Fanfiction
- 4ème Saison « Rien ne va plus » |
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3- Complètement allumés
- C’est tout simplement n’importe quoi ! S’insurgeait Yuko.
- Tant qu’elles n’attirent pas l’attention sur nous, essayait de la calmer Haneru.Les FaMaLuMé avaient leur petit succès au lycée. L’équipe, composée de Fani, Mari, Lucy et Merilu s’étaient postées en farouches défenseuses des Soldiers, bien qu’elles ne connussent pas leur nom de code.
Leur premier indice était Ocean. Elles avaient réalisé des agrandissements photos, s’étaient renseignées sur les lycées alentours qui proposaient de tels uniformes ou encore les boutiques pouvant les fournir. Cependant, elles s’étaient vite heurtées à des non réponses, et surtout à l’autorité lycéenne les ayant enjoints à retrouver l’uniforme scolaire approprié sous peine d’être renvoyées…
Bien que s’étant soumises aux règles scolaires, les FaMaLuMés ne négligèrent pas leur tâche et avaient créé un club de soutien aux « femmes de l’ombre », comme elles les avaient appelées. Leur but était de récolter assez de fond pour créer un local permettant à leurs héroïnes de se reposer et d’y trouver tout ce dont elles nécessiteraient… Et cette idée avait son petit succès !- Ca pourrait t’attirer plus d’ennuis à toi, qu’à nous, ajouta Kima.
- C’est-à-dire… Grinça Yuko.
- Si elles nous ont appelé « Femmes de l’ombre », et que tu oses te présenter en Dark Soldier… C’est pas si loin !
- On s’en fout de la manière dont elle nous présente ! Aboya Yuko. Tout ce dont on a besoin, c’est qu’elles nous oublient pour qu’elles ne mettent pas à jour notre identité ! Elles vont même jusqu’à faire des rooondes la nuit !Jamais Yuko n’avait été aussi exaspérée au point de laisser éclater sa rage. Elle se prit la tête entre ses mains et s’accouda à la table. Haneru ne put s’empêcher de réprimer un sourire à la voir ainsi : il lui rappelait ses bouderies d’enfant lorsqu’elle avait interdiction de suivre son grand frère dans ses sorties. Il lui passa la main dans les cheveux pour les ébouriffer, ce qui eut le don de blaser la jeune fille, dont les épaules s’affaissèrent, et de faire exploser de rire Kima.
~*~
La semaine s’avançait à une incroyable vitesse et venait de laisser filer mercredi… Quant à Denchu, celle-ci n’arrivait pas à regrouper la somme demandée par le libraire. Laisser couler l’affaire l’amènerait devant le tribunal et ça ne ferait qu’empirer de se montrer ainsi à jour. Le mieux pour elle était de rembourser le commerçant… mais elle n’avait pas assez.
Sa première pensée avait été d’utiliser son argent de poche : en tout, elle avait réussi à regrouper cent euros, mais son principal compte était bloqué jusqu’à sa majorité. Quant à demander à ses parents, il en était hors de question car elle voulait les laisser en dehors de cette sombre histoire.
Aussi, c’est tête basse qu’elle vint voir son amie en début de soirée :- Deshi, je peux entrer ?
- C’est aussi ta chambre ! Lui rétorqua cette dernière, étonnée par la faible intonation de voix de son amie. Euh… un problème ? Ajouta-t-elle en voyant sa mine.
- Oui… Je viens te demander une faveur, et je ne serai pas vexée si tu la refusais.
- Bien sûr que non je ne la refuserais pas ! La coupa Deshi. Dis-moi tout, de quoi as-tu besoin ?
- En soi… je dois trouver mille neuf cents euros.
- Ah… là c’est délicat… Sur moi, je n’ai que cent cinquante euros, sans toucher au pot commun de la pension.
- Non, il est hors de question de toucher au pot commun, et Deshi, je ne veux pas te forcer !
- Non, tu ne me forces pas, je suppose que c’est pour le commerçant, et bien entendu, je suis certaine de ton innocence, cela dit…
- C’est bien moi sur la vidéo… Je te remercie énormément pour ton aide, ne t’en fais pas je te rembourserai entièrement ! Se dépêcha d’ajouter Denchu.
- Avec les intérêts ? Non, je rigole… Cela dit, ce n’est pas avec deux cent cinquante euros que tu iras bien loin. C’est possible de payer en plusieurs traites ?
- Non, je ne crois pas.
