Fanfiction - 2ème Saison
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L'enquête

- Vous voilà enfin ! Lança Satoshi en ouvrant la porte au reste des occupants de la pension.
- Nous t’avons fait attendre, Chulo ? L’interrogea Deshi en passant devant lui mais en prêtant plus attention à la mine dépitée que faisait Kasumi.
- Vous ne pouvez pas savoir ce qu’il s’impatientait… Il en était à me faire répéter ce que nous voulions vous dire avec une introduction, un plan et une conclusion, s’exaspérait Kasumi.
- Tchou l’eau ? Ca veut dire mignon, ça ! Fit remarquer Satoshi.
- Non, ça veut dire vantard en espagnol, le rembarra Toya.
- Bref, coupa court Satoshi, quelque peu renfrogné. Nous avions quelque chose d’important à souligner avec Kasumi ! Se gonflait-il d’importance, le doigt levé, fixant tous les regards qui se tournaient vers lui…
- Eh ben, vas-y ! S’impatientait Deshi.
- Qu’est-ce que tu attends ? Dit en même temps Denchu dans un souffle.
- On a d’autres activités, plus importantes que le retard de la sortie d’un jeu vidéo… Termina Toya.
- Je… euh… attendez ! Ce n’est pas si facile que vous croyez ! S’embrouillait-il, décidant enfin de faire appel à Kasumi.
- Ooooooooh ! Trop chooou ! Ils vont nous faire une déclaration ! Applaudissait Kima, son visage s’illuminant. Très bien, très bien, on vous écoute, allez-y !
- Non non non non ! Vous n’y êtes pas du tout !! S’exclama vivement Kasumi, encore rouge des paroles de Kima. En fait, dans le journal et plus précisément dans les pages réservées aux disparitions de personnes, nous avons vu la femme-démon que nous avions combattus avant de trouver Yumi, avait-elle réussi à dire d’une traite sans être aussi coupée que Satoshi dans ses paroles.
- C'est-à-dire que nous avons tué… Commençait à réfléchir Deshi.
- … Une humaine ? Poursuivit Denchu.
- Non, je vous assure que c’était un démon ! Confirma Satoshi enfin écouté avec l’intérêt qui lui était mérité. Regardez la photo, c’est exactement elle ! Mais elle est portée disparue depuis le 22 Juin, soit deux semaines avant qu’on l’ait tuée, et un jour après la mort de Kaho.
- Je ne vois pas le rapport avec les deux semaines précédentes… Réfléchit Deshi.
- En fait, nous avons pensé à opérer tous les rapprochements possibles : les deux semaines nous ont été utiles pour établir un ordre chronologique aux faits : elle a disparu deux semaines avant de l’avoir anéanti, ce qui veut dire qu’elle est devenue un démon durant ce laps de temps alors qu’avant, elle devait être normale. Apparemment, c’était une mère de famille car ce sont ses enfants et son mari qui ont fait appel. Nous pourrions peut-être leur demander des renseignements, et par la même occasion leur demander s’ils ne connaissent pas Yumi, leur proposa Kasumi d’une voix ferme et résolue.
- C’est plutôt délicat… Admit Denchu.
- Nous pensions le faire, car nous pourrions avancer dans notre exposé en même temps, s’enquit Satoshi. Bien sûr, je laisserai à Kasumi l’honneur de poser les questions avec tout le tact féminin !
- C’est bien formulé pour se délester d’une tâche, avoua Deshi en fixant Satoshi.

Après avoir déclaré leur projet, Satoshi et Kasumi se retirèrent pour travailler sur leur devoir d’éducation civique et ainsi commencer une liste de question à la fois utile pour leur exposé et pour limiter l’avancée de l’activité démoniaque.
Takeshi, ayant de nombreux cours à rattraper, laissa à Toya et Haneru de s’occuper du goûter collectif – non pas qu’il ne fasse pas confiance à Deshi – et suivit Denchu pour travailler avec son aide. Quant à Deshi et Kima, s’étant avancées sur leurs cours, elles décidèrent de faire un tour avec Yumi dans le jardin pour l’agrémenter de nouvelles plantes tout en ayant l’occasion de discuter et d’occuper la petite fille.

