Fanfiction
- 2ème Saison « Résurection » |
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Passé, présent et futur
Le
soleil se levait déjà sur la plaine royale de Vodrano et faisait
scintiller la rosée du matin comme de petites gouttes de cristal, comme
chaque jour. Et pourtant, ce n’était pas une journée ordinaire…
Tout le personnel s’affairait pour que l’anniversaire du petit empereur
soit des plus réussi.
Aussi, pour les seize ans de leur fils, l’empereur et l’impératrice
voulaient que soient réunies toute les familles royales des huit contrées
que comptait Sélénia.
Le royaume de la plante, Planinsa, avait répondu présent et Hana et Dokusou avaient permis à Kima, leur fille, de porter sa plus belle robe, qu’ils lui avaient pourtant achetée pour ses dix huit ans qu’elle accomplirait six mois plus tard.
- Et bien
comme ça, vous m’en offrirez une encore plus belle pour mon anniversaire
! Avait répondu celle-ci lorsque Hana avait fait part de sa remarque
à son mari.
- Il me semble que le royaume d’Aciron est aussi invité, fit valoir
Dokusou à Hana.
- Oui, tous les royaumes seront présents, et les enfants aussi…
A votre avis, pourquoi j’ai choisi cette robe ! Ajouta Kima à l’adresse
de ses parents.
Raijin et Chonchi, du royaume d’Eleki, étaient bien entendu de la partie, malgré la mauvaise volonté de Raijin et de Denchu lorsqu’ils surent que la famille du royaume de Sokoro serait elle aussi présente.
- Il est
hors de question que je vois Oniwa, cette ordure… Je n’aime pas
ses agissements et comment il mène ses troupes ! S’était
emporté Raijin.
- Ca, c’est simplement parce que tu n’aimes pas le fait qu’il
soit plus fort que toi, et puis tu ne vas pas m’isoler de Deriba que j’apprécie
énormément, lui avait répondu Chonchi.
- Et bien vous n’avez qu’à y aller sans moi ! Coupa son mari.
- Ton attitude est bien puérile… Quelle honte pour notre royaume
d’être gouverné par un soupe au lait. Soit j’irai,
et je peux t’affirmer que je ne te ferai pas belle réputation.
Denchu, s’il te plaît, mets ta robe de représentation et
pas ce pantalon !
- Et bien, maman tu vois, j’hésite encore… Car le fils du
royaume de Sokoro, si je ne me trompe, est Takeshi, non ?
- Oui, c’est bien lui.
- Parce que ce « charmant jeune homme » avait pour habitude de salir
mes robes qu’il prenait pour des torchons, alors…
- … alors tu préfères suivre l’exemple de ton père
et de ne pas y aller non plus ?
- Eh bien…
- Eh bien quoi ? Que dirai-je à Deshi ? Que tu as préféré
rester au palais plutôt que de la revoir après tant d’années
de séparation, que les lettres que vous vous êtes envoyés
n’ont pas pu conserver votre amitié ?
- Hein ? Ah non, non ! Du tout, c’était pour ça que j’hésitais
à mettre ma belle robe, se rattrapa Denchu.
- Oh, quelle mauvaise langue je fais, en effet. Par ailleurs, Denchu, on ne
dit pas « hein ? », mais « comment ? »
Ainsi, Chonchi menait le royaume sur le bout des doigts et connaissaient toutes les subtilités pour faire flancher les humeurs électriques de sa famille.
Du côté de Feushi, Deshi stressait ses parents, Hien et Toraku. Contrairement à Denchu, elle avait une double envie d’assister à cette inoubliable fête et était aussi vive qu’une flamme attisée par le vent.
- Dis-moi
ma fille, serait-ce pour le petit empereur, Denchu ou le beau prince de Psychea
que tu trépignes ainsi ? questionna malicieusement Hien.
- Mamaaaaaan, avec toutes tes questions on va arriver en retard !
- Nous avons encore un peu de temps devant nous ma petite flamme… et tu
n’as pas répondu à ma question.
- Hmph… C’est une occasion de tous se revoir, ça fait longtemps
que j’attends ça ! Et puis il y a le banquet impérial !