- Dans ce cas, je pense qu’il va falloir demander de l’aide aux autres membres de la pension…Denchu, honteuse, voulut empêcher son amie de quérir le reste de l’argent à la maisonnée, mais ce fut peine perdue. Deshi était déjà descendue dans le salon et venait d’éteindre la télévision alors que les informations commençaient :
- Heeey !! S’emporta Toya
- J’ai une demande capitale à formuler, le coupa Deshi.
- C’est pas en nous coupant les informations que tu auras quoique ce soit…
- Ca ne me concerne pas ! Commença à s’emporter la jeune fille.
- Bon ok, ok ! On se calme ! Deshi, je t’écoute, intervint Takeshi pour apaiser le discours qui s’envenimait.
- C’est à propos de l’histoire de Denchu. Elle a besoin de deux mille euros avant samedi.
- Wahoow… C’est une somme, ça ! Constata Satoshi.
- Oui, mais elle nous remboursera, c’est pas ça le problème ! Si elle ne rembourse pas d’ici vendredi, elle a la police sur le dos !
- Boah… on y sera tous passé, comme ça… répondit Toya laconiquement.
- Toya ! C’est de Denchu dont on parle ! Et elle risque réellement d’avoir un casier judiciaire pour avoir vandalisé la boutique. Il y a des preuves contre elle, bien que nous sachions tous qu’elle n’est pas la responsable ! Ajouta Deshi pour bien retirer toutes traces de doute quant aux agissements de son amie.
- Je vais trouver du travail pour vous rembourser, intervint Denchu qui venait tout juste de les rejoindre. Je vous promets de faire mon possible pour rétablir la situation à la normale.
- Bien sûr qu’on va t’aider, la rassura Toya. Mais le travail que tu vas faire risque de t’empêcher à avoir ton ba…
- C’est pas grave ! Enfin, je veux dire, je vais m’organiser, je travaillerai le samedi et bosserai à fond le dimanche.
- Tu vas pas t’en sortir comme ça, l’interrompit Takeshi nerveusement. Il y aura tes cours, ton travail, et peut être les démons…Denchu ne prit pas son annonce comme un affront, bien au contraire, elle l’accueillit avec soulagement et attendrissement. Bien que Takeshi n’ait pas accueilli à bras ouvert sa décision, il ne l’en avait pas empêché et qui plus est, il s’en montrait inquiet.
Le salon se transforma en un capharnaüm géant et la table de la salle à manger fut prise d’assaut des nombreuses tirelires multicolores. Chacun recomptait sa somme et l’inscrivait sur une feuille ou un carnet, puis la remettait à Denchu en bout de table, qui prenait bien soin de marquer dans son classeur les sommes reçues et les personnes associées.
Près de Denchu, Kima interceptait les billets et en formait un éventail qu’elle plaçait à hauteur de yeux en poussant un petit gloussement :- Ouuuh… Alors j’ai une belle suite… Qui passe ?
- Kima… L’arrêta Haneru.
- Quoi ? On ne joue pas avec l’argent, c’est ça ? Lui répondit-elle avec des yeux de biche. Si ça t’ennuie tant que ça… Viens les chercher ! Ajouta-t-elle en plaçant les billets dans son décolleté.
- Tu sais très bien que ça ne va pas m’arrêter…
- Justement !Haneru s’éclaircit la gorge puis évita le regard entendeur de la jeune fille. Il jeta néanmoins un bref coup d’œil à Kima qui le regardait toujours avec insistance et de son sourire charmeur lui glissa un « tu verras ce soir… ».
Prise d’un soudain doute, Kima retira les billets pour les remettre à Denchu qui avait gardé sa paume ouverte tout en recomptant les sommes de son autre main.
Denchu réussit à obtenir neuf cent cinquante euros avec les économies de tous dans la pension. Quant à Yumi, elle voulait lui donner ses dix euros, mais Denchu lui rétorqua qu’elle devait les garder si elle voulait se faire plaisir :- Mais c’est toi que je veux fai’e plaisi’, Nou ! P’end ! Tu me ‘end’as ap’ès !
Denchu serra dans les bras la petite fille et prit délicatement son billet en notant les dix euros dans son carnet et y ajouta un « + 5€ » pour que Yumi soit récompensée de son geste.