~*~

- Ah, au fait, vendredi il faudra que tu avances sur le sujet tout seul car je serai en rendez-vous avec Ran pour le lancement du thème de l’association photo, lança soudainement Kasumi au milieu du thème de réflexion.
- Et vous ne pouvez pas déplacer votre rendez-vous à plus tard… ? Grogna Satoshi.
- Ca fait maintenant cinq fois qu’on le déplace, s’exaspérait la rouquine. Là, tout le monde est d’accord car nous avons tous des horaires libres ou des heures de permanence ! Je ne te demande pas quelque chose d’impossible, mais juste d’avancer sur le sujet ! Elle te rejoindra après de toutes façons car elle est trésorière et n'a pas à suivre la totalité du programme des photographes.
- Bon, bon, c’était juste une question ! Pas la peine de s’énerver pour si peu… Sinon, tu as trouvé quelque chose sur le déroulement des enquêtes policières ?
- Pour interroger les suspects, il faut automatiquement un mandat… Mis à part ce qu’on sait déjà, je n’ai rien trouvé de particulier.
- Il n’y a donc aucun risque si l’on questionne les gens sur les disparitions ?
- De toutes façons nous n’allons pas nous faire passer pour des détectives ! S’exclama Kasumi
- Il faudra bien une raison pour interroger ces personnes ! Défendait Satoshi du mieux qu’il le pouvait son argument.
- Ca ne sera pas crédible ! Gloussait Kasumi.

Le silence retomba aussitôt et l’atmosphère devint pesante due à la mauvaise humeur et à l’irritation partagée des deux occupants de la chambre.

~*~

- … Donc le prisme permet de décomposer une lumière polychromatique en différentes lumières colorées qui seront recueillies sur un écran, et ça forme un spectre ! Expliquait Denchu à Takeshi qui avait raté le cours de physique et se devait de le rattraper sous peine d’une mauvaise note à l’interrogation de cours.
- C’est quoi une lumière polychromatique ? Demandait Takeshi sans trop écouter les explications de Denchu.
- Je te l’ai déjà expliquée trois fois ! C’est une lumière complexe… Comme la lumière blanche : la lumière blanche est en fait un « mélange » de toutes les couleurs.
- Ah… Comme Satoshi qui possède tous nos pouvoirs ? S’assurait Takeshi.
- Oui ! Non ! C’est pas comparable… Attends, je vais te montrer le spectre de la lumière blanche… Takeshi ? Tu regardes ?
- Hmm… ?

Takeshi ne s’intéressait pas autant à la décomposition de la lumière blanche qu’à Denchu. Celui-ci était plus basé sur ce que l’œil pouvait voir sans difficulté, et il s’avérait que le décolleté de Denchu montrait l’essentiel et laissait suggérer le reste.

- …
- Non, non, non ! Ne te formalise pas tout de suite ! Je me disais juste que ce n’était pas grave si je ne comprenais pas tout car j’envisage de faire une 1ère ES (Economique et Sociale), et que… Uuh ? Déglutit-il en voyant Denchu se relever lentement, affligée par ses explications.
- Crétin… Souffla Denchu en remettant mieux son cache-cœur et en se dirigeant vers sa chambre.
- Non, mais j’ai compris le système de la lumière complexe ou polymachintruc, s’expliquait-il en l’accompagnant à sa porte de chambre… Mais si tu veux on fait les maths… ? Ajouta-t-il en posant sa main sur l’épaule de Denchu qui s’arrêta aussitôt.
- … Deux mètres.

