’ai pas abusé d’Hasaki, je n’aurai pas pu ! C’est elle qui…
- MENTEUR !
- Hagane, écoute-moi je te prie !
- J’aurai souhaité ne jamais te rencontrer.

Hagane se mit en garde. Il savait qu’il ne pourrait pas la dissuader et qu’elle était persuadée de sa culpabilité. Alors, le visage grave et le cœur lourd, Kinzoku répondit à l’appel de la jeune femme.
Hagane engagea le combat avec rage. Ses coups étaient d’une précision mortelle. Elle avait la possibilité de le vaincre et n’en démordait pas.
Malgré la difficulté du combat, Kinzoku feignait les attaques. Il déviait les coups d’Hagane et misait sur la défense, afin de l’épuiser à la tâche, mais c’était sans compter sur sa hargne qui n’avait d’égale que sa haine.
Les chocs métalliques se répercutaient au-delà du plateau qui surmontait autrefois le royaume d’Aciron, et la mer, pourtant déchaînée, n’arrivait pas à couvrir les complaintes féroces et ininterrompues des lames.
Après un coup sauté particulièrement complexe, Hagane se réceptionna mal et tomba à genoux. Kinzoku porta un coup puissant près du pommeau d’Hagane, dont l’arme vint se ficher au milieu des scories quelques mètres plus loin.

- Hagane, je n’ai jamais cherché à te blesser de quelque manière que ce soit.

Hagane ne l’écouta pas et se précipita près de son épée. Elle l’y délogea facilement et courut à corps perdu sur Kinzoku.
Le jeune homme avait anticipé la manœuvre. Il savait où elle allait frapper. Le coup était puissant mais facile à parer. Alors il arma pour repousser encore une fois la lame meurtrière mais au dernier moment, il écarta les bras et laissa tomber l’épée devenue sienne.

L’épée, ne rencontrant aucune résistance, s’enfonça avec aisance dans le cœur du gardien. Alors Hagane vit. Elle vit non pas le secret de l’épée, mais dans le cœur de Kinzoku. Ses sentiments et sa mémoire… Ce qu’il s’était réellement passé.

Kinzoku tomba lourdement au sol, le souffle coupé, il se sentait partir. Hagane s’agenouilla et lui releva le visage, la culpabilité et le doute prenant possession de son être :

- Pourquoi… ?
- J’ai enfin trouvé l’épée qui m’a choisi, réussit-il à dire en souriant une grimace de douleur.
- Balivernes…
- Pour que… tu sois convaincue que ma seule volonté depuis tout ce temps était d’être avec toi…
- Pardon… pardon de ne pas t’avoir cru…

Mais déjà Kinzoku ne l’entendait plus. Les yeux clos, il demeurait immobile, les traits apaisés.
Hagane sentit les larmes lui venir. Elle caressa une dernière fois ce visage paisible qu’elle avait autrefois aimé et vint se placer derrière lui, où elle put admirer les ruines d’Aciron, l’ancien royaume détruit par les actes barbares des demi-dieux et les pillages des hommes.

- Regarde… Nous sommes à la maison… et je te promets que nous y resterons ensemble éternellement.

Après avoir murmuré ces derniers mots, Hagane posa la main sur le manche de son épée et, d’un coup sec, l’enfonça encore plus dans le corps de Kinzoku afin que la souffrance de son cœur se taise à jamais. Et c’est dans un sourire qu’elle ferma les yeux et laissa la Mort, qui l’avait guetté dès le premier jour, l’envelopper de ses bras.
Hagane et Kinzoku reposèrent enfin en paix dans la demeure de leurs espérances.

~*~

Après plus d’une semaine de marche, les contours du duché de Kinzoku apparaissaient aux voyageurs. Tenshiro et Himeguma pressèrent l’allure afin d’arriver en début d’après-midi, heure convenable pour les demandes d’audience.

La veille, pendant le chemin, Tenshiro eut un malaise des plus alarmants. Il perdit conscience et malgré les efforts d’Himeguma pour le réveiller avec de l’eau fraîche et des elaegnus odorants qu’elle avait fait macérer, les couleurs ne lui revenaient pas.
Himeguma avait alors enveloppé son corps dans un manteau de fourrure et l’avait frictionné devant le feu une bonne partie de la nuit.
Le lendemain, il était debout avant la jeune femme mais n’avait pas décroché un mot de la matinée.

