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11- Désillusions

7h00

L’odeur du petit déjeuner montait jusque dans la chambre de Satoshi – et de Kasumi – qui avaient passé une bonne nuit… Ce qui n’était pas de l’avis de tous.
Bien que Deshi et Toya fussent toujours aussi fatigué le matin, ils n’avaient pas particulièrement bien dormi, du moins c’est ce qu’il en paraissait lorsqu’ils en parlaient le matin :

- Tu es vraiment chiante !! Tu as bougé toute la nuit… Maugréa Toya dès le réveil.
- Moi au moins, je ne ronfle pas… Réfuta calmement Deshi.
- HEIN ?! Arrête de dire des conneries, je ne ronfle jamais !
- Et moi je n’ai pas bougé de la nuit…
- Comment peux-tu en être aussi sûre ? Demanda Toya, dubitatif.
- Parce que je n’ai pas dormi de la nuit.
- A cause de quoi ? Tu étais anxieuse ? S’inquiéta Toya.
- Si je te disais que c’était à cause de tes ronflements, ce serait mentir car, en effet, tu n’as pas ronflé.
- Alors quoi ?
- Rien… C’est juste qu’il y a eu un concours de circonstances qui a fait que je ne pouvais pas fermer l’œil de la nuit… Et si je bougeais, c’était pour éviter que tout mon corps ne s’endolorisse à rester dans la même position et à être comprimé par un certain poids.

Toya ne répondit rien, et s’en retourna à son chocolat chaud. Elle doit être de mauvais poil pour me sortir ça…
Quel tact, je vous jure… On dort ensemble, et la première phrase du réveil est digne des plus grands bonjours… Pire que d’habitude, se renfrognait Deshi.

Pour ces deux là, la journée ne commençait guère bien, quant à Denchu, elle semblait être clouée sur son bol :

- Ca va Denchu ? Lui demanda Deshi.
- Hmm…
- Je vois ! Toi aussi tu as mal dormi ! Plaisantait Deshi pour oublier la conversation avec Toya.
- Hmm…

Ce que Deshi ne vit pas, c’est que Denchu n’était pas aussi fatiguée qu’elle le laissait supposer, mais elle était confuse… Avoir passé la nuit au côté de celui qui tentait de la faire tomber dans son filet la laissait à découvert.
Qu’est ce que j’ai pu être faible… ! Mais qu’est-ce qui m’a poussée à faire ça… ? J’avais pourtant compris la leçon !

- Tu ne vas pas bien, Denchu ?
- C’est lui… Mais qu’est ce que je vais faire, mais qu’est ce que je vais faire ?
- Non, ce n’est rien Takeshi… Elle est juste un peu fatiguée, répondit Deshi en fixant les yeux de Denchu qui s’attardaient sur son bol.
- Ah… Au fait, où sont Satoshi et Kasumi ?

~*~

Kasumi s’était réveillée en même temps que Takeshi, mais n’avait pas bougé d’un centimètre, même en sentant la bonne odeur des chocolats chauds que son « grand frère » avait préparés pour tout le monde.
Ainsi, Kasumi restait dans le lit, laissant sa main sous celle de Satoshi, qui avait dû par mégarde l’avoir laissée reposer sur celle de son hôte.
Au fur et à mesure que l’heure avançait, Kasumi ne craignait qu’une chose : qu’on vienne les réveiller pour aller au collège.
Cependant, ce ne fut pas Takeshi qui mit court à ses rêveries, mais Satoshi qui commençait à émerger :

- Mmmmh… Il est quelle heure ?

Kasumi referma ses yeux pour ne pas à avoir à affronter le regard de Satoshi, mais celui-ci ne fut pas aussi prévenant et délicat qu’elle :

- KASUMIIIII !!!! IL EST HUIT HEURES MOINS DIX !! ON VA ÊTRE EN RETARD, LÈVE-TOI !! Hurla-t-il en secouant la malheureuse dans tous les sens.
- O-Oui, j-je sais !
- MAIS POURQUOI TU M’AS PAS REVEILLÉ ?!!

~*~

- Ah non, ils ont l’air réveillé… Se reprit Takeshi.
- C’est vrai qu’il y a de l’activité là-haut ! Continua Deshi.
- Bon, je vais y aller… Pas la peine d’avoir un autre billet de retard à cause d’une tierce personne, informa Toya de son air le plus désagréable en sous-entendant Deshi en tant que tierce personne.

Deshi ne répondit rien car il était inutile de discuter avec Toya lorsqu’il se levait du mauvais pied. Malgré tout, ce fut la première à être prête avant tout le monde, c’est pourquoi elle décida de poursuivre son chemin seule pour s’aérer l’esprit des sautes d’humeurs de la pension.