Takeshi n’insista pas et retira sa main. Tout ceci n’allait pas arranger son interrogation de demain et il décida de demander de l’aide à son coach pour qu’elle lui réexplique la décomposition de la lumière par un prisme sans qu’il soit perturbé outre mesure par un quelconque décolleté.

~*~

L’heure du repas approchait à grand pas, et Takeshi – qui avait enfin compris la physique – s’accorda une pause afin de préparer le dîner et de se vider l’esprit.

- HEY ! Il manque plein d’ingrédients là ! Si vous voulez un bon poulet, il va falloir aller me chercher de l’huile d’olive, du sel et aussi quelques pêches…

Voyant qu’il n’y avait aucun écho face à ses demandes, Takeshi regarda le tableau des corvées et choisit les deux personnes supposées avoir fait les courses.
Voyons… Satoshi et Kasumi… Ah ben ! Ca ne m’étonne pas qu’il manque la moitié des choses. Ca devait être Satoshi qui était chargé de la liste ! Admit-il.

- SATOSHIIII ?! Appela-t-il pour la troisième fois.

Le jeu de la Nintendo se mit en pause et Satoshi daigna enfin descendre :

- Mais quoi ?! Ce n’est pas à moi de mettre la table aujourd’hui !
- Non, mais c’était à toi de faire les courses samedi…
- Mais elles ont été faites ! S’insurgea Satoshi.
- A moitié… Donc, je t’ai préparé une petite liste. Si tu veux manger, il faut que tu ailles me chercher ces quelques ingrédients à l’épicerie du coin – ça va, ça ne fait pas trop loin – ajouta-t-il en entendant Satoshi souffler.
- Bon, d’accord, d’accord ! Mais Kasumi vient avec moi, car elle était aussi chargée de faire les courses samedi !
- Oui, il n’y a pas de problèmes ! Et profitez-en pour faire sortir Yumi, elle est très excitée ce soir, ça lui fera prendre l’air.

Satoshi avertit donc Kasumi qui accepta a contre cœur de devoir encore partager cette tâche avec Satoshi. Puis, ils vinrent tous deux prendre Yumi qui s’amusait à arracher les mauvaises herbes du jardin tout en laissant d’énormes trous derrière, ce qui avait le don de faire dresser les cheveux de la tête de Kima.

- Oh, vous prenez Yumi ? C’est dommage car elle m’aidait, mais au moins, je vais pouvoir déraciner correctement les mauvaises herbes, et retransformer ce terrain de golf en jardin.
- Il faudra qu’elle prenne un bain juste après ! Elle est toute sale, fit remarquer Kasumi.
- Ca, c’est parce qu’elle s’amusait à se rouler dans l’herbe ! Expliqua Kima.
- Bon, ben on va y aller gentiment… Avant que ça ferme, sinon nous sommes condamnés aux conserves… Dit Satoshi tout en mettant ses mains dans ses poches à la recherche de la liste.

Après avoir habillé plus chaudement Yumi et l’avoir mis entre eux deux, Kasumi et Satoshi s’en furent à la superette sans pour autant s’adresser la parole.
Arrivés au coin de la rue, Yumi leur lâcha la main et couru vers une femme aux cheveux rose pâle.

- Satoshi, regarde ! Regarde comme elle ressemble à Yumi ! Tu ne crois pas que ce serait sa…
- … Mère… ?! Se demandaient Kasumi et Satoshi, incrédules.