Au final, Denchu avait en sa possession neuf cent soixante euros… et il lui manquait exactement mille quarante euros… Inquiète, elle se mit à penser à la solution de Deshi : elle irait voir le libraire le lendemain, et lui demanderait s’il pouvait lui laisser une semaine pour qu’elle trouve le solde manquant. Pour le reste, une bonne nuit de sommeil s’imposait à tous pour commencer de la meilleure humeur possible le jeudi, élu pire jour de la semaine par les pensionnaires, tant l’emploi du temps était des plus désagréable.~*~
La journée s’annonçait maussade : le soleil avait laissé la place à des nuages gris et pluviotant qui affectèrent d’autant l’humeur des Soldiers.
Toya et Deshi étaient partis les premiers : leur professeur de chimie n’acceptait pas les retards dans les laboratoires, et lorsque celui-ci rentrait dans la salle, il souhaitait voir tous ses élèves maculés de blanc, lunettes de protection chaussées, et ustensiles sur table. Il fallait donc prévoir une bonne dizaine de minute d’avance sur l’horaire imparti.
Sur le chemin, ils parlaient à toute vitesse, se récitant le cours pour ne rien omettre de ce qui promettait être un TP noté. Deshi refaisait les gestes appris l’année précédente et regardait Toya acquiescer de leur bonne forme, toutefois en n’hésitant pas la reprendre sur la vitesse d’exécution :- Pas comme çaaaaa ! Je t’assure que si tu tournes ton agitateur de la sorte, tu vas nous faire une bouillie infâme… Regarde !
Il lui prit le poignet et le tournait délicatement dans les airs…
- Mouais… on dirait plus des gestes de chef d’orchestre qu’une mixture à mélanger… Répondit Deshi, maussade.
Toya esquissa un sourire et frappa doucement la tempe de la jeune fille, qui se rembrunit d’avantage en portant sa main au visage et maugréant des phrases incompréhensibles.
- Eh ! Tu vas pas me dire que je t’ai fait mal, non ?
- Non, mais je suis pas d’humeur. J’ai toujours l’air ridicule lorsque je fais quelque chose…
- Là, tu vas avoir l’air ridicule !Il saisit le cou de Deshi de son bras pour lui coincer la tête, et de son autre main, frotta vigoureusement la tête de la jeune fille :
- Mais arrêêêêêêêêêêête ! S’emporta la prisonnière. Je DÉTESTE quand tu me fais ça !
- Je sais, répondit Toya, goguenard.Il relâcha son étreinte, mais garda son bras autour de l’épaule de Deshi et l’incita à marcher au même rythme que lui, tout en évitant ses traquenards qui la faisaient trébucher. Au loin, ils n’avaient pas porté attention à un groupe de lycéennes qui les regardaient d’un mauvais œil et bras croisés. L’une d’elle s’exprima à voix haute, ne pouvant décemment pas retenir une minute de plus ce qu’elle avait sur le cœur :
- DESHI, T’ES QU’UNE SALOPE !
Deshi et Toya se retournèrent vers le groupe qui affichait un sourire mesquin et entendeur. La jeune fille pâlit et voulut répondre quelque chose, mais Toya l’en dissuada.
- T’occupe pas d’elles. Si tu entres dans leur jeu, ça va empirer. Ignore-les.
- Ca se voit que c’est pas toi qu’elles visent ! Tout le monde est contre moi depuis la rentrée…
- Et alors ? Ce ne sont pas tes amis, non ? Donc t’en a rien à faire de leurs remarques !
- Simple à dire…Comme à son habitude, le professeur avait cinq minutes d’avance, et la classe, au complet, venait d’achever de préparer le laboratoire. Les livres ouverts sur les tables dans un vain espoir, certains jetaient un coup d’œil anxieux sur les préparatifs, appréhendant les prévisions matinales de leur bourreau :
- Bien, fermez vos livres. Aujourd’hui, vous me referez du savon comme nous l’avons vu et appris la dernière fois. A neuf heures et demie, je veux que vous ayez tous terminé, et je passerai pour vous noter.
Les livres se fermèrent lentement, certains attrapant une formule ou encore une instruction en plein vol, puis les petits chimistes s’attelèrent à regrouper les différents ingrédients comportant des corps gras, de la soude, sans oublier l’eau distillée.
Toya était parti chercher la matière, pendant que Deshi séparait les divers instruments sur la paillasse. Le bruit de sa trousse qui était tombée attira son attention, aussi elle se baissa pour la récupérer, mais lorsqu’elle se redressa, son épaule heurta le bécher contenant l’agitateur et le récipient vint se soumettre à la loi de la gravité pour se briser un mètre plus bas. Mais je l’avais mis près de la colonne à distiller…Se dit-elle comme pour se défendre contre la fatalité.