- Hey, Deshi ! Attends-moi !
- Oh, excuse-moi Denchu, j’étais dans la lune… Aah ! Ca y est, tu es réveillée ! Plaisanta Deshi.
- Je, euh… oui.
- Tu as quelque chose à me dire, non ? Ca à un rapport avec Takeshi ?

Denchu ne répondit pas, son visage piqué par le rouge le faisait pour elle.

- J’en étais sûre ! Alors que s’est-il passé ?
- Rien… Ce qui est impensable, c’est que j’y sois allée de moi-même !!
- Et alors, c’est bon signe : ça devient naturel ! L’encourageait Deshi.
- Non ! Il ne le faut pas !! Je ne veux pas me faire piéger encore une fois !! S’alarma cette dernière.
- Ecoute Denchu, tous les mecs ne sont pas comme Ryu… Lui, c’était un cas de force majeur !
- Il était comme Takeshi au début… Oooh, je les hais tous !

Denchu mit ainsi fin à la conversation et accéléra le pas pour ne pas avoir à affronter la philosophie de Deshi sur ce qu’il s’est passé et sur ce qu’il se passe en général… En général… Il n’y a plus de généralité dans mon monde.

~*~

- Vous êtes bien matinaux aujourd’hui ! Et moi qui pensais voir tout le monde ce matin !
- Oh, Kaho !
- Il n’y a que toi, Takeshi ? A moins que les autres dorment…
- Euh non, en fait j’attendais Toya pour partir. Par contre, Satoshi et Kasumi vont être un peu en retard.
- L’école n’ouvre ses portes qu’à neuf heures et demie… Je vois que vous n’avez pas pris connaissances des circulaires que je vous ai distribuées ! Laissez-moi deviner, elles doivent être encore dans la boîte aux lettres ! Supposa l’amusée en ouvrant la boîte aux lettres où les circulaires concernant le programme de la semaine tombèrent à ses pieds.
- Ah ben tant mieux !! S’exclama Satoshi qui descendait les escaliers à moitié habillé, j’aurai au moins le temps de prendre mon petit déjeuner ! KASUMI, NE TE PRESSE PAS, ON A COURS DANS UNE HEURE ET DEMIE !
- Bon, eh bien je repasserai quand il y aura tout le monde. Je n’avais pas une information d’une importance capitale à vous faire passer, mais j’aurai voulu que tout le monde soit là.
- Ok Kaho, bonne journée ! Hey, Takeshi, tu me fais un chocolat pas trop chaud, et pour Kasumi aussi, avec beaucoup de mousse ?
- Il me semble que tu as une heure et demie devant toi, non ? Alors tu feras ton petit déjeuner tout seul comme un grand, car ce n’est pas restaurant ici !

Ayant dit ces mots, Takeshi s’en retourna dans sa chambre pour prévenir Toya de l’ouverture tardive de l’école. Au passage, il croisa Kasumi qui descendait aller manger, les cheveux encore mouillés de sa douche prise rapidement.

- Tiens, je t’ai préparé ton chocolat, lui dit Satoshi alors qu’elle prenait place sur une chaise qui tenait à peu près debout.
- Ah, merci !

Satoshi apporta les deux bols à table et contempla en silence Kasumi, les cheveux lâchés.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? Il y a quelque chose sur ma figure ? Demanda Kasumi.
- Non, rien du tout… Je trouvais juste que les cheveux détachés t’allaient bien… Arf, c’est parce que j’ai pas l’habitude de les voir coiffés comme ça ! Se reprit Satoshi après s’être rendu compte qu’il rougissait en prononçant ce dont il pensait à l’instant.
- Me… merci ! Répondit-t-elle, visiblement gênée par ce commentaire inattendu.

La journée s’annonce comme excellente : j’ai dormi avec Satoshi, on commence plus tard et il m’a fait un compliment ! J’espère qu’elle continuera ainsi, sans l’ombre d’un démon ! Pensait Kasumi.

~*~

Arrivée devant les portes de l’école, Deshi aperçut Denchu adossée contre les grilles.

- Tu ne rentres pas ?
- A vrai dire, au début, j’ai commencé par t’attendre, puis voyant que tu prenais ton temps, j’ai voulu entrer mais les grilles de l’école sont fermées… Avoua Denchu.
- « Avis aux étudiants : à titre exceptionnel, les grilles de l’école n’ouvriront qu’à 9h30 »… Bon, et bien je vois que l’information ne passe pas chez tout le monde ! Plaisanta Deshi après avoir lu le rappel sur la grille.
- Kaho aurait tout de même pu nous prévenir ! S’accabla Denchu.
- Tout à fait d’accord avec toi ! Elle n’a pas l’air de beaucoup se soucier de nous ! Tu parles d’un mentor ! Critiquait Deshi.
- Je vous avais envoyé des circulaires il y a une semaine vous indiquant les horaires d’ouverture de l’école et vos programmes d’entraînement, fit remarquer Kaho tout en ouvrant les grilles. Allez donc vous poser à l’intérieur, vous serez au moins confortablement assises.