La femme aux cheveux roses et à la peau pâle s’approcha près d’eux, et ce fut Satoshi le plus rapide à prendre la parole :

- Nous l’avons trouvée dans la forêt ! Nous sommes allés dans tous les commissariats à la recherche de ses parents, mais il n’y avait aucun avis de recherche, alors nous l’avons gardée ! Dit-il dans un souffle.
- Nous sommes ravis de vous rencontrer enfin ! Votre fille est adorable, elle va beaucoup nous manquer… Nous l’avons scolarisée dans une école près de la pension où nous habitons, continua aussi rapidement Kasumi, les larmes montant à ses yeux.
- Ma fille… ? Demanda d’un air amusé la jeune femme en reposant Yumi à terre.
- Vous… Vous n’êtes pas la maman de Yumi ? Questionnèrent en même temps Kasumi et Satoshi.
- Non… Je suppose que vous n’avez pas été mis au courant par le reste des Soldiers.
- Nous… Comment ? Vous êtes au courant pour les Soldiers ?! S’étonna Satoshi.
- Bien sûr, je suis celle qui a formé Haneru et Kima au combat : Hitomi, répondit-elle en leur faisant un petit clin d’œil. Je ne peux pas vous expliquer toute l’histoire, car je dois me rendre au dispensaire apaiser certains malades.
- Ah… Désolés pour le dérangement, s’excusa Kasumi en baissant la tête. Mais va-t-on se revoir ?
- Je serai étonnée du contraire !

Ils se séparèrent ainsi. Satoshi et Kasumi regardèrent partir Hitomi encore interloqués par cette nouvelle qui venait de leur tomber dessus, mais ils se reprirent vite car le froid se faisait ressentir avec l’arrivée de la nuit et ils avaient encore à acheter les courses s’ils voulaient que le repas soit des meilleurs.

~*~

Après être rentrés, Satoshi ne prit pas le temps de déposer les courses qu’il questionna d’emblée le groupe sur ce que Kasumi et lui devaient savoir d’Hitomi. Cette question surprit tout le monde :

- Ah, mais c’est vrai qu’ils n’étaient pas avec nous ! Se rappela Deshi.
- Tu crois qu’on devrait les mettre au courrant ? Demanda Denchu à son amie avec un sourire malicieux.
- Mais bien sûr !! Se révolta Satoshi.

Après avoir prit un malin plaisir à énerver Satoshi, Denchu consentit à leur expliquer – parce que Kasumi a dit « s’il vous plait » - ce qui, pour le moment, n’aidait pas les deux compères à avancer dans leur devoir d’éducation civique, mais il s’avérait qu’ils avaient un autre allié sur lequel ils pourraient tous se reposer.

- Et puis elle est mignonne, non ?! Remarqua Haneru.
- On ne l’a pas bien vue, mais elle paraissait… Mystique ! Lui accorda Kasumi.
- Ah ça, ça a toujours été mon genre de femme ! Ressassait Haneru les yeux brillants.
- Euh… Je vais mettre la table, avertit timidement Kasumi, de peur d’interrompre Haneru dans ses pensées.

Le repas valut bien le fait de s’être déplacé pour les courses de dernière minute car il fut excellent et mémorable – Deshi n’eut aucun mal à en reprendre trois fois après avoir entendu Kima affirmer que les pêches étaient excellentes pour la santé – et le sujet de discussion concernant Hitomi semblait animer tout le monde.
Malheureusement le temps passait beaucoup trop vite et il fallait débarrasser la table, laver puis coucher Yumi avant de pouvoir accéder aussi à un repos mérité.

~*~

- BON, KASUMI TU ES PRETE ?! S’impatientait Satoshi
- ELLE ARRIVE, ENCORE DEUX MINUTES, répondit Kima à son appel de la salle de bain du deuxième étage.

C’était mercredi après-midi et Kima préparait et maquillait Kasumi pour qu’elle fasse plus adulte afin de mener à bien sa petite enquête.
Pour l’occasion, elle lui avait prêté un tailleur, des chaussures et une sacoche pour parfaire son déguisement d’enquêteuse.

