8- Après la tempête...
Le
mardi était un des jours préférés de Denchu car
elle commençait à dix heures du matin par deux heures de sport
puis l’après-midi était consacré aux Travaux Pratiques
avec son professeur adoré : Monsieur Gourdan.
Mais ce jour-là était un jour maudit pour celle-ci, car non
seulement elle venait de faire un score plutôt médiocre –
pour elle – lors de l’examen d’athlétisme, mais en
plus, M. Gourdan n’était toujours pas revenu.
Aussi Denchu traînait des pieds pour aller au laboratoire, d’autant
plus qu’elle n’avait pas préparé son exercice d’apprentissage
pour la préparation d’aujourd’hui.
Sa seule consolation du jour était qu’elle n’avait pas
eu à subir les remarques de Takeshi de toute la matinée –
elle s’était levée à sept heures pour aller en
permanence, ce qui lui dispensa de prendre le petit déjeuner que Takeshi
préparait à huit heures ce jour là. De plus, les cours
de sports n’étant pas mixtes, Denchu n’avait pas de déconcentration
supplémentaire, ce qui ne l’avait pas empêché de
rater son épreuve. Je n’aurai pas non plus à le subir
en TP, pensait Denchu, car les placements en TP étaient libres.
- Commencez
la préparation comme l’indiquait la feuille, avec les mesures
que vous avez trouvé dans l’exercice qui était à
faire pour aujourd’hui, et que vous avez tous fait, je suppose ! Commentait
le professeur de sa voix désagréable.
- Soojin, c’était quoi les mesures de l’exercice ? Murmurait
Denchu à Soojin.
- Ben, j’espérais que tu aies fait l’exercice… S’inquiétait
Soojin.
- Bon, c’est pas grave, je vais demander à ceux de devant.
Mais à peine Denchu eut le temps de demander à Merilu les résultats de son exercice que le professeur Takchikawa claqua son livre sur la table :
- LE BAVARDAGE
N’EST PAS NECESSAIRE !
- Je demandais un mouchoir pour… S’expliquait Denchu.
- Tu n’as pas tes affaires en plus ?! Viens ici me faire l’exercice
! S’égosilla-t-elle.
Denchu,
qui n’avait pas l’habitude de se donner en public était
rouge de honte, d’autant plus que Takeshi la regardait – tout
comme les autres – mais il n’exprimait pas un sentiment de satisfaction,
comme elle l’aurait cru. Au contraire, il semblait inquiet de ce qui
allait lui arriver. Pourquoi fait-il cette tête là, c’est
bon, je ne suis pas en sucre !
Le professeur acariâtre plaça Denchu devant la classe et lui
demanda de commencer la préparation devant elle.
- Je n’ai
pas fait les exercices… Avoua Denchu, tête baissée.
- Pardon ? Et regarde-moi quand tu parles ! S’énerva le professeur.
Denchu tourna la tête vers le professeur dont l’expression du visage changea subitement !
- C’EST TOI ! La voix du professeur était rauque.
Sa bouche
s’étirait à n’en plus finir et ses yeux prirent
l’aspect de ceux du serpent. Le professeur était en train de
se métamorphoser devant les yeux des élèves, quand d’un
coup, un tentacule sortit de sa blouse et vint attraper la nuque de Denchu
pour l’enserrer. Les élèves étaient tous paniqués
et se ruèrent vers la sortie de secours au fond de la classe, laissant
Denchu seule aux prises du monstre. C’est ça, allez-vous-en
que je puisse me transformer ! Espérait Denchu, suffoquant à
moitié sous l’étreinte violente du démon qui lui
faisait face.
La jeune fille réussit à sortir son stylo pour se transformer,
mais le démon fit tournoyer sa proie pour mieux l’écraser
contre un mur, et Denchu en fit tomber le médiateur de son pouvoir.
Non, non !
La jeune fille était en panique, elle n’arrivait pas à
desserrer les tentacules qui l’étranglaient de plus en plus.
Elle était sur le point d’abandonner quand Takeshi se jeta sur
le tentacule du monstre et le déchira. La substance – qui aurait
du être du sang – coulait sur l’épaule du jeune homme
et le brûlait ! De l’acide ! Ragea-t-il.