Le professeur et les élèves se retournèrent pour voir d’où venait le bruit, et Deshi, honteuse, ramassa les débris et les amena à la poubelle :- Deshi Ginsei, vous aurez un point de moins. Allez reprendre un autre bécher dans l’armoire, en faisant attention cette fois ! Lui dit calmement son professeur.
En passant derrière sa paillasse, Deshi vit ses deux voisines de derrière pouffer de rire en la regardant avec insistance.
Elle ne dit rien, récupéra un nouveau bécher, et regarda bien par terre pour le chemin du retour. S’asseyant à côté de Toya, elle lui confia ses pensées :- Ce n’est pas par inadvertance qu’il est tombé ! Je suis sûre que ce sont Maryun et Ema qui ont fait en sorte que…
- Leur petit jeu commence sincèrement à me gonfler, lui répondit Toya pour la rassurer et lui montrer qu’il ne la prenait pas en tord. Bon, désormais, il va falloir bien vérifier notre préparation, parce qu’elles risquent d’y ajouter leur grain de sel !A neuf heures et demie, Deshi et Toya avaient réussi leur savon et nettoyé les récipients. Leur professeur passa et leur donna une bonne note, baissée d’un point pour Deshi. Rassurée, celle-ci ne put s’empêcher de se mordre la lèvre en entendant la note supérieure que Maryun et Ema avaient obtenue.
Dix heure cinq, l’heure de la pause. Toya et Deshi sortaient du laboratoire, toussant encore des vapeurs toxiques que certains élèves n’avaient pu contenir. Deshi s’excusa auprès de Toya et courut rejoindre Denchu et Kima qu’elle avait aperçues au pied du terrain de basket. Alors qu’elle se rapprochait de ses amies, la jeune fille fut stoppée nette par un objet non identifié qui venait de se coller avec violence à sa figure.
Kima et Denchu parurent choquées et cherchèrent d’où venait la source sans rien pouvoir distinguer. Quant à Deshi, elle retira la boulette rose, informe et mouillée qui se révélait être du papier toilette :- Eh ben… De mieux en mieux, souffla-t-elle.
- Ca va, Deshi ?
- Aaah… Je hais les jeudis ! Répondit simplement son amie.
~*~A midi, aucun Terminal ne mangea à la cantine : Toya décida de retourner à la pension pour y chercher sa moto afin de pouvoir partir directement au salon de la chimie fine après les cours – tout en promettant à Deshi qu’elle pourrait l’accompagner –, Denchu, Deshi et Kima décidèrent de passer à la librairie pour y apporter l’argent au libraire et demander un délai, et Takeshi et Haneru devaient profiter de cette heure pour s’inscrire au sport et ainsi bénéficier de vingt pour cent de réduction en déposant leur dossier d’inscription à la date dite.
Aussi, tous ressortirent l’heure suivante comblés : Toya avait retrouvé le casque de Deshi, Haneru et Takeshi avaient bénéficié de trente pour cents de réduction car habitant au même endroit – le directeur du centre d’art martial les prit pour frère malgré leurs énormes différences physique – et enfin, bien que cela soit peu, Denchu bénéficiait d’une semaine supplémentaire pour récupérer la somme restante… Une semaine pour souffler un peu tout en réfléchissant à l’endroit où elle pourrait récupérer une telle somme sans pouvoir faire de crédit à la banque…Les cours s’étaient plutôt bien passés pour Deshi qui n’eut pas à essuyer d’autres remarques, les fauteurs de trouble n’osant perturber le cours des professeurs les plus respectables et étant bien trop loin d’elle pour tenter quoi que ce soit. Aussi, Deshi vu d’un bon œil la sonnerie signifiant la fin de la journée, d’autant qu’un tour en moto lui était réservé.
Suivant les pas de Toya de bonne allure, elle se demandait comment elle pouvait faire en sorte à ce qu’il accède à la requête qu’elle formulait intérieurement, mais la moto n’étant pas garée loin, elle oublia ses diverses approches et se lança le plus franchement possible alors que Toya lui tendait le casque :- Tu me laisseras conduire un peu ?
- Non.
- S’il te plaît !
- Deshi… la pria Toya en affaissant ses épaules et levant la tête au ciel, exaspéré.
- Juste l’allée ! Juste remonter l’allée, s’il te plaît !
- Mais t’es pas croyable ! Je t’aurai sur le dos toute la soirée si jamais je refuse, je suppose… Lâcha-t-il, enfin.