- Ce n’est pas un peu dangereux de jouer ce jeu-là ? Je veux dire, on va faire ressurgir les sentiments de cette pauvre famille… Hésitait Kasumi.
- Mais tu vas aussi leur apporter une réponse, Kasumi, la rassurait Kima. Lorsque nous en saurons un peu plus grâce à ce que va vous dire ces personnes, nous retrouverons celui qui a transformé cette femme, et tu pourras leur annoncer que le criminel a été retrouvé et condamné.
- Mais il n’y aura aucun tribunal, en plus, c’est nous qui avons tué cette femme… Je ne me sens vraiment pas bien à l’idée de leur mentir, admit-elle.
- … Te voilà prête, jeune femme ! Se ravie Kima.

La dernière touche de maquillage et un dernier coup de peigne dans la chevelure rousse de Kasumi, et cette dernière pouvait prétendre au rôle d’enquêtrice.
Satoshi, ayant abandonné son costume de collégien pour un habit plus conventionnel attendait de pied ferme Kasumi qui se faisait plus qu’attendre.

- Te voilà enfin, on a perdu un bon quart d’heure, vachement professionnel pour des détectives… Remarqua Satoshi en entendant le pas de Kasumi dans les escaliers.
- Arrête de râler, c’était ton idée après tout de se faire passer pour des détectives. Tu as comme d’habitude le bon rôle…
- Stagiaire ? Comme tu le sens, mais…

Satoshi eut le souffle coupé en se retournant : Kasumi, vêtue de son tailleur blanc rehaussé par son chemisier bleu et les cheveux lâchés et coiffés pour l’occasion paraissait être une jeune femme de grande beauté.

- Mais… ? Continua-t-elle sans prêter attention à l’air étonné de son « stagiaire »
- La classe !
- Oh, ah ! Merci.
- Par contre, Kima ne t’a pas mis assez de fond de teint : on voit facilement que tu rougis ! Remarqua l’impertinent.
- Faites attention à la façon dont vous parlez à vos supérieurs… Tout commentaire fera l’objet d’un rapport ! Prévint Kasumi de manière persuasive.
- A vos ordres, inspecteur… Ou devrais-je dire inspectrice ? Minauda Satoshi, la main au front comme pour saluer un supérieur.
- Peu importe, tant que vous savez à qui vous avez à faire ! Acheva Kasumi, un sourire aux lèvres.

Ces moments de complicité étaient assez rares entre eux. Pour Satoshi et Kasumi, tout prétexte est bon pour démarrer une dispute, et la rouquine avait réussi à tirer à son avantage la situation car ses rougeurs n’avaient toujours pas disparu, mais Satoshi s’abstint de tout autre commentaire.
Leur mission d’aujourd’hui était d’avoir une piste pour pouvoir arrêter au plus vite cette activité proliférante de démons, et ils étaient résolus à découvrir ce qui avait bien pu arriver à cette femme pour s’être tournée du côté du mal..

~*~

L’homme qu’ils devaient rencontrer avait été prévenu par Toya se faisant passer pour l’inspecteur chargé de l’enquête. Il l’avait avertit que deux nouveaux inspecteurs, en charge des disparitions, passeraient dans la journée, et qu’il ne fallait pas qu’il se formalise si certaines questions pouvaient paraître déplacées ou en dehors du contexte. Aussi, nos deux inspecteurs partaient plus rassurés, et couverts par les éventuelles « gaffes » qu’ils pouvaient faire.

- Monsieur Akitsuki ? Demanda Kasumi après avoir avoir sonné à la porte de la gigantesque maison.
- … C’est bien moi, je présume que vous êtes les deux inspecteurs reprenant le dossier sur la disparition de ma femme, lui répondit l’homme après un temps d’hésitation.
- C’est nous effectivement, je suis l’inspecteur Williams, et voici mon associé qui fait ses débuts, Monsieur Ketchum, lui présenta Kasumi. Aussi, vous ne verrez pas d’inconvénients si nous vous posons des questions qui vous ont déjà été posées auparavant.
- Vous n’avez pas lu l’ancien dossier ? Je sais que c’est dans mon intérêt, mais il m’est assez difficile de parler de ma femme, alors si vous pouviez me ménager un peu…
- Oui, nous avons lu votre dossier, mais nous aimerions examiner la véracité du contenu : parfois, un détail qui peut vous paraître insignifiant et que vous avez oublié une première fois peut être une piste à examiner ! Le rassura Satoshi qui n'avait pas échappé à l'air de Kasumi qui balançait entre la stupéfaction et l'admiration.
- Bon… Si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer… Céda Monsieur Akitsuki.