Kaho repartit en direction du pensionnat, laissant seules les deux jeunes étudiantes assez gênées de son apparition soudaine.

- A propos, je ne voulais rien ajouter de plus tout à l’heure, conclut Deshi.
- Hin, il faut toujours que tu finisses la phrase que tu as commencée ! Plaisanta Denchu.
- Tu me connais mieux que personne ! Répartit Deshi tout en regardant à droite et à gauche. Enfin bref, Kaho doit me détester… Elle va sûrement concocter un truc contre moi vu toutes les gaffes que je fais contre elle ! J’espère simplement qu’elle ne va pas me refaire faire le premier niveau d’entraînement !
- Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même !
- Eh oh ! Un peu de gratitude quand même ! Je ne t’ai pas sorti ça quand tu as dit que tu regrettais ce que tu as fait cette nuit ! Riposta Deshi d’un air sournois.

Les jeunes filles entrèrent dans l’établissement vide et prirent place en salle de permanence car les autres salles n’ouvraient qu’à 9h30. Elles commencèrent ainsi leurs devoirs qu’elles n’avaient pas pu faire la veille étant donné l’incident qui s’était produit au pensionnat.

~*~

De leur côté, Takeshi, Toya, Kasumi et Satoshi prirent ensemble le chemin de l’école, discutant tous de choses et d’autres, en évitant cependant de reparler de la soirée bien que Takeshi brûlait d’envie de tout confier à Toya et surtout, de connaître ce qui effrayait Denchu à ce point.

- Au fait, vous savez pourquoi Kaho est venue ce matin ? Demanda Kasumi.
- Euh non, elle a dit que ce n’était pas très important, mais qu’il fallait qu’on soit tous ensemble… Répondit Satoshi.
- Maintenant que j’y pense, elle n’a pas l’habitude de venir pour des broutilles, se souvint Takeshi. Aaah ! Mais je sais !! Ca doit être pour l’anniversaire de Satoshi, murmura t-il ensuite à Toya.
- Ben, ce serait sympa, mais Kaho n’est pas de ce genre là, elle est plutôt absente pour ne pas entraver notre intimité.
- Oh, c’est con, les dates concordaient bien… Regarde : samedi prochain, c’est presque la fin de l’école et on sera le vingt-huit juin… Il faudrait qu’on prévoie quelque chose, non ? Du moins si Kaho n’a rien prévu ! Se réjouissait Takeshi à l’idée de faire un bon gâteau – qui risquait de faire encore plus plaisir à Deshi – .
- Oui, on va prévoir quelque chose…
- On peut savoir ce que vous mijotez tous les deux ? S’irrita Kasumi d’être laissée à l’écart de la conversation entre Toya et Takeshi.
- Oh, laisse Kasumi, ils doivent encore faire des blagues bien grasses sur Kaho tel que je connais Takeshi… S’en moqua Satoshi qui n’était pas plus heureux d’être laissé en dehors d’une conversation de garçon.
- Maais non, rôôôh, qu’est ce que vous pouvez être susceptibles tous les deux ! Vous n’êtes pas Cancer pour rien ! S’exclama Takeshi.
- Ne vous inquiétez pas, nous faisions juste certaines hypothèses quant à la venue soudaine de Kaho, et nous ne voulions pas vous inquiéter, ni vous troubler par ce que nous avons pu en déduire, ajouta Toya.
- C’est déjà fait… S’indignèrent en même temps Kasumi et Satoshi.

Puis, Toya se retourna vers Takeshi et ajouta à voix basse :

- Et voilà comment le poisson est noyé : ils auront de quoi penser toute la journée !
- Je l’admets… Bien joué !

~*~

La journée se déroulait tranquillement pour les Soldiers. De manière trop lente pour certains comme Satoshi et Kasumi qui voulaient savoir ce dont il était question de l’intervention de Kaho, et de manière trop rapide pour d’autres, qui avaient un Devoir Surveillé le lendemain et qui n’avaient pas eu le temps d’apprendre leurs leçons.
Denchu et Deshi, mises au courant bien plus tard des informations que voulaient transmettre Kaho, se sentirent mal à l’aise :

- Tu crois que c’est à cause de ce qu’on a dit ? Craignait Deshi.
- Je sais pas… S’inquiétait non moins Denchu.
- Ah, elle vous a vues ? S’enquit Takeshi.
- Tu es au courant ?! S’empressa de demander Deshi.
- Ben… Oui, elle nous a vus ce matin même, vers huit heures, répondit Toya de son air taciturne.