Hien scruta sa fille de manière dubitative, mais n’insista pas. D’ailleurs, le roi Toraku venait d’entrer et pressa ses deux « femmes » car le départ était imminent.
Bien qu’Egla fut le royaume le plus éloigné de Vodrano Matai
et Koori, reine et roi du royaume de l’eau avaient apporté leur
aide pour la préparation des festivités. Mais c’était
aussi parce que ces deux royaumes s’entendaient particulièrement
bien et que Matai, Koori, Himeguma et Tenshiro voulaient profiter de la journée
pour se voir et se remémorer de bons souvenirs. Kasumi était restée
en son palais pour se préparer. Elle n’avait pas voulu suivre ses
parents car elle appréhendait la rencontre avec le petit empereur, et
redoutait de se retrouver seule avec lui.
- J’étais sûre de te retrouver près d’ici !
Denchu venait de reconnaître Deshi, près du buffet de la grande salle impériale. Mais au grand étonnement de celle-ci, Deshi n’était pas plongée dans les innombrables mets, délicatement parfumés. Non, celle-ci tenait une coupe d’Umadiel, un mélange de jus de fruits gorgés de soleil, et son regard semblait disparaître au travers de la salle aux parois transparentes, laissant passer le soleil et de nombreux prismes aux couleurs de l’arc-en-ciel.
- Allo Deshi,
ici Sélénia !
- Oh ! Denchu ! Alors ça, j’avais peur que tu ne viennes plus !
S’exclama Deshi en reposant son verre et en étreignant son amie.
- Eh ! N’exagère pas, nous avons à peine dix minutes de
retard.
- Oui, oui, moi j’ai eu trois quarts d’heure d’avance…
Tu connais mon père et sa ponctualité, il partirait la veille
si ça lui était possible. Autant dire que j’ai vu presque
toute la salle se remplir, répondit la princesse Deshi, l’air blasé.
- C’est étonnant que le buffet soit encore intact ! Lui sourit
la princesse d’Eleki.
- Non, non, rien d’étonnant à cela, chaque serviteur s’empresse
d’assurer le renouvellement des plats au moindre fruit mangé. Enfin
bref, tu n’aurais pas vu les autres ?
- Les autres ? Répéta Denchu
- Oui, les princes et princesses des autres royaumes !
A cette phrase, le regard de Denchu se fit plus sombre. Certes, elle voulait revoir ses amies, mais elle ne voulait pas revoir les princes qu’elle trouvait particulièrement arrogants, et notamment celui de Sokoro.
- Non…
Je n’ai vu personne.
- Excusez-moi, madame, pourriez-vous me servir de la dinde aux pêches,
s’il vous plaît ? Demanda un jeune homme, cheveux en bataille à
la princesse de Feushi qui lui faisait face avec des couverts dans les mains.
- Je vous demande pardon ? Demanda Deshi.
- De la dinde aux pèches… A-vot-re-gauche, répéta
plus clairement le jeune homme habillé à la manière des
nobles de la contrée de Feushi, en lui désignant le plat de l’index.
- Ooh ! Désolée, monsieur, mais je-ne-peux-accéder-à-votre-requête,
lui répondit-elle de la même manière.
- Je ne voudrai pas me montrer impoli, Commença-t-il d'un ton où
l'impolitesse menaçait à chaque mot, mais il me semble que vous
n’êtes pas en mesure de discuter mes ordres.
- Ah oui ? répondit Deshi, avec dans la voix une subtile inflexion qui
laissait deviner son incrédulité. Il se trouve que justement,
j’ai cette mesure.
- Qu’est-ce qu’il se passe, Toya ? Demanda un autre jeune homme
qui venait d’arriver à ses côtés, sans oublier d’adresser
un clin d’œil à la personne qui se trouvait à côté
de l’impétueuse servante.
- Il se trouve que les servantes ne sont plus ce qu’elles sont ! Dit-il
d’un air courroucé, en fixant droit dans les yeux la demoiselle
qui lui faisait face.