Kasumi et Satoshi suivirent l’homme jusque dans son salon. La maison semblait triste et inhabitée : les meubles avaient tous été recouverts de draps et la lumière avait du mal à percer au travers des volets fermés.
L’homme avait préalablement découvert un canapé, et il alluma la lumière :

- Excusez-moi pour cet accueil plutôt froid, mais avec mes enfants, nous avons envisagés de déménager. Il faut se faire à l’idée que leur mère ne reviendra pas.
- Vous en paraissez si certain, dit Kasumi dans un souffle.
- Vous savez, Asahina, ma femme, était de composition fragile et peu avant sa disparition, les analyses faites par des médecins ont démontrées qu’elle était atteinte d’un cancer au foie… Et lorsque le foie est atteint, il n’y a plus beaucoup d’espoir.
- Atteinte d’un cancer… Et la dernière fois que vous avez vu votre femme, est-ce…
- C’était à l’hôpital Honoka, trancha l’homme. Elle devait subir une opération pour tenter de ralentir la progression de la maladie… Elle était si confiante, heureuse je dirai même, et reposait tous ses espoirs sur cette opération. Parfois l’esprit fait des choses miraculeuses, j’étais moi-même confiant pour cette opération. Mais en allant la chercher pour la mener au bloc opératoire, les infirmières se sont rendues compte qu’elle n’était plus dans sa chambre.
- Vous n’avez eu aucune demande de rançon ? Lui demanda Satoshi.
- Non. Vos collègues me disent qu’il n’y a pas de liens avec un enlèvement, mais je sais que ma femme était prête à tout pour que son opération réussisse et qu’on puisse tous aller en vacances pour noël…
- Je comprends… Répondit Kasumi, compatissante.
- Ils n’ont pas encore trouvé son corps…Murmura l’homme.
- Soyez certains que nous trouverons l’origine de tout ceci, monsieur, nous allons d’ailleurs pousser un peu plus notre enquête auprès de l’hôpital, conclut Satoshi en se levant et en tendant sa main à l’homme qui lui faisait face.

Après s’être salués, Kasumi et Satoshi sortirent de cette maison où la joie et le cœur n’y étaient déjà plus. Ils ne se dirent rien pendant un moment, puis Kasumi consenti enfin à parler :

- Je t’ai trouvé très mature… Face à la peine de cet homme, je ne savais quoi dire.
- Je t’ai impressionné ?
- On peut dire ça, oui, admit Kasumi avec un léger sourire.
- Ah aaah ! Allez, dis-moi tout, comment j’étais ? Je t’ai fascinée ?!
- Je… Oooouuuuuh !! Tu es insupportable, tu n’arrives même pas à te conduire en adulte plus de cinq minutes ! Se crispa-t-elle.
- Hey, mais tu viens de me dire le contraire ! Je plaisantais, c’est tout ! Se défendit Satoshi.
- Il y a des situations qui prêtent à la plaisanterie, pas maintenant en l’occurrence ! Oh, et puis tais-toi, ne me parle plus et n’ouvre même plus la bouche avant qu’on arrive à l’hôpital.
- Sale petite peste qui se croît assez grande pour donner des ordres à tout le monde… Siffla Satoshi.

Kasumi, ayant entendu sa dernière phrase, accéléra le pas et dépassa Satoshi d’assez loini, qui lui, traînait des pieds.
L’hôpital devait se trouver à quelques coins de rue de la maison de monsieur Akitsuki, et lorsqu’ils l’atteignirent, ils ne purent s’empêcher de considérer la taille de l’édifice blanc :

- Pfiuu, c’est énorme ! On entre par où… ? S’exclama Kasumi.
- Par la porte… comme tout le monde, répondit Satoshi avec dédain tout en emboîtant le pas de Kasumi pour pousser la porte d’entrée.