- Tout à fait !Toya souffla une dernière fois d’exaspération et s’assit à califourchon sur sa moto en laissant assez de place à Deshi pour qu’elle s’intercale entre lui et le guidon.
- Bon… Tu appuies sur le starter tout en serrant la poignée noire à côté de l’embrayage, là…
- Oui, oui, je sais !
- Et tu donnes un coup de kick tout en…
- … lâchant la poignée noire, oui, je sais !
- Et pour passer les vitesses, il faut…
- Oui ?
- Non, réflexion faite, on ne passera pas les vitesses, tu passeras juste la première et ça sera très bien, lui répondit Toya en enfilant son casque.Deshi lui répondit par un sourire, puis passa sa main dans les cheveux pour les ramener en arrière avant de mettre son casque. C’est au moment où elle le posait sur sa tête qu’elle entendit le groupe de filles habituelles lui lancer une insulte cinglante, avant de repartir tête haute en riant bien fort.
Le sang de Deshi ne fit qu’un tour, elle enfila d’un coup sec son casque, déclencha le kick et passa la première en moins de temps qu’il n’en fallut pour que Toya ne se prépare, si bien qu’il trébucha de la moto, la laissant à sa seule cavalière…Deshi poursuivit ses quatre ennemis qui, sentant une moto venir anormalement vite, coururent le plus vite qu’elles le purent, mais en moins de vingt mètres, l’engin les avait déjà rattrapées et acculées au mur. Deshi en descendit aussitôt sans oublier de mettre la béquille, retira son casque, marcha avec vitesse et détermination vers elles et s’adressa à Maryun.
- Maryun, Ema, et les deux que je ne connais pas, bonsoir !
- Bon… bonsoir, répondit Maryun peu rassurée.
- Alors, soyons claires, il n’y a rien eu entre Seiichi et moi et il n’y aura jamais rien. Par ailleurs, si ça avait été le cas, ça ne vous aurait pas regardé le moindre du monde ! Donc, vous pouvez arrêter votre petit jeu car Seiichi continue à passer pour une victime et personne n’en sort gagnant dans l’histoire !
- On ne va pas… On ne va pas te laisser le loisir de sortir triomphante après ce que tu lui as fait endurer, rétorqua Maryun, revigorée par la présence de ses amies, l’effet de surprise passé.
- Ok, j’ai essayé d’être gentille, prévenante, mais on ne doit pas être sur la même longueur d’onde… Alors maintenant, les chiennes de gardes, vous allez m’écouter attentivement : si vous proférez encore une fois des insultes à mon égard, que vous me faussez mon travail ou que vous me jetez du papier toilette ou d’autres objets insolites à la figure, je vous jure que je retrouverai vos petits copains et que je me les taperai tous un-par-un !Sur ce, Deshi s’en retourna vers la moto sous le regard outré de Maryun qui n’eut pas le temps de réagir et que ses amies traînaient vers la sortie la plus proche. Deshi se trouva alors face à un autre type de problème : Toya venait d’arriver et la regardait d’un air ébahi, qu’elle prit pour de la remontrance :
- Toya, je suis désolée, je vais…
- Tu veux faire un peu plus de chemin avec ? Lui demanda celui-ci, un sourire se dessinant sur son visage.
- Non… je crois avoir fait assez de parcours, et puis on ira à destination plus vite si c’est toi qui conduit ! Lui répondit Deshi, ravie.Toya enfonça le casque sur la tête de la jeune fille en la soutenant d’un regard entendeur, puis s’attela à lui attacher la sécurité.
- Sincèrement, bravo.
- Bien entendu, je ne mettrai pas mes menaces à exécutions…
- Mais vu la réputation qu’on t’a faite, je pense qu’elles ne vont pas se risquer d’avantage.
- Quelle réputation ? Le reprit Deshi, ironique en enfourchant la moto, à la place arrière cette fois. Non vraiment, je ne vois pas de quoi tu parles…~*~
Kima s’était affalée sur son lit dans une semi obscurité, les bras en croix, la chemise à moitié ouverte, prête à être enlevée, mais la fainéantise avait pris le dessus et la jeune fille pesait le pour et le contre à se mettre en pyjama ou à dormir toute habillée, prête pour le lendemain.
Haneru entra en plein dans ce moment de réflexion intense, et il ne put s’empêcher de lui faire une remarque :- Euh… tu n’as peut être pas fini de te préparer. Tu veux que je te laisse encore du temps ?