Arrivés devant les grilles, ils surprirent le personnel alanguis dans la paille à l’ombre des pierres et d’autres les bousculant avec une agitation extrême.
Tenshiro et Himeguma croisèrent un regard entendu et aussitôt le jeune homme héla un page :

- Veuillez nous excuser, mais nous souhaitons obtenir audience auprès de Kinzoku. Pourriez-vous lui annoncer notre venue ?

Le page en question accourut haletant auprès des visiteurs. L’air embarrassé il dit :

- Hélas, gentilshommes, notre seigneur n’est pas revenu de son duel.
- Son duel ? Qui l’a provoqué en duel ?
- Nous ne le savons guère. Nous connaissons vaguement l’endroit, un plateau non loin des ruines d’Aciron.

Tenshiro fut pris d’un doute angoissant. Il remercia le page d’un bref signe de tête et s’éloigna du château d’un pas rapide. Himeguma, n’ayant pas saisi l’inquiétude de l’ancien gardien, avança prudemment vers lui.

- Il faut faire vite. Je crains grandement ce qu’il a pu survenir.
- Que se passe-t-il ?
- Je… Crois-moi pour l’instant, il vaut mieux que tu en saches le moins possible. Jusqu’à ce que nous trouvions Kinzoku, reste éloignée de moi.

Himeguma accusa le coup de la dernière remarque de Tenshiro. Il lui semblait que celui-ci lui accordait de moins en moins sa confiance depuis qu’elle lui avait avoué la portée de son don, et Tenshiro était résolu à laisser une bonne distance entre eux. A plusieurs reprises, la jeune femme, se sentant humiliée, voulut tout abandonner, mais il avait sous-entendu qu’une fois Kinzoku trouvé, il lui expliquerait…

~*~

La traversée retour de la jungle d’Hebi ne s’était pas passée sans encombre. Ce fut d’abord une salve de traits empoisonnés qui plut sur la maigre troupe d’Oniwa, blessant mortellement deux de ses hommes.
Oniwa eut à peine le temps de sonner la retraite qu’un deuxième lancer atteignit les chevaux qui se dispersèrent, paniqués.

- À L’ABRI, TOUS !!

L’un de ses soldats tenta de ramener son compagnon agonisant dans le sang qui perlait de sa gorge percée, mais Oniwa l’attrapa par la tunique et le plaqua contre un arbre.

- C’est terminé pour lui, on ne peut plus rien faire.

Il chercha du regard l’arbre derrière lequel Deriba s’était protégée mais il ne vit pas la jeune femme. Il risqua alors une sortie pour avoir un autre angle de vue mais il fut aussitôt arrêté par un visage familier.

- Tenterait-on de nous voler en passant sur nos terres une deuxième fois ? Lança une voix sournoise.
- Dokusou ! S’exclama Oniwa.
- En personne ! Alors, mon frère… comment comptes-tu réparer cette incurie ?

Le jeune homme au visage aussi insolent que l’éclat de ses yeux verts inspirait la malice haussa un sourcil d’impatience.

- Je n’ai pas d’argent. Je ne suis pas en déplacement officiel…
- Cela voudrait-il dire que tu caches de vilaines choses à notre impératrice ?
- Que cherches-tu ? Grogna Oniwa, agacé par la tournure de la conversation.
- A ce que tu me payes le droit de passage… Autrement…

Dokusou mêla le geste à la parole et ses hommes bariolés de couleurs et vêtus de fines peaux animales avançaient, leurs arcs bandés sur la troupe.
Dokusou avançait fièrement et contournait l’armée restreinte d’Oniwa avec provocation. Ses gants étouffaient les applaudissements qu’il réservait pour sa prise.

- Je pense que vous ferez d’excellents prisonniers de guerre… Et l’estime de Kurao à mon égard n’en sera que plus grande !

Alors qu’il s’en retournait à ses hommes, Dokusou fut happé et tiré vers l’arrière, son sourire narquois laissant place à une véritable stupeur.
Un couteau à la pointe aiguisée se profilait sous sa gorge et la poigne était tellement ferme qu’il ne pouvait s’en défaire.

- Un pas, un doigt qui bouge et je l’égorge comme un porc ! Lança une voix féminine.
- Faites… faites ce qu’elle dit… Articulait difficilement Dokusou.
- RECULEZ !