Kasumi le suivit, encore plus irritée par ses remarques rancunières puis elle s’arrêta devant l'hôtesse d’accueil qui avait passé l'âge où l'on a souci de plaire. Elle les accueillit d’un signe bref de la tête, trop occupée à répondre au téléphone pour les rediriger. Une fois le téléphone raccroché, elle consentit à écouter leurs requêtes :

- C’est pourquoi ? Leur demanda-t-elle d’une voix nasillarde.
- … Euh, hésita Kasumi avant de continuer. Bonjour, nous sommes chargés de l’enquête sur une disparition, et...
- Vos cartes ?
- Je vous demande pardon ? S’excusa Kasumi.
- Vos cartes de police, je voudrai les voir !
- Et bien, c’est-à-dire… Réfléchit Kasumi en tâtant dans les poches de son tailleur.
- Ah, veuillez m’excuser, mais j’ai oublié vos effets personnels dans la voiture ! Rattrapa Satoshi en voyant Kasumi en difficulté.
- Vous êtes vraiment un stagiaire irrécupérable ! S’adressait-elle à Satoshi. Veuillez-nous excuser, nous allons les chercher et nous revenons de suite ! Poursuivit Kasumi à l’adresse de la femme désagréable.

Satoshi et Kasumi sortirent de ce bâtiment, le pas pressé, et ne s’arrêtèrent pas avant d’avoir atteint le coin de la rue, sans pour autant repasser devant la maison de monsieur Akitsuki.
En rentrant à la pension plus tranquillement, ils croisèrent Haneru qui les intercepta :

- Alors, cette enquête, elle avance ?!
- Pas vraiment, entreprit Kasumi. En fait, nous avons réussi à parler à monsieur Akitsuki, et lorsque nous voulions pousser nos recherches, …
- On s’est carrément fait lyncher, conclut Satoshi, toujours bougon.
- Par le mari de la femme-démon ?
- Non non, par la femme de l’accueil de l’hôpital Honoka, rectifia Kasumi.
- L’hôpital Honoka ? C’est marrant ça, j’y ai travaillé en tant qu’ambulancier pendant l’été… J’avais un bon piston et le permis de conduire ! Se félicita Haneru. Si vous avez besoin d’une infon, peut-être que je peux vous la trouver !
- C’est vrai ? Se réjouit Satoshi. Attends, ça peut nous aider ! Il faudrait que tu essayes de nous sortir un dossier en fait, celui de Asahina Akitsuki.
- Mmmh, écoute, j’essaierai ce week-end, mais là, je ne te promets rien. Sinon, ça vous a aidé un peu concernant votre devoir d’éducation civique ?
- Bof, pour l’instant, on est presque sûr que la police ne s’est pas penchée plus que ça sur le dossier. Ca pourra nous servir de troisième partie concernant le temps de réaction qui limite les chances de retrouver la personne, constata Satoshi.
- C’est une bonne idée comme troisième partie ! L’encouragea Kasumi qui n’y avait pas pensé.
- Tu vois comme quoi il ne faut pas coller une étiquette sur les gens ! Lui rabacha-t-il.

Kasumi ne répondit rien, mais elle acquiesça d’un signe de tête, le sourire forcé, ce qui relâcha la tension presque palpable entre eux deux.
Haneru se sentant de trop les laissa seuls et se rendit à la pension où un bon goûter devait les attendre – si Deshi n’avait pas déjà fait main basse dessus – alors nos deux enquêteurs d’une journée se mirent en route en suivant l’exemple de ce nouveau grand frère qui leur sera d’une grande utilité pour le bon déroulement de l’enquête.

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