Deshi et Denchu poussèrent un soupir de soulagement : les heures ne permettaient pas de supposer que Kaho dut parler des comportements de l’équipe, car elle les avaient vues bien après être passée au pensionnat.

- Aaaah ! C’est à cause de vous que Kaho veut nous voir ! Se rassurait Satoshi.
- Et tu aurais trouvé ça rassurant ? Grogna Deshi.
- Euh… Enfin oui et non : oui car ce n’est pas vis-à-vis des démons que l’on devra combattre, et non parce que ça vous concerne ! Se rattrapa Satoshi.
- Moué, tu as encore du chemin à faire pour avoir du tact et de la diplomatie, lui répondit hautainement Deshi.
- Bon, on rentre, elle doit nous attendre ! Les pressa Toya.
- Gnagnagna ! Ouuuh, il ne faut pas faire patienter Kaho ! S’énervait Deshi en aparté.

L’équipée se rendit au pensionnat où Kaho les attendait effectivement.

- Bien, tout le monde est au rendez-vous à ce que je vois, sourit-elle aux Soldiers qui prenaient place autour d’elle, je ne vais pas vous inquiéter outre mesure, et je vais aller directement au fait.

Tout le monde était assis en cercle et seule Kaho présidait. Ils avaient tous un visage plus ou moins inquiet… Tous, sauf Deshi qui faisait encore la tête, et qui ne daignait même pas écouter ce que Kaho avait à dire.

- Si vous avez bien remarqué ces derniers temps, il n’y a plus eu d’activité démoniaque, outre l’attaque qu’a subie Kasumi la nuit dernière. Je suppose qu’ils vont attaquer en masse, et je voudrai que vous vous teniez prêts. Pour moi, vous êtes suffisamment entraînés pour que vous puissiez vous prendre en charge. Je ne pourrai malheureusement plus vous suivre car j’ai de nombreuses obligations et de nombreuses recherches à effectuer de mon côté, mais je vous fais confiance ! Avoua Kaho tout en passant la main dans les cheveux détachés de Kasumi.
- Ouille !
- Oh, pardonne-moi, Kasumi ! Ma main a dû se prendre dans un nœud… Je m’excuse de cette maladresse… Je ne sais plus vraiment où donner de la tête à présent, je passe beaucoup de nuit à rechercher les activités dé… Oh, oubliez tout ça, je ne veux pas vous importuner avec mes problèmes ! Sourit Kaho.
- Quelque chose ne va pas ? S’inquiéta Toya, ce qui provoqua encore plus la mauvaise humeur de Deshi.
- Rien qui ne puisse t’alarmer Toya, suis bien tous mes conseils, et tout se passera bien ! Insista Kaho en se dirigeant vers le portail du pensionnat. Au fait, Kasumi, les cheveux détachés te vont merveilleusement bien ! Termina-t-elle avant de partir du pensionnat en s’adressant à la rouquine qui avait rougi de ce compliment.

Toya avait acquiescé et s’en était allé dans sa chambre, laissant seul le groupe déjà songeur. A quoi faut-il encore se préparer ? Songeait Kasumi qui s’était déjà montrée faible la nuit précédente.

- Bon, moi je propose un bon repas et une partie de Monopoly ! S’exclama Takeshi.
- Va pour le repas, mais le Monopoly se jouera sans moi, répondit Deshi, morne.
- Moi non plus… Je suis fatiguée, continua Denchu sur le même ton.
- Euh, et bien, à vrai dire, un Monopoly à trois, c’est nettement moins marrant qu’à cinq, alors je me contenterai du bon repas aussi, sourit Kasumi un peu gênée.
- Oui, tu as parfaitement raison, en plus tu dois m’aider pour passer le temple de l’ombre, vu que je ne l’ai pas découvert avec les autres ! S’empressa d’ajouter Satoshi.
- … Eh ! Kasumi non plus n’a pas participé à la quête du temple de l’ombre, contesta faiblement Takeshi. Bon d’accord, mais vous mettez TOUS la table ! Reprit-il d’un ton plus énergique.
- Je la mets uniquement si Toya la met, dit Deshi d’un air dédaigneux.
- TOYAAA !! DESCENDS AIDER LES AUTRES À METTRE LA TABLE, SINON ON NE VA JAMAIS TROUVER DE TERRAIN D’ENTENTE ! Hurla Takeshi, bon, tu es contente ? Continua-t-il en se tournant vers Deshi.
- J’attends de voir s’il descend.
- Pfioooou, niveau caractère, tu n’as rien à envier à Denchu ! Lui chuchota-t-il.
- … Je t’ai entendu…