- Il faut avouer que tu n’as jamais eu le tact pour demander ces choses-là,
lui avoua son compagnon.
- Vous n’arriverez pas à vos fins en usant de votre pouvoir, lui
lança soudainement la jeune fille qui était aux côtés
de l’infortunée.
- Comment ? Répondit le jeune homme répondant au prénom
de Toya.
- Ce que vous tentez de faire : s’insinuer dans son esprit de force pour
qu’elle vous serve… Vous n’y arriverez pas. En tant que princesse,
nous disposons de cette faculté d’être immunisées
contre les pouvoirs des autres contrées.
- Prin… Princesse… Balbutia le jeune homme à la peau mate,
accoudé à Toya.
- Deshi ! Denchu ! Aah, ça me fait plaisir de vous revoir, s’écria
une jeune fille vêtue d’une robe imitant le lierre au décolleté
plongeant épousant parfaitement ses formes. Pardon, veuillez m’excuser,
messieurs. Venez, venez, mes parents veulent vous voir. Au plaisir, dit-elle
enfin en s’adressant aux deux jeunes hommes qui les regardaient alternativement
avec stupéfaction.
Kima, de
sa vivacité habituelle, amenait les deux jeunes filles à ses parents.
Après avoir tari d’éloges sur leurs familles respectives,
Kima poussa les jeunes filles à l’accompagner un peu plus à
l’écart, où Kasumi les attendait et fit signe à Hitomi
de se joindre à elles. C’est ainsi qu’elles se racontèrent
leurs préparatifs respectifs pour cette réception en l’honneur
de l’anniversaire du petit empereur.
A l’annonce de la valse entonnée par l’orchestre magistral,
Hitomi se retira discrètement des jeunes filles qui étaient l’objet
de tous les regards, et principalement des princes des autres contrées.
Le prince d’Aciron, Haneru, s’avançait déjà
d’un pas assuré vers la princesse Kima, avec un regard qui ne trompait
en rien ses intentions, ce qui fit aussitôt rougir la princesse de Planinsa,
s’éventant vivement pour faire disparaître cette rougeur.
- M’accorderez-vous
cette danse ? Lui demanda-t-il en lui tendant sa main et se courbant légèrement.
- Naturellement ! A tout à l’heure les filles, dit-elle à
ses amies en leur faisant partager son clin d’œil.
- Il me semble que nous sommes partis sur de mauvaises bases. Me feriez-vous
le plaisir de m’accorder cette danse ? Demanda le prince Toya à
la princesse Deshi, qui répondit volontiers à l’invitation,
non sans lui lancer un regard malicieux.
- Et si vous me permettez également… Vous ne voulez sûrement
pas faire banquette ! Ajouta le jeune homme à la peau mate en tendant
son bras à la princesse Denchu.
- … Takeshi, il me semble, non ? Lui demanda-t-elle, en fixant ses yeux
plissés.
- Oui, c’est exact !
- Je vois… J’avais reconnu votre arrogance.
Le prince
de Sokoro ne répondit rien, quelque peu décontenancé par
cette jeune fille qui, contrairement à tant d’autres demoiselles
de sa contrée en la circonstance, ne semblait nullement flattée
par son invitation.
Repliée dans son coin, Kasumi contemplait avec appréhension les
personnes qui s’étaient mises à danser. Bien sûr,
elle avait appris la valse, comme toute bonne princesse, mais danser avec un
professeur pendant un cours particulier était beaucoup moins gênant
que devant une salle de réception pleine d’aristocrates. Aussi
avait-elle décidé de se glisser le plus discrètement possible
sur la terrasse. Ce qu’elle n’avait pas vu, c’est qu’un
autre convive avait ressenti le même besoin qu’elle.
- Princesse
Kasumi ?
- Ou… Ah ! Empereur Satoshi ! Je… Bonsoir ! Bafouilla-t-elle en
improvisant une révérence un peu bâclée.
- Ne faites pas tant de cérémonies… Rassura Satoshi en baissant
la tête.
- Vous ne dansez pas ? Demanda Kasumi après un long silence.