Denchu reprit son souffle et jeta au loin la chose inerte qui entourait son
cou.
- TAKESHI, ATTENTION ! Hurla Denchu au jeune homme qui avait porté son attention sur la brûlure de son épaule.
Takeshi ne vit pas le coup venir, et un autre tentacule le lia au monstre.
- C’est ça, donne-moi toute ton énergie !
Takeshi commençait à être attiré vers la bouche du monstre qui s’élargissait de plus en plus. Denchu accourut pour aider le jeune homme, mais un tentacule l’en empêcha. C’est alors que Takeshi remarqua le stylo de Denchu non loin du monstre. Il facilita alors la tâche du démon en s’approchant lui-même de celui-ci et récupéra le stylo qu’il lança à la jeune fille.
- TRANSFORME-TOI VITE ! Lui cria Takeshi tout en s’accrochant à l’estrade fixée de la classe pour ralentir le mouvement de tirage.
Denchu
se transforma pour la première fois devant Takeshi qui la regardait
: les éclairs aveuglants enveloppaient le corps nu de la jeune fille
de manière artistique, et lui conférèrent la capacité
de débloquer ses pouvoirs pour pouvoir attaquer le monstre, ce qu’elle
fit sans plus attendre : les éclairs qu’elle avait lancés
se dirigèrent droit sur le démon qui lâcha prise et qui
laissa tomber lourdement Takeshi contre le coin de l’estrade. Le jeune
homme ne se relevait plus.
Une autre salve d’éclair, plus puissante, fut concentrée
au niveau de la tête du démon et l’acheva sur le coup.
Denchu scrutait le laboratoire, vide. Quelques fioles laissées sur
le bec bunsen laissaient apparaître des mixtures marron à l’odeur
désagréable. Puis, voyant que Takeshi ne bougeait plus, elle
se précipita vers lui, se baissa et posa la tête du jeune homme
sur ses genoux.
Sur le front de Takeshi, un mince filet de sang coulait, mais il respirait
normalement.
- Merci…
Murmura Denchu.
- Mmmh, de rien… Laissa échapper Takeshi.
- Et, excuse-moi de m’emporter si facilement ! Je trouve ça très
courageux ce que tu as fait.
- De quoi ? Te sauver la vie ? Oooh ma tête, ça fait un mal de
chien ! Takeshi se releva douloureusement, sa main posée sur son front,
et resta assis face à Denchu.
- Pas seulement… De ne pas avoir eu de rancune à mon égard…
Je ne sais pas si j’aurai fait la même chose que toi, je pense
que je t’aurai laissé te débrouiller pour te faire ravaler
ta fierté, et ce n’est qu’après que j’aurai
décidé d’agir… J’ai un sale caractère
! Avouait Denchu.
- Tu m’aurais vraiment laissé aux griffes de ce monstre ?
- Je ne sais pas, je pense oui…
- Tu sais, au début, je me demandais si je devais agir ou non, je ne
voulais pas que tu m’en veuilles encore, je ne voulais pas te voler
ta victoire, mais te voyant mal en point, j’ai…
- Tiens, de l’aspirine ! Coupa Denchu en lui tendant les plaquettes.
J’en ai toujours sur moi au cas où ! Dit-elle, encore rouge de
ses aveux.
- Ah, merci, ça va m’être utile, je pense ! Et qu’est-ce
qu’on va dire aux élèves ?
- C’est Kaho en général qui s’occupe de ça,
je crois qu’elle leur efface la mémoire avec l’aide de
Toya.
- Et c’est quoi au juste le pouvoir de Kaho ?
- Je ne sais pas… Avec son aide, nos pouvoirs se développent
et prennent plus d’importance. Elle augmente nos capacités mentales,
cependant elle ne peut faire rien d’autre que s’occuper de notre
apprentissage.
Denchu
aida Takeshi à se relever et l’accompagna à l’infirmerie
où elle le laissa sous la surveillance des infirmières qui lui
posèrent toutes les questions inimaginables pour savoir où et
comment il s’était fait cela.
La jeune fille était heureuse que Takeshi ait lui-même changé
le cours de la conversation, mais ce dont elle était encore plus heureuse
– bien qu’elle le cachait – c’était de pouvoir
reparler avec lui, sans qu’il y ait l’ombre d’une rancune.