~*~

Le repas avait été délicieux, la nuit avait été fraîche et sans encombre : Deshi et Toya se tournaient le dos, et Takeshi devait se résoudre à dormir dans son coin pendant que Denchu occupait son lit. De leur côté, Satoshi et Kasumi n’eurent pas de problèmes particuliers au niveau des places, et s’en accommodèrent comme la dernière fois.
Au matin, ce fut Kasumi la première à être levée et non Takeshi – chose surprenante ! – qui en profita pour préparer le petit déjeuner à la façon de son aîné. Je lui allègerai sa tâche… Ce qu’il me revaudra en prenant mon tour de vaisselle !

Alors qu’elle mettait les bols sur un plateau pour les apporter à table, elle fut prise d’un violent mal de crâne qui lui fit lâcher tout ce qu’elle tenait dans la main.
En entendant tout ce fracas, tout le monde accourut dans la cuisine pour voir ce qu’il se tramait, stylos et médaillons en mains en vue d’une éventuelle attaque envers un démon.
Ce qu’ils virent ne les rassurèrent pas plus : Kasumi était à terre, au milieu des morceaux de faïence et se tenait la tête, recroquevillée sur elle-même…

- Kasumi, ça va ? Demanda doucement Denchu en se baissant vers elle.

Puis, Kasumi releva légèrement sa tête, et vit que tout le monde était à ses côtés. Elle se releva avec précaution et s’excusa :

- Désolée, je ne sais pas ce qu’il m’a pris… J’ai eu un violent mal de tête, mais ça va mieux maintenant… Je crois que c’est juste parce que je me suis levée trop vite !
- Ah, ben on les voit les lève-tôt ! Plaisanta Takeshi en prenant Kasumi sous sa protection.
- Tu es sûre que tu veux aller à l’école ? S’inquiétait Toya.
- Oui, oui ! J’ai un contrôle de bio que je ne dois pas rater si je veux remonter ma moyenne, et puis si je n’y vais pas, Deshi aura passé une après-midi à m’expliquer le fonctionnement d’une cellule végétale pour rien ! Confia Kasumi.
- Donc tu saurais me dire ce qu’est qu’une mitochondrie ? Demanda Deshi pour la tester.
- Oui, c’est une granule qui joue un rôle important dans la respiration et dans les réactions énergétiques de la cellule vivante, répondit Kasumi sans hésiter.
- C’est bon, t’es au top ! J’espère juste que ton mal de tête ne t’empêchera pas de te concentrer.
- Meuh non, comme je vous l’ai dit, je pense que c’est juste une chute de tension liée au fait que je me sois levée trop vite… Ne vous inquiétez plus pour moi !
- Ok… Mais c’est quoi cette odeur ? Demanda Takeshi.
- LE LAAAAIT !!! Hurla Kasumi en se précipitant vers la casserole où le lait dégueulait de partout… Oh non, gémit-elle, et moi qui voulait vous préparer le petit déjeuner…
- Mais c’est pas grave, Kasumi ! Regarde, il est encore tôt et nous sommes tous réveillés ! On va pouvoir se faire un vrai déjeuner familial où tout le monde participera ! Qui veut aller chercher des croissants ? Demanda Takeshi.
- Moi je veux bien y aller si quelqu’un m’accompagne ! Proposa Satoshi… Kasumi, tu veux bien m’accompagner ?
- J’aime beaucoup ton « quelqu’un », qui suppose de désigner une personne au hasard… Rétorqua Deshi qui se faisait une joie d’accompagner Satoshi dans une boulangerie aux odeurs plus qu’alléchantes.

~*~

Le ventre plein, Kasumi et Satoshi regagnèrent leur classe, non sans appréhension face au contrôle de biologie qui les attendait.
Kasumi sentait une boule au fond de sa gorge. Elle était pourtant sûre de tout savoir. Alors qu’elle se récitait tout son cours dans sa tête, Kasumi fut tirée de ses « révisions » par Ran, une élève qui avait fait son entrée dans l’école en même temps que Kasumi et Satoshi au début de l’année.