- Non… Trop de monde…
- Je suis d’accord ! Sourit la princesse, heureuse de voir qu’elle
n’était pas la seule dans cette situation.
Le petit Empereur sourit à son tour, puis baissa la tête de nouveau, de peur de se perdre dans le regard azuré de son interlocutrice. Après quelques minutes de silence, Kasumi voulut prendre congé, en remerciant Satoshi pour ce petit entretien. Mais le jeune homme ne l’entendait pas de cette oreille.
- Vous…
Voulez-vous danser ?
- Je pensais… que vous n’aimiez pas… devant toute l’assistance…
Commença la princesse.
- Il n’y a personne sur cette terrasse.
Kasumi prit la main que lui tendait le petit Empereur et se laissa doucement entraîner dans la danse. Pourtant, quelques secondes après, la musique se tut. Peu importe. Ils ne s’arrêtaient pas.
Hitomi s’absenta un instant, soulagée de constater une bonne entente entre les héritiers des différentes contrées. L’intensité lumineuse se fit plus éclatante et la prêtresse se sentait chavirer. Ce fut le noir et le froid qui l’envahit. Quelque chose venait de se produire. Quelque chose de grave. Des cris se faisaient entendre au dehors. Elle reconnaissait celui d’Hagane, la mère du prince Haneru, suivit de Kinzoku, son père, puis d’autres se mêlèrent au bourdonnement incessant que produisait cette vive agitation. Guidée par le son des voix, Hitomi se fondit dans la foule qui avait cessé d’avancer. Et elle vit ce qui épouvantait tout ce monde : tous les princes et toutes les princesses gisaient au sol, sans connaissance, et le sang que perdait chacun se mêlait jusqu’à former une mare rougeâtre qui s’étendait sans cesse. Himeguma s’avança au milieu de cette mare, son regard douloureux balayant tous ces enfants, puis elle s’agenouilla auprès de son fils, son fils qui venait de fêter sa seizième année. Il avait le regard perdu et la peur avait marqué son visage sans pour autant en altérer sa beauté. Il fallait prendre une décision, et il fallait se décider très vite car Sélénia se mourrait à présent sans l’émanation naturelle des pouvoirs des héritiers.
- Mes amis,
pères et mères des monarques, vous avez transmis votre pouvoir
à la nouvelle génération. C’était par leur
souffle que Sélénia vivait, et dorénavant, le vent ne soufflera
plus, les arbres ne vivront plus, l’astre de feu ne chauffera plus, les
lacs, rivières et mers n’en feront qu’à leur guise…
- … Et Sélénia mourra, termina difficilement Toraku, roi
du royaume de Feushi.
- Qui… qui a pu faire une chose pareille ? Murmura Hien.
- Le mal personnifié… Kaho. Sa marque est flagrante, lui répondit
Shisaku, le père du prince Toya.
- Il nous reste une dernière action à réaliser, intervint
Anshin, sa femme, en relevant son visage de ses mains.
Un silence se fit, pesant. Les rois et reines regardèrent à la fois leurs enfants et la foule qui les entourait. Enfin, Oniwa, roi de Sokoro prit la parole.
- Voyons,
la fin est inéluctable ! Il faut réagir à temps avant que
les pouvoirs qu’il nous reste ne soient perdus. Ne parlons pas à
demi-mot, ce serait offenser la mémoire de nos fils et de nos filles
!
- Oui… il faut cependant demander au peuple s’il serait prêt
à se sacrifier pour que renaisse une autre planète, avec une autre
vie, acquiesça Matai, reine du royaume d’Egla.
La foule qui entourait les souverains s’agenouilla devant leurs monarques et communiqua son accord.
- Nous allons
séparer l’âme des petits monarques et détruire cette
planète. Avec l’énergie provoquée, une autre galaxie
se formera, et une autre planète renaîtra comme nous l’avons
connue. Ils veilleront sous une forme incorporelle à la survie de la
nouvelle planète. Leurs âmes ne se réincarneront que lorsque
cet autre monde le nécessitera : face à une menace, déclara
l’Empereur Tenshiro.