Les combattants gardaient leurs arcs et firent un pas en arrière comme un seul homme. Deriba maintenait toujours leur chef et enjoignit à ses compagnons de chevauchée de regrouper les montures et de les atteler.

Oniwa vint se placer aux côtés de la jeune femme et l’aida à entraver Dokusou qui plissait les yeux d’une rage contenue.
Ils reculèrent sur de nombreux mètres, de sorte à être en dehors de la portée des archers, puis Oniwa grimpa sur sa monture, suivi par Deriba qui avait attaché Dokusou à son cheval avant de monter la bête et de galoper en fermant la marche.

Par chance, le chemin était praticable pour les chevaux et les archers semblaient avoir renoncé à les suivre.

- Deriba, il nous faut maintenant nous débarrasser de Dokusou. Ses troupes sont des fins connaisseurs du terrain, et ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne nous encerclent à nouveau.
- Là ! Pointa du doigt Arek, un soldat d’Oniwa. Ce sont les monts qui délimitent la frontière d’Ookami.
- Nous longerons la plaine en contrebas afin de ne pas offrir de prises à nos détracteurs qui se cachent dans les arbres. Les rochers nous offriront la meilleure des protections, les prévint Oniwa qui força sa monture à prendre un chemin escarpé.
- Mais… Nous serons sur les frontières de Kurao.
- Ses ombres démoniaques seront plus faciles à repérer et à combattre que les singes d’Hebi ! Nous longerons la frontière par l’ouest pour rejoindre Sasori.

Oniwa se posta devant un rocher pour laisser le passage à ses hommes tout en recouvrant ses poings d’une lanière de cuir. Après que le cheval de Deriba fut passé, il arrêta la jeune femme et fit descendre Dokusou.

- Toi… Tu t’arrêtes là.

Il décocha un sublime coup de poing dans la mâchoire de l’ancien gardien des fées de la nature qui l’assomma sur le champ. La violence du coup le fit basculer en arrière et il dévala les mille toises qui l’emportèrent au milieu d’un vallon où il demeura inerte.

- Ca ralentira les archers pendant un moment, affirma Oniwa. Et ça pourrait même attirer les sbires de Kurao. Merci Deriba. Sans toi…
- Je n’ai fait que mon travail de soldat, le coupa-t-elle.
- Mais… Tu as pris des risques inconsidérés, tu as eu de la chance de ne pas avoir été empoisonnée par Dokusou, la sermonna-t-il.
- J’avais entendu parler du pouvoir de sa peau. J’ai trouvé qu’il était assez simple d’éviter de la toucher en se concentrant sur ses vêtements.
- Cesse de jouer avec ta vie avec autant de légèreté !
- Mais, c’était nécessaire pour le groupe, n’est-ce pas… ? Au final, il y a toujours quelque chose qui vaut plus que ma vie… Même si je cherche à fuir cet état d’esprit, rien ne changera jamais, à part mon âge…
- Deriba… Je ne te considère pas comme un soldat. La seule chose que tu pourras considérer comme plus important que ta vie sera celle de tes enfants. Pas une troupe de soldats !
- Et c’est un roi auquel je dois allégeance qui me dit ça ? Rétorqua Deriba.
- C’est parce que je considère parler à une reine d’un pays encore inconnu.

Oniwa coiffa Deriba de son casque, trop grand pour la jeune femme et s’en fut remonter son cheval pour reprendre la route.
La guerrière resta perplexe. Le puissant roi dont elle s’était toujours méfiée avait une attitude protectrice malgré son attitude délibérément séditieuse. Certes, elle venait de sauver la vie de la troupe, mais elle avait également sauvé la sienne… Mais ma vie n’était pas en danger puisque je m’étais mise à couvert dès le début… Alors elle se l’avoua. Oui, elle admirait Oniwa et avait craint pour son existence.

~*~

La plaine était balayée par un vent doux et frais venant du nord, faisant plier les herbes hautes et chargeant l’air des odeurs des fruits murs. Au milieu de cette brise, un couple semblait contempler l’horizon, imperturbable.