- Salut toi, prête pour le contrôle ?
- Oh, salut Ran… Oui, je ne devrai pas avoir les mêmes problèmes que d’habitude !
- Ce n’est pas pour te décourager, mais avec ce prof, on a toujours des mauvaises surprises ! C’est pour ça que je ne m’étonne plus quand je vois mes notes !
- Ah oui, mais les notes n’ont rien à voir avec la matière, qu’elles soient bonnes ou pas, je n’aime pas la biologie… Et la dissection, bwêêrk !
- Non, moi j’aime bien… Regarde, là on étudie les cellules végétales ! Il n’est pas question de dissection, ni d’éventrer qui que ce soit ! Par contre, il y a une chose que j’aimerai découvrir par la science, c’est comment certaines personnes arrivent à avoir des pouvoirs surnaturels…
- Ah ? Interrogeait doucement Kasumi avant de se tourner brusquement vers son interlocutrice et de l’attraper par le cou : Mais tais-toi donc !

Toute la classe se tut et se tourna en direction de l’action, sans pour autant venir en aide à qui que ce soit.
Ce fut Satoshi qui se dirigea vers Kasumi et qui lui demanda d’arrêter :

- Kasumi ? Calme-toi… Lui dit-il doucement.
- Je… je… Pardonne-moi Ran !! S’excusa soudainement Kasumi. Je… je ne sais pas ce qu’il m’a pris, ce n’est pas moi…
- Ce… c’est rien, mais tu m’as fait peur… Se reprit Ran en se massant la nuque et s’éloignant quelque peu de Kasumi.
- Oui, excuse-la Ran, depuis ce matin elle a mal à la tête et elle est fréquemment sujette à ce genre de crises.
- Ah… maniaco-dépression ? Je vois ce que c’est, mais c’est un peu de ma faute, je n’aurais pas dû te stresser avec les sciences.

- Bonjour, tout le monde en place et sortez une copie double, vous avez une heure lorsque j’aurai fini de distribuer toutes les copies.

Le professeur coupa court à tout bruit de fond et à toute discussion lors de la distribution des copies. Dans la classe régnait à présent un malaise ambiant aussi bien dû au contrôle « du dernier espoir » qu’à l’étrange comportement de Kasumi.

Au bout d’une demi-heure et consciente de tous les regards en biais braqués vers elle, Kasumi n’y tint plus et demanda si elle pouvait aller à l’infirmerie.

- Mmh ? Tu ne veux pas attendre encore un peu ? Finis d’abord ce contrôle – ce que je te conseille fortement étant donné l’état de ta moyenne – puis tu iras après.
- S’il vous plaît, monsieur ! J’ai répondu à toutes les questions, mais je ne peux plus tenir… Le suppliait Kasumi.

Le professeur Ruya examina la classe en lenteur et finit par demander :

- Quelqu’un d’autre a fini, pour accompagner Kasumi à l’infirmerie ? Mais attention, une fois que vous êtes sortis de la classe, ce n’est plus la peine de revenir me demander votre feuille sous prétexte que vous avez oublié d’y inscrire votre nom ! S’empressa-t-il d’ajouter.
- J’ai terminé, monsieur !
- Bien, Satoshi… Accompagne-la à l’infirmerie et n’oubliez pas de me rendre vos copies !

Kasumi rangea ses affaires et confia à Satoshi son devoir pour qu’il aille le rendre au professeur Ruya, puis elle s’accrocha au bras de son accompagnateur et se dirigèrent tous deux vers l’infirmerie.

- Tu as vraiment fini ton interrogation ? Lui demanda Satoshi.
- Oui… Mais je ne sais pas si tout ce que j’ai marqué était juste… C’est juste que je ne me sentais pas bien du tout.
- Aah euh, tu l’as vraiment terminée ?!
- Pas toi ? Si c’était le cas, pourquoi t’es-tu proposé pour m’accompagner ? Tu n’aurais pas dû, à cause de moi, ta note ne sera…
- Je l’ai fait parce que je m’inquiétais pour toi, dit-il d’une traite. Et puis même si j’étais resté jusqu’au bout de l’heure, je n’aurai pas pu avoir plus de points car je te voyais… mal en point.
- Satoshi ? Murmura Kasumi en rougissant, mais avec un air empli de tristesse.
- Tu as dit quelque chose ? Viens vite, l’infirmerie est à deux pas de là.

L’infirmerie se trouvait dans un recoin du complexe : ni trop loin des aires de jeux, ni trop loin des classes, elle occupait un point stratégique dans toute l’école car c’était un bâtiment exclu et au calme, à égale distance de tous les lieux « dangereux ».

La pluie commençait à tomber et Kasumi resta en arrière, la tête baissée et les poings serrés. Une larme vint à tomber à ses pieds et Satoshi s’avança doucement vers elle pour l’aider à avancer, mais la jeune fille releva soudainement la tête et griffa Satoshi qui venait juste de poser sa main sur son épaule.