- Et pour les guider, nous aurons besoin de vous, Hitomi. Cependant votre tâche
sera ingrate, car n’ayant pas d’âme vous serez sous forme
corporelle mais nous vous endormirons, ajouta Himeguma.
- Mes rois, mes reines, ce serait pour moi un honneur que de guider les petits
monarques, cependant si vous me laissez la vie sauve, vous laissez également
la vie sauve à Kaho. Elle est mon antonyme, et la menace persistera.
- Hitomi a raison. Elle ne pourra pas les guider. Kaho mènerait la nouvelle
planète à sa perte. Nos enfants mèneront une vie normale
sans se douter de la puissance qu’ils portent, ajouta Chonchi.
- Ils ne pourront pas mener de vie normale ! S’ils se réincarnent,
cela signifierait qu’une menace pourrait détruire la nouvelle planète,
s’emporta Raijin.
- Faisons-leur confiance. Leur réincarnation viendra bien assez tôt
pour prévenir la menace. Ils ont notre sang, ils auront des souvenirs
! Je les estime capable de se débrouiller sans nous et de se retrouver
! Encouragea Deriba.
Et c’est ainsi que tous unis par la même volonté de sauver la Vie, les monarques concentrèrent leurs forces à envoyer l’âme de leurs enfants sur la planète qu’ils venaient de créer au détriment de leurs vies, de la vie de leur peuple et de la vie de Sélénia.
~*~
Tous s’étaient lâchés la main, la vision de l’explosion dégagée par la puissance de tous les pouvoirs réunis leur avait causé comme un choc électrostatique puissant. Ils se mirent tous à parler en même temps, et Hitomi les arrêta d’un geste de la main.
- Ce que
vous avez vu est approximatif. Je vous ai fait voyager à travers mes
souvenirs et ceux plus enfouis que sont les vôtres.
- Les nôtres ? Demanda Kasumi.
- Oui, les moments forts qui vous ont le plus marqué, ceux qui se sont
gravés dans votre esprit. Ceux de Toya sont assez précis, quant
aux autres, je ne peux pas être certaine de leur précision chronologique.
Tout peut s’être passé cette soirée, ou après.
Certains éléments peuvent ne pas être datés d’une
seule et même période temporelle.
- Pourtant, tout se tenait, avoua Deshi.
- Oui, mais il a pu y avoir d’autres anniversaires, d’autres fêtes.
Toujours est-il que vous savez le plus important. Vous savez qui a été
à l’origine du premier impact et qui aurait pu être à
l’origine du second. Par ailleurs, Toya, as-tu vu une scène appartenant
à la vision que tu as eue il y a de ça deux mois ?
- Je ne sais pas, tout est vague désormais… Enfin, non, il n’y
avait pas de petite fille, ou de cris d’enfants, dit-il en tentant de
clarifier son esprit avec tous les éléments qu’il possédait.
- C’est bien ce que je pensais. Yumi vient réellement du futur,
et ce que tu as vu vient du futur également. Elle a une faculté
semblable à la votre : agir lorsqu’une menace approche. Si elle
est ici aujourd’hui, ce n’est pas par hasard, et les démons
qui continuent d’agir ne sont pas non plus sans autorité. Il y
a quelqu’un ou quelque chose qui en veut à Yumi, et il agit en
ce moment même en utilisant ce que Kaho avait créé.
- Toya, as-tu eu d’autres visions depuis celle-ci ? Intervint Kima.
- Non, mais ça ne veut rien dire.
- Mais si ! Ca a peut-être un rapport avec nous, s’écria
soudainement Deshi. Regarde, quand tu as eu ta vision, tu tenais la main droite
de Yumi et moi son autre main. J’étais aussi en contact avec vous
! C’est peut être le futur des Soldiers que tu as vu. Réessaye
avec Denchu par exemple !
- Calme-toi ! Les visions ne viennent pas comme ça. Il y a aussi le lieu,
alors même si j’essayais avec Yumi et Denchu au milieu de cette
pièce, je ne ressentirai rien, si ce n’est que la stupide impression
d’être observé comme un messie.
- Ce que dit Deshi est plutôt pertinent. Tu as très bien pu voir
son futur, lié à toi d’une certaine manière…
Fit remarquer Hitomi.