- Réflexion faite, le mardi restera toujours mon jour préféré ! Fit Denchu sur le chemin du retour.
~*~
- Alors,
tu leur as sorti quoi comme excuse ? Demanda Toya à Takeshi qui laissait
apparaître un magnifique pansement Mickey Mouse sur le front.
- Qu’il y avait une bande de racailles devant le lycée qui voulait
me piquer mes affaires et que je me suis défendu vaillamment.
- Tu ne leur as pas dit les prises que tu as exécutées ? Ca
aurait pu faire un récit héroïque : le guerrier au pansement
de Mickey ! Se moquait Deshi en voyant Takeshi agrémenté du
ridicule pansement.
- Bon, ça va ! Elles n’avaient plus que ça en stock !
Au moins, ce n’est pas une blessure importante ! Et elles ont aimé
l’histoire que je leur ai racontée ! Se défendit Takeshi.
- Et toi, tu n’as pas gagné qu’un grotesque bandage ! Finassait
Deshi.
- De quoi parlez-vous ? Demanda Kasumi qui arrivait.
- De la façon dont Takeshi a réussi à gagner le cœur
de… Commençait Deshi qui fut interrompue par le coup de coude
de Toya.
- … Des infirmières ! Continua Toya.
Denchu venait d’arriver et salua tout le monde. Elle revenait juste de la superette d’à côté et avait les bras occupés par les sacs plastiques
- Tu as
acheté du Nutella ? S’empressa Deshi.
- Pas eu le temps… Ca fermait, j’ai juste pris le nécessaire,
répondit Denchu.
- Mais tu oublies que le Nutella est l’élément de survie
de Deshi ! Dit calmement Toya en débarrassant Denchu de quelques sacs.
Deshi commençait à ranger, aidée de Takeshi qui jetait de brefs coups d’œil en direction de celle qui l’avait pardonné. Le soleil couchant donnait des tons orangés à la cuisine et enveloppait Denchu d’une lumière divine : ses cheveux avaient l’aspect de fils d’or, et les rayons de soleils qui allaient se fixer dans ses yeux les faisaient briller de milles éclats, laissant parfois apercevoir des pépites jaunes réchauffant quelque peu son regard glacier.
- Takeshi, tu fais attention un peu à ce que tu fais ?
Takeshi fut interrompu de sa rêverie par Deshi, étonnée, qui le regardait ranger les yoghourts dans le tiroir à couvert…
- C’est
normal que ça ne ferme pas ! N’insiste pas, tu… Aaah, je
comprends ! Je sens que tu as des choses à me raconter ! Paria Deshi.
- Et si elle te racontait quelque chose, tu me le dirais ?
- Occupes-toi de ranger les yoghourts à leur place, se contenta-t-elle
de répondre.
Kasumi
rangeait le lave-vaisselle, assistée de Satoshi. Elle ne comprenait
pas trop l’issue de la scène à laquelle elle avait assistée
la veille, mais cela semblait s’être passé pour le mieux.
Elle trouvait Takeshi attendrissant et surtout protecteur comme à son
habitude envers Denchu depuis qu’ils s’étaient installés
dans la pension.
La rouquine n’en espérait pas tant de Satoshi, mais elle souhaitait
que les pouvoirs du jeune homme lui permettent d’acquérir un
peu plus de maturité, et qu’il ne la voie plus comme une «
emmerdeuse ».
Satoshi, justement, cherchait à attirer le regard de sa complice, qu’il
ne mit pas longtemps à capter :
- Observe comment Denchu regarde Takeshi ! Lui murmura-t-il en faisant mine de ranger une assiette près de l’endroit où était Kasumi.
Kasumi étudia le regard de Denchu qui semblait être timide et inquiet. Lorsque Takeshi tournait la tête vers la jeune fille, elle détournait vite son regard vers les sacs plastiques vides laissés sur la table.
- Mais
qu’est ce que vous avez tous aujourd’hui ! Satoshi, tu es en train
de ranger l’assiette dans le placard à condiment ! Se consterna
Deshi.
- Euh, ah oui, tiens, ça a changé de place ! Souriait bêtement
Satoshi.