- Hey ?! Kasumi, qu’est-ce qu…

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase car Kasumi lui planta les ongles dans son cou et les enfonçaient jusqu’à ce qu’elle sente son pouls faiblir.
Satoshi plongeait son regard attristé dans les yeux « vides » de Kasumi, et il s’aperçut qu’elle pleurait.

- Qu’est… ce que tu as ? Tes… tes mains tremblent Kasumi !

Alors qu’il retenait les mains de Kasumi pour qu’elles s’arrêtent de s’enfoncer, Elle les retira avec violence et s’éloigna précipitamment de Satoshi qui ne perdit pas une minute pour tenter de la rattraper.

- KASUMI !!
- Non, ne me suis pas ! Je ne contrôle pas mes gestes !
- KASUMI, ARRÊTE !!

Kasumi se retourna vers Satoshi mais ne fit pas un pas vers lui. Elle tremblait ce qui contrastait fortement avec son visage sans expression, où seules les larmes laissaient entrevoir le peu d’humanité qui lui restait.

- Ne… ne t’approche pas… Je… je ne contrôle pas ce… ce que je fais ! Réussit-elle à dire.
- Ne t’inquiète pas, on va trouver Kaho et on va lui expliquer que tu ne vas pas bien et que…
- Et que tu risques de mourir dans d’atroces souffrances ! Non ! Va-t-en, va-t-en SATOSHI !!

Kasumi leva la main au ciel et toute la pluie se concentra autour, attirée comme par un aimant, avant de se transformer en pic de glace, aussi étincelant qu’aiguisé.
Satoshi ne bougea pas. Le sang qui coulait de son cou mélangé à la pluie et à la boue avait déjà taché ses vêtements. Il se sentait faible, mais il était déterminé à ramener la rouquine au pensionnat, en sécurité, entourée de Kaho et des autres qui sauraient sûrement quoi faire.
Kasumi le visait et essayait de contredire les ordres que recevait son corps le temps que sa cible puisse s’échapper.
Et c’est là qu’il la vit : une fille étrange, ne revêtant pas l’uniforme habituel, assise en haut d’un arbre à contempler la scène non sans une certaine expression d’avidité. Satoshi avait comprit : c’était ce démon qui lui avait donné l’additionnel pour sa Nintendo et c’était lui aussi qui contrôlait Kasumi depuis le début.
Satoshi tenait bien à mettre un terme à son emprise sur amie. Aussi, il arracha le médaillon qui entourait son cou, et dans une gerbe de lumière, il se transforma afin de pouvoir utiliser le pouvoir suprême qui était le sien.
La jeune fille ainsi découverte mit pied à terre et se présenta d’un air dédaigneux :

- Je suis Kawo, et avec l’aide de ta petite copine, nous allons te tuer !

Supreme ne répondit rien, mais son expression n’en disait pas moins : d’un geste soudain, il relâcha une émission d’énergie telle que la pauvre Kawo se désintégra sans demander son reste. C’est à cause de toi que Kasumi est dans cet état là… Maintenant, tout est rentré dans l’ordre.

~*~

- Vous n’avez rien ressenti ? Demanda Denchu.
- Si… C’est Satoshi, il a utilisé son pouvoir ! Remarqua Toya.
- Le fou… Il doit être faible : nous ne sommes pas à ses côtés ! Il n’a utilisé qu’une partie de nos pouvoirs et il en a puisé le reste dans le peu d’énergie qu’il doit lui rester après son contrôle de bio ! S’alarma Deshi.
- Il ne faut pas perdre de temps alors ! Si Satoshi a utilisé son pouvoir, c’est qu’il doit être en danger… et Kasumi aussi ! Continua Takeshi en se pressant vers la sortie.
- L’infirmerie… Dans les bois… Ca y est, je les ai repérés ! Répondit Toya en prenant la même direction que Takeshi, son médaillon à la main.

~*~

Kasumi, encore tremblante, baissa les yeux après avoir longtemps regardé Supreme et s’avança lentement. Sentant Kasumi hors de danger et commençant à faiblir à cause de la quantité d’énergie qu’il avait dépensée et de sang qu’il perdait à chaque minute qui s’écoulait, Supreme se soutint à l’arbre à côté de lui.

- Au fait, bon anniversaire, Satoshi ! Fit sèchement Kasumi.

Elle s’était fait violence pour se contrôler, mais perdit sa concentration en apercevant Supreme s’agripper au chêne et ne put retenir son geste : la lance qu’elle venait de créer quelques minutes plus tôt transperça l’air d’une lumière aveuglante et vint se planter dans le corps de Supreme qui s’effondra aussitôt, hébété des dernières paroles qu’il venait d’entendre et incrédule face au dernier geste qu’il venait de voir.