- Non, je n’ai pas vu son futur. J’ai vu une femme, certes, une
reine il me semble, son visage est vague et peu familier. Et j’ai vu une
fillette en train de pleurer. Rien d’autre.
- Bien. C’est tout ce que je peux vous faire partager aujourd’hui.
J’espère vous avoir éclaircis plutôt qu’embrouillés.
En tout cas, à force de méditation avec ces nouveaux souvenirs,
je serai bientôt en mesure de tout démêler et de tout dater.
Les Soldiers se retirèrent tous du temple où Hitomi les avait amenés. Ils restaient perplexes et songeurs. Takeshi rejoignit Denchu pour lui faire part de ses réflexions :
- Hey ! En
prince, tu me trouvais pas mal, non ? Tu rougissais quand on dansait ensemble
!
- C’est du passé ! Rétorqua Denchu.
- Moé, enfin bon, si au passé tu as eu cette pensée, c’est
que le présent ne doit pas être si différent.
- La vache, que ce soit au passé ou au présent, tu ne me lâche
jamais ! Tempêta-t-elle complètement perdue dans ses idées.
- … Tu étais plus cordiale par le passé… Bougonna-t-il.
Les Soldiers rentrèrent et l’horloge sonnait onze heures du soir. D’un commun accord, ils s’en furent à leurs lits approuvant la maxime « la nuit porte conseil ». Ils ne restaient plus que deux jours avant le nouvel an, et ils n’avaient pas vraiment avancé dans la préparation de la petite fête. C’est pourquoi le lendemain tout le monde se lèverait tôt pour fignoler les détails.
~*~
D’un
côté, Deshi et Denchu s’étaient proposées pour
choisir une robe pour Yumi qui avait déchiré la sienne la veille.
Takeshi, en voyant les ingrédients dont il disposait eut l’idée
d’un nouveau plat, mais il fallait acheter de nouvelles marchandises et
notamment des fruits. Toya voulut l’accompagner. D’un autre côté,
Kima et Haneru s’étaient chargés de la décoration
du salon, et c’était bien là où il manquait du matériel
– selon Kima – pour relooker la pièce et lui donner l’aspect
festif qu’elle aimait tant.
Aussi, en se levant un peu plus tard que les autres, Kasumi avait trouvé
la maison vide et décida de faire un brin de ménage en attendant
que tous reviennent. Elle débarrassa la table du petit déjeuner,
puis s’affaira dans la cuisine où elle se promit de ne pas sortir
tant que tout ne brillerait pas.
Le réveil
affichait 11h37 et Satoshi émergeait doucement de sa nuit sans rêve.
Les premiers pas qu’il fit dans la chambre résonnaient dans sa
tête et le lançaient terriblement. Mais pourquoi Hitomi nous
a fait revivre ce truc ? Si la mémoire l’a effacé, c’est
qu’il y a une raison ! Bougonnait-il en s’habillant. Le bruit
de l’aspirateur s’arrêta enfin, et une partie des bourdonnements
intérieurs cessa. Le placard se referma, la porte d’entrée
claqua et Satoshi se décida à sortir de sa chambre.
La salle de bain semblait être la meilleure des médecines concernant
un mal de tête : un peu d’eau fraîche sur le visage et la
journée commencerait à se dévoiler sous un jour meilleur.
Il ouvrit le meuble-miroir lui faisant face afin d’accompagner ce geste
de fraîcheur matinal par un cachet d’aspirine. C’est en refermant
le meuble qu’il se coupa le doigt. Merde ! Ca fait un mal de chien…
Rageait-il en plongeant son doigt au travers du filet d’eau clair qui
se teintait de rouge.
Bon,
il faut tâcher de les retrouver maintenant ! Se disait Kasumi à
la sortie de la pension. Par où sont-ils passés… Concernant
la décoration, Kima serait plutôt allée chez l’artisan
Idefix, donc ils ont pris à droite ! A moins qu’ils ne soient allés
chez Renaissance du salon, donc à gauche… Pfff ! Mais pourquoi
sont-ils si tête en l’air ?!