- Oooh non, pas la peine, je pense que je vais dormir comme ça ce soir… Je suis faaaatiguée…
- Tu l’étais moins hier, à faire ta maligne avec les billets…
- Tu vas me reprocher mes phases d’intimidation ?
- Tant que tu ne repousses pas les miennes…
- Oh ! Je ne les ai jamais repoussées ! S’insurgea faussement Kima.Haneru eut un sourire mitigé, mais ne poussa pas plus loin la conversation, ne voulant pas remettre sur le tapis les querelles passées. Il passa près de son lit pour regagner l’armoire et y poser sa veste, mais Kima, féline, attrapa sa cravate et l’attira vers elle.
- Kima, ne me provoque pas, s’il te plaît…
- J’assume pleinement les conséquences, lui susurra-t-elle.Il ne répondit rien, mais la regarda intensément, ses yeux bleus glacier plongé dans ceux ambrés de la jeune fille. Kima coupa court à l’attraction poignante qu’il exerçait sur elle en lui entourant la taille et se redressant pour l’embrasser, les yeux clos, où elle perçut un goût sucré sur ses lèvres : un mélange de miel et de framboise. Il passa la main dans les cheveux de la jeune fille, ce qui en libéra les subtiles fragrances de camomille et d’amande douce. Je t’aime…
Elle sentit une chaleur sourdre dans son cœur, envahissant peu à peu tout son corps au contact intime et enfiévrant de leurs épidermes. Lentement, précautionneusement, sans la quitter du regard, Haneru lui dénuda les épaules, puis la poitrine jusqu’à la taille. Kima, sentant une timidité à se montrer ainsi, se rapprocha de lui et détendit ses épaules de sorte que sa chemise retomba sur le lit. Elle lui défit également ses vêtements, afin qu’il soit torse nu, à niveau égal.
Haneru tira la couette pour qu’elle puisse s’y glisser dessous, puis l’installa sur les oreillers encore imprégnés de sa propre odeur. Ils demeurèrent un instant ainsi, côte à côte, hanche contre hanche, pied froid contre peau brûlante. Enfin, il se pencha sur elle, ses lèvres la parcoururent, lui caressant la peau, lui oblitérant les sens jusqu’à lui en faire perdre toute notion de temps et d’espace. N’existaient plus qu’eux et les ombres tremblotantes de la lampe…
Plus tard, après qu’ils se furent épuisés en promesses nocturnes, ils sombrèrent dans le sommeil. Ils ne furent pas conscients de la course argentée de la lune dans le ciel : ils n’étaient plus que deux êtres dormant dans les bras l’un de l’autre, des amants, enfin réconciliés.~*~
Plus loin, dans une autre chambre, la discussion se portait sur un sujet moins délicat : l’argent…
Denchu s’expliquait à voix haute, prenant Deshi comme témoin de la bonne avancée de son affaire : en travaillant tous les samedis, en quatre mois, elle réussirait à récupérer les deux mille euros, et à rembourser tout le monde. Cela dit, il manquait là plus de la moitié de la somme, et le récupérer en moins d’une semaine semblait impossible. Denchu ne voyait personne à qui emprunter autant sans éveiller de soupçons. C’est alors que Deshi évoqua une possibilité qui mûrit dans l’esprit de Denchu au fur et à mesure de ses paroles :- Il faudrait qu’un mécène nous aide… Là, si tu ne veux pas mettre nos familles en jeu, on ne pourra rien faire.
- Un mécène, tu dis… ?
- Va trouver un mécène ! Ricana Deshi.
- Et les FaMaLuMés… Elles n’avaient pas réalisé une collecte en vue d’aider les Soldiers ? Il y avait pas mal de membres en plus !
- Non, sérieusement, Denchu, tu vas te présenter à elle en tant que Thunder ?
- Pourquoi pas ?!
- Non, je refuse, ça ne pourrait faire qu’empirer les choses. On doit rester discret… A moins que…
- A moins que ?
- La collecte… Pour rester discrets sur notre identité le plus longtemps possible…
- Oui ? La pressa Denchu.
- Attends, je réfléchis… D’ici quatre mois, tu peux tout rembourser, c’est bien ça ?
- Oui.
- Alors, dans quatre mois, tu rembourseras la collecte des FaMaLuMés.
- Mais tu disais tout à l’heure qu’il ne fallait pas se présenter en tant que Soldier… Reprit Denchu, perturbée.
- Qui te dit de te présenter ? La collecte, il nous faudra… disons, l’emprunter !