Tenshiro pressait le pas, gardant toujours une bonne distance entre lui et Himeguma. Lorsqu’il arriva à leur hauteur, ce qu’il avait craint se confirma. Kinzoku ne vivait plus.
Il fit signe à Himeguma de s’arrêter et de ne plus bouger puis il se concentra sur le couple qui lui faisait face.
L’épée qui transperçait leur cœur était l’œuvre des fées, un objet magique qui avait une mémoire propre. Quant à lui, âme démiurge, il ne pouvait réaliser l’impossible sans risquer sa vie qu’avec l’aide puissante du destin… et celui-ci venait de s’annoncer.

Il se plaça face à Kinzoku et plaça la main sur son cœur. L’action qu’il allait entreprendre ne ramènerait malheureusement pas la jeune femme à la vie… A moins que…

- Himeguma… Approche ! L’appela-t-il, presque sèchement.

La jeune femme lui obéit, méfiante et réservée. Lorsqu’elle arriva à son niveau, elle comprit qu’il y avait urgence.

- Il faut que tu places ta main sur le cœur de la demoiselle, et de ta main libre, tu tiendras la mienne. En aucun cas tu ne dois la lâcher !

Himeguma acquiesça et ne dit mot. Elle se concentra sur la femme et plaça sa main en dessous de la plaie formée par l’épée. Alors Tenshiro retira l’arme magique et se concentra. Une lueur bienfaisante émana de lui et se propagea jusqu’à Himeguma qui ressentit l’incroyable énergie régénératrice de Tenshiro.
Elle sentit alors le cœur de la jeune femme battre à nouveau. Lentement au début puis de plus en plus vite jusqu’à atteindre un rythme régulier. Mais au moment où sa main quitta presque d’elle-même la poitrine de la ressuscitée, elle sentit une décharge désagréable la parcourir, s’insinuant violement dans son esprit.

Tenshiro interrompit aussitôt le lien qu’il avait créé entre Himeguma et lui et perdit conscience pendant un court instant…

~*~

Un frisson parcourut l’échine de l’impératrice, lui forçant à fermer les yeux. Des images ne lui appartenant pas vinrent envahir son esprit, des sentiments qui n’étaient pas les siens.
Son inconscience avait duré moins d’une minute mais elle en avait tiré l’essentiel…

- Alors comme ça tu es encore en vie… Décidé à me trahir…

Elle tourna la tête vers une enfant alitée, presque sans vie.

- Mais au moins tu me permettras d’accéder à mon rêve.

~*~

Trop tard…
Tenshiro s’éveilla en sursaut aux côtés d’une Himeguma inquiète et de deux personnes hagardes et haletantes comme s’ils venaient de sortir de l’eau après y être restés de nombreuses minutes.

- Mais… Que s’est-il passé ?! S’exclama la jeune femme aux cheveux d’argent en portant la main à son cœur encore douloureux.
- Je vous ai ramenés à la vie, lui répondit gravement Tenshiro, comme s’il regrettait son geste.

Hagane bafouilla un merci et lorsqu’elle vit Kinzoku dans le même état, elle se sentit misérable. Elle aurait voulu tenter un geste vers lui mais se retint.

- Comment pouvons-nous vous être reconnaissant ? Demanda Kinzoku en se retournant vers Hagane, inquiet pour elle.
- Ce n’était pas un acte totalement gratuit, Kinzoku.

Cette fois, il l’avait reconnu. Cette voix était celle de Tenshiro. Il venait d’user de son pouvoir cosmogonique au péril de sa propre vie.

- Ten… Tenshiro. Comment ?
- Comment importe peu, le coupa Tenshiro. J’ai besoin de ton aide.
- Les voyageurs…
- Nous le sommes, et si tu es au courant de notre venue, tu dois également savoir que nous avons le pouvoir de renverser Kurao à condition que les anciens gardiens s’unissent et face front.
- J’ai toujours été contre Kurao… Et cette fois, je m’engage sur mes positions. Hagane…
- Tout ce qui est arrivé est de ma faute, et je compte bien la réparer… à tes côtés, si tu le veux bien ?

Kinzoku prit délicatement la main d’Hagane et la serra dans la sienne. Il se tourna près de Tenshiro qui lui expliqua en détail le plan qu’ils avaient commencé à ébaucher. Kinzoku lui proposa de partir à la recherche de Toraku pendant que Tenshiro et Himeguma iraient rencontrer le plus redoutable d’entre eux : Dokusou le sournois, fidèle à Kurao.

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