- … Bon, allez, c’est bon, tu as gagné ! Va jouer à
Zelda, je m’en occupe ! Lui dit Denchu.
- Euh oui, mais j’ai besoin de Kasumi pour cela : elle est copilote
officielle !
- Bon, et bien, Kasumi, va rejoindre Satoshi à la Nintendo ! Souffla
Deshi.
~*~
- Finalement
Takeshi ne se débrouille pas si mal, déclara Deshi à
Toya.
- Oui, il a réussi à la faire changer d’humeur à
son égard. C’est un véritable exploit !
- Si je pouvais en faire autant avec toi, ironisa Deshi.
- Ah oui, mais moi, ce n’est pas pareil…
- Et pourquoi non ? Vous avez le même caractère de cochon tous
les deux !
- Correction : Denchu a un caractère de cochon, moi… je suis
mystérieux, lança Toya, avec cet air de nonchalance qui avait
le don d’enflammer la pauvre Deshi.
- Humpf… Tu es bien présomptueux, bougonna Deshi, dont les joues
viraient au rouge tomate.
- Ah vraiment ? Questionna Toya.
Tout en disant cela, il s’approcha lentement de la jeune fille, plantant son regard brun ténébreux dans le sien. Deshi sentait son cœur battre à tout rompre. Elle voulait se détacher, elle savait qu’il n’irait jamais jusqu’au bout de ses gestes mais elle restait plantée devant lui, en espérant juste qu’il ravale son ego et qu’il lui offre ne serait-ce qu’une demi-seconde de rêve. Toya était maintenant tout près.
- C’est
marrant ces rougeurs sur tes joues ? C’est de la gêne ou de la
timidité ? Demanda très doucement Toya.
- Je… non… c’est…
- Toya ?
Le jeune homme se releva brusquement. Kaho était derrière les deux jeunes gens.
- Je suis
navrée de vous déranger, s’excusa-t-elle, mais Toya n’as-tu
pas oublié notre séance ?
- Ah… euh oui, bafouilla le jeune homme. Je suis désolé,
j’arrive tout de suite.
Deshi les
regardait s’éloigner avec un horrible pincement au cœur.
Décidément, elle était la seule à ne pas aimer
Kaho dans cette maison.
« Je suis navrée » de mes deux, oui ! Elle me le vole
à chaque fois qu’on est dans des instants de pseudo intimité,
enrageait Deshi.
Il faut dire que les sentiments de la jeune fille pour Toya n’étaient
pas très difficiles à deviner. Depuis qu’ils se connaissaient,
à l’âge de cinq ans, Deshi était tombée complètement
sous son charme inaccessible. Et même s’il ne s’était
rien passé depuis, elle avait le secret espoir qu’elle ne le
laissait pas indifférent.
~*~
Toya était revenu de la séance passée avec Kaho l’air grave.
- Qu’est ce qu’il y a ? Questionna Takeshi.
- Pendant la séance que j’ai eue avec Kaho, on a eu une vision
au moment où nous étions concentrés sur les monarques…
S’assombrissait Toya au fur et à mesure qu’il parlait.
- « On a eu », et gnagnagna… S’exaspérait
Deshi à l’entendre parler.
- Pchii, ça peut être important ! L’avertissait Denchu.
- Nous avons vu la ville complètement détruite, des démons
l’avaient envahie et je crois qu’il ne subsistait que quelques
uns d’entre nous… Nous n’étions pas tous présents,
expliquait Toya avec insistance en regardant lourdement en direction de Deshi
et de Denchu. Puis j’ai vu une explosion se produire, et plus rien.
- Qu’en a dit Kaho ? Demandait Deshi qui frissonnait quelque peu par
les paroles de Toya mais surtout à cause de l’intensité
de son regard.
- Qu’il fallait impérativement trouver au plus vite les monarques,
car dans cette vision, nous ne les avions pas découvert à temps
et nous n’avions pas eu le temps de réveiller leur pouvoir :
ils ont été pris sur le vif et sont morts avant même d’avoir
pu faire quoique ce soit.
- Vous avez vu les monarques mourir ? Questionna Kasumi qui écoutait
attentivement depuis le début de la conversation.