Kasumi, à court d’idée et de destination, s’assit
près de la fontaine marquant le croisement des commerçants de
la ville. Kima et Haneru avaient oublié leurs portefeuilles avec la liste
des objets à acheter et Kasumi ne savait pas chez quel commerçant
ils étaient allés, surtout qu’ils sont tous deux aussi éloigné
l’un que l’autre de la pension et un mauvais choix induirait qu’eux
aussi perdent leur temps à passer à la pension récupérer
leur argent. Et bien sûr, Satoshi est parti avec mon portable…Elle
n’avait d’autre solution que de rentrer à la maison.
Sur le chemin du retour, elle regarda la liste de course. Un détail attira
son attention : sur la liste était écrit « confettis, serpentins,
guirlandes, baozhu… » Il lui revint en mémoire que les baozhu
étaient des petits pétards chinois et que seul le magasin Idefix
en proposait. Fière de sa déduction, elle fit demi-tour, se mit
aussitôt en marche et tournerait à gauche au croisement des commerçants.
A peine arrivée près de la fontaine, Kasumi entendit un craquement
derrière-elle. Elle fit aussitôt volte face, mais rien ne trahissait
la présence de quelqu’un. La jeune fille se retourna à nouveau
et accéléra son pas.
Une main agrippa sa doudoune et Kasumi se retourna en assénant un coup
sur la main qui l’avait arrêtée.
- Satoshi ? Oh, pardon ! Idiot, tu m’as fait peur. Pourquoi tu t’es caché tout à l’heure ?
Satoshi, plié en deux se tenait la main et sa respiration était haletante.
- Satoshi,
ça va ? Qu’est-ce qu’il y a ? Je t’ai fait mal ? Excuse-moi,
je croyais que quelqu’un me suivait…
- La croyance est une affaire de religion… Réussit-il à
dire d’un souffle rauque.
- Pa… pardon ? Bredouilla-t-elle en s’éloignant lentement
de lui.
Satoshi lui jeta un regard noir et se jeta sur elle. Sous le coup de la surprise, Kasumi ne put rien faire et ils tombèrent à la renverse dans la fontaine. Il n’y avait personne aux alentours, et le jeune homme pris de folie la maintenait si bien qu’elle ne pouvait se libérer pour prendre son stylo et se transformer.
- Mais… MAIS QU’EST-CE QU’IL TE PREND ?! Lui hurlait-elle.
Plus elle tentait de se débattre, plus il la maintenait fermement. Il sourit et lui souffla à l’oreille :
- Ca te fait
quoi de mourir par la main de celui que tu aimes ?
- MAIS LACHE MOI, TU ES COMPLETEMENT FOU !!
- Je vais t’accorder une faveur. Avant de mourir, tu auras le baiser que
tu attendais tant. N’est-ce pas romantique ?
Kasumi, prise de stupeur arrêta de se débattre, pour regarder avec horreur celui qui la dominait. Il était calme et ne lâchait pas prise.
Il s’approchait
doucement de Kasumi qui fermait les yeux et tournait la tête en tentant
de se libérer. Puis les yeux de Satoshi perdirent toute connaissance,
la pression autour des bras de la jeune fille se relâcha, et il retomba
sur elle avant de se volatiliser, ses cendres volant vers le jeune homme qui
faisait face à Kasumi.
Il était en contre jour et Kasumi avait du mal à se relever, face
au choc qu’elle avait subit. Ce ne fut que lorsqu’il lui parla qu’elle
reconnut sa voix.
- Ca va,
il ne t’a rien fait ?
- … Satoshi ?!
- Il ne t’a rien fait ! Répéta Satoshi, anxieux.
- Non… mais, qui était-ce ? Il te ressemblait tellement !
- Tout à l’heure, dans la salle de bain, je me suis blessé.