- NAAAAAAAAAAAAAAN !!! Hurla Kasumi de toutes ses forces.

Kasumi venait de se libérer de son emprise car sa mission s’était achevée et le contrat venait d’être rompu. Kasumi se transforma alors et couru auprès de Supreme pour laver ses blessures avec l’aide de son pouvoir, mais elle tremblait trop et son état d’affolement l’empêchait d’agir correctement. Son état ne faisait qu’empirer à la vue de Supreme qui palissait de plus en plus, et elle ne put rien faire d’autre que de sangloter et suffoquer tout en reposant la tête de Supreme sur ses genoux pour l’asseoir dans une position plus confortable.

~*~

- Vous n’avez rien ressenti ? Demanda Denchu.
- Si… C’est Satoshi, il a utilisé son pouvoir ! Remarqua Toya.
- Le fou… Il doit être faible : nous ne sommes pas à ses côtés ! Il n’a utilisé qu’une partie de nos pouvoirs et il en a puisé le reste dans le peu d’énergie qu’il doit lui rester après son contrôle de bio ! S’alarma Deshi.
- Il ne faut pas perdre de temps alors ! Si Satoshi a utilisé son pouvoir, c’est qu’il doit être en danger… Et Kasumi aussi ! Continua Takeshi en se pressant vers la sortie.
- L’infirmerie… Dans les bois… Ca y est, je les ai repérés ! Répondit Toya en prenant la même direction que Takeshi, son médaillon à la main.

~*~

- Ocean… Mais qu’as-tu fais ? Demanda une voix douce, altérée par un effroi à peine perceptible.
- Kaho ? Oh, Kaho, ce… ce n’est pas moi, quelque chose… quelqu’un m’a contrôlée !
- Non, Ocean, ce n’est pas une excuse… Depuis que je vous ai accueillis, je vous apprends à maîtriser votre corps et votre esprit.
- Mais, je… je ne voulais pas ce qui est arrivé ! Aidez-le, j’ai trop peur d’approcher qui que ce soit… Je… je suis un monstre ! Suffoqua Ocean.
- Ocean, je vais aider Supreme, mais comprends bien que je ne peux pas te laisser rentrer à la pension. Tant que tu ne te seras pas maîtrisée, il t’est impossible de nous approcher, comprends-tu bien ?
- O… oui, mais qu’est ce que je vais faire, vous ne pouvez rien pour moi…? Je ne sais même pas où aller.
- Les méandres de ton esprit ne peuvent aboutir à ce désir de retrouver le contrôle de ton corps que par ta volonté. Tout ce que je peux faire, c’est t’isoler. Tu ne devras être en contact avec personne, mais pour le moment, je ne veux plus te voir autour de Supreme. Attends-moi à l’orée de ce bois et détransforme-toi.

~*~

- SUPREEME ?! OCEAAAN ?!
- Fire, ce n’est pas la peine de crier, je sais exactement où ils sont, la stoppa Psy.
- Ils peuvent être tombés dans un trou et ne peuvent en sortir… Tu sais les localiser en surface, mais pas en profondeur ! Rétorqua-t-elle.
- Ouii, Fire, on sait que tu veux toujours avoir le dernier mot, fit Psy de sa voix blasée.
- Nous sommes là… Ne vous inquiétez pas, tout va bien. Il est juste un peu sonné.
- Ah, Kaho… OH MON DIEU !! Mais qu’est-ce qu’il lui est arrivé ?! Demanda Thunder, et où est Ocean ?
- Je t’ai demandée de ne pas t’inquiéter, coupa Kaho.

Thunder se tut et examina les alentours : Ocean n’était pas là et Kaho savait où elle était. Supreme était gravement blessé et Kaho ne semblait pas réussir à le guérir.

- Par ailleurs, je vois que toutes vos recherches ont été infructueuses…
- De quoi… ? S’abasourdissait Fire.
- C’est vrai… Vous avez oublié la vraie raison pour laquelle je vous ai élevés, reprit Kaho en se redressant de toute sa taille vers ceux qui venaient d’arriver. A force de vous tourner autour, vous avez oublié votre mission ! Continua-t-elle en regardant bien Thunder et Psy qui en restèrent interdits.

Kaho regardait ses apprentis un par un, avec un sourire cruel à la place de son habituel sourire bienveillant. Elle porta à sa bouche ses doigts teintés du sang de Supreme et les lécha, son regard toujours braqué vers les Soldiers.

- Et ça… La Princesse des ténèbres n’aime pas !

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