- Non, c’était la supposition de Kaho. Selon elle, seuls les
monarques peuvent nous sauver mais il faut les trouver, sinon… Enfin,
voilà ce qu’il adviendrait.
Tous étaient quelque peu troublés par
la venue de cette nouvelle : aucun ne reprit l’activité qu’il
avait commencée. Ils réfléchissaient à l’issue
qui pouvait les emmener vers les monarques, vers l’issue qui les amenait
vers l’espoir de vivre sans peur d’une fin incertaine.
Voyant Toya l’air sombre, Deshi ne put s’empêcher de s’approcher
de lui, n’était-ce que pour le rassurer, mais dès qu’il
vit son mouvement, il l’évita et se retira de la pièce.
Est-ce que c’est parce qu’il m’a vue mourir ? Se
confortait-elle du mieux qu’elle pouvait de l’indifférence
de Toya à son égard.
- Il est maladroit, il n’aurait pas su quoi te dire.
Deshi se retournait vers Denchu, qui une fois de plus venait de trouver les bonnes paroles pour que son amie retrouve le sourire.
- Bon, il ne reste pas quelques courses à ranger ? S’empressa de demander Deshi, le sourire toujours aux lèvres, mais les yeux brillants, dont les larmes n’allaient pas tarder à couler. Ohla ! Les oignons de ce midi ont bien imprégné les murs de la cuisine, c’est fou ce qu’ils sont forts !
Takeshi se tourna vers Denchu pour en tirer la même conclusion, mais Denchu ne regardait Takeshi que du coin de l’œil, s’assurant à la fois qu’il avait saisi les difficultés que rencontrait la jeune fille envers Toya et se préservant d’une éventuelle faiblesse.
- En gros, si je résume la situation : nous devons
retrouver les monarques pour que leurs pouvoirs s’éveillent afin
de sauver la terre d’une menace démoniaque… Et nous sommes
les clés de chaque gardien, intima Satoshi.
- Et une fois qu’on les aura retrouvés, qu’adviendra-t-il
de nous ? S’enquit Kasumi.
- Nous remettrons nos pouvoirs entre leurs mains, car nous ne sommes que les
messagers… Répondit posément Denchu.
- Et nous nous devons de les protéger, continua Deshi qui se passait
le visage sous l’eau pour faire disparaître les dernières
larmes retenues.
- Nous… nous pourrions mourir pour eux ? S’inquiétait Kasumi.
Je veux dire, nous ne sommes rien d’autre que leur garde du corps ?!
- Tu ne trouves pas ça beau, Kasumi ? Mourir pour protéger les
messies qui sauveront le monde d’une destruction méphistophélique…
Intervint Deshi, l’air évasif.
Kasumi avait baissé la tête, son corps était agité de tremblement convulsif…
- NOOOOON !! VOUS… VOUS M’AVEZ MENTI ! Je refuse ! Je ne veux pas servir de chair à canon, je ne veux pas finir ainsi !! Je me passerai de mes pouvoirs, donnez-les à une personne qui aura le courage de l’accepter !
C’était la première fois que Kasumi
voulut abandonner. Certes, le choc de savoir que les démons pouvaient
prendre forme humaine et attaquer à n’importe quel moment l’avait
complètement affolée et avait rompu cette sérénité
qui l’entourait.
Pourtant, elle avait été confrontée à des démons
plus puissants et des situations peu ordinaires dès le début,
mais elle avait confiance au fait qu’ils s’en sortiraient toujours
et la prédiction de Toya avait ébranlé ses convictions
les plus fondées.
Satoshi avait toujours connu Kasumi comme une fille tenace et confiante. Il
apercevait pour la première fois sa fragilité et sa sensibilité
à fleur de peau. En effet, entourée de deux garçons,
la jeune fille devait se montrer à la hauteur pour se faire entendre
: elle devait passer outre les remarques les plus blessantes de ses compagnons
de voyages, et plus particulièrement de Satoshi pour qui elle éprouvait
des sentiments plus profonds et plus ébranlables.
S’apercevant de la portée des paroles qu’elle venait de proférer, Kasumi n’avait qu’une alternative pour se préserver de la déception que ses amis éprouveraient pour elle… Fuir !