Les gouttes de mon sang ont coulé dans l’eau. Le reflet de l’eau
a surgit et m’a étranglé, on s’est débattu
et il m’a assommé. Pas de beaucoup. Juste sonné, vu que
j’avais déjà mal à la tête, ça n’a
pas arrangé, mais il a dû croire que j’étais plus
blessé que ça et il m’a laissé tel quel. Quand je
me suis relevé, j’ai à nouveau entendu la porte claquer
et j’en ai déduis qu’il s’était mis à
la poursuite de la personne qui venait de quitter les lieux. J’ai eu du
mal à me relever, mais je n’ai pas eu de mal à le retrouver…
Et je vous ai vus… Lui expliqua-t-il d’un air dégoûté.
- C’était ton double ? Lui demanda Kasumi qui tentait de tout assimiler.
- Je ne sais pas… Après le coup du miroir, je devenais instable.
Parfois j’avais l’impression que quelqu’un d’autre que
moi prenait possession de mon corps : j’avais des absences. La blessure
qui n’a pas cicatrisé, c’était parce qu’un éclat
du miroir était encore présent.
- Mais alors, ça signifie qu’il peut revenir à tout instant.
- Non, non ! Lorsque je l’ai éliminé, la plaie qui ne faisait
que suinter s’est cicatrisée de suite. Regarde, il n’y a
aucune marque ! Lui dit-il en relevant son T-shirt au niveau du nombril, ce
qui ne manqua pas de faire rougir Kasumi.
- Euh, oui, oui… Tu es vraiment sûr qu’il ne reviendra pas
? Lui demanda-t-elle en le regardant dans les yeux cette fois.
- Oui, j’en suis sûr ! D’ailleurs je n’ai plus mal à
la tête.
- Et… en tant que double, tu voyais ce qu’il pensait, ou ce qu’il
disait ?
- Comme je te l’ai dit, j’avais des absences. Donc je n’ai
aucune information sur le réseau ennemi.
Kasumi poussa un soupir de soulagement. Elle ne sut guère si elle était libérée de la peur de ne pas revoir ce double maléfique ou si son soulagement était dû à ce que Satoshi ne sut rien de tout ce que son double avait pu dire.
- Bon, toujours
est-il qu’il faut en parler aux autres. D’ailleurs, tu as mon portable
?
- Je… euh… ben… en fait, ton portable…
- Oui ? Appuya-t-elle avec une certaine pointe d’agacement.
- Ben, il se trouve que je l’avais dans la poche de mon pantalon et il
n’a pas survécut au choc que l’autre a asséné.
- Tu veux dire le choc que TU lui as assené… Dit-elle en montant
un peu plus dans les aiguë à chaque mot.
- Je ?! Non, c’est mon double, en m’assénant le premier coup
dans les jambes !
- Et TON double… Il vient d’où à ton avis… De
toi ! Aaaah, tu m’énerves ! Je ne te prêterai plus rien,
tu casses tout, tu ne respectes pas les affaires des autres, c’est incroyable
!
Satoshi souffla d’habitude et n’ajouta rien. Il était trop fatigué, et le mal de tête qu’il se croyait débarrassé commença à le lancer doucement. Mais il s’en inquiéta peu, sachant d’où il provenait.
~*~
Le groupe,
une fois informé des dernières nouvelles se voulut plus prudent,
mais en aucune manière le nouvel an ne serait annulé, et la fête
devait être des plus belles que la pension ait connue.
Les mesures de précaution obligeaient les Soldiers à faire la
fête transformés, ce qui laissa place à quelques débordements…
Ocean glaçait les boissons de Satoshi, Flower faisait pousser du gui
un peu partout, Psy le déplaçait lorsque Fire s’en approchait
trop près, Thunder, assez chauffée par le comportement de Earth
à rouler des mécaniques, avait fait sauter les plombs. Les bougies
avaient toutes été sorties et Fire, sous le regard ébahi
de Yumi, les alluma toutes d’un coup.
La fête resta bon enfant. Elle s’attarda sur les jeux de sociétés
: un Pictionnary mime, un trivial poursuite et un Taboo, puis se termina sur
un DVD. Enfin, le roi du silence l’emporta et tous s’endormirent
dans le salon, sous la musique répétitive d’introduction
du DVD que Yumi éteignit avant de rejoindre les bras de Takeshi.
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