Fanfiction
- 4ème Saison « Rien ne va plus » |
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7- 1, 2, 3, nous irons au bois
Toya se fit plus proche de la petite fille ces derniers temps, conséquence directe de son voyage à travers le temps qui le rendit si responsable et soucieux. Il n’avait jamais envisagé les souvenirs de la fillette sous cet angle. Le fait qu’elle n’avait pas trois ans lorsqu’ils l’avaient trouvée le troublait énormément : est-ce qu’elle avait l’esprit d’une adolescente de quatorze ans ? Non, c’était impossible puisque ses institutrices n’avaient pas décelé un potentiel relevant du génie, juste une touche d’esprit brillant…
Perturbé par l’occupation de ses pensées la journée, le remugle des souvenirs de Yumi se poursuivait de manière cauchemardesque le soir. En soi, pour tout un chacun, les rêves flous de Toya n’auraient effrayé personne, mais le fait qu’il ne puisse rien distinguer dans ses rêves, comme un brouillard recouvrant toute chose et laissant juste une atmosphère viciée l’oppressait.
Cela le rendait irritable le matin, et le don de Yumi ne l’affectait plus. Son esprit n’était plus calme : il donnait l’impression d’être sur le qui-vive.Deshi, joyeux lutin du matin remarquait le trouble persistant du jeune homme. Il était distrait et maladroit, ce qui ne lui ressemblait pas. Elle vint donc s’asseoir à côté de lui, sans volonté de discrétion, mais il sembla ne pas la voir malgré tout. Ce qui la déstabilisa quelque peu, mais dont elle en joua :
- C’est dingue ce qu’il fait beau cette semaine ! Il fait même presque chaud.
- Oh, Deshi ! Tu m’as fais peur…
- C’est bien une des premières fois, lui murmura-t-elle.
- Et ça m’ennuie…
- Oh ! Fit-elle en claquant la langue, mécontente de sa réponse.
- Ce n’est pas toi qui m’ennuie, se reprit-il en passant le dos de sa main sur la joue de la jeune fille – ce qui eu don de la faire rougir – C’est juste le fait que mon esprit est brouillé… comme s’il subissait des interférences.
- Change d’opérateur…
- Deshi, je ne plaisante pas, ça peut être mauvais signe !
- Oooh, ce que tu peux être déprimant ! Tu vas pas nous gâcher cette journée ! On comptait faire une ballade en forêt avec Yumi.
- Oui, ne t’inquiète pas ! On ira se promener, je n’envisageais pas de vous empêcher quoi que ce soit.
- Mouais, répondit-elle, maussade. Tu viens juste de saper mon entrain… Je vais me doucher.Toya leva les yeux au ciel en soupirant. Ce dysfonctionnement commençait à lui peser, et n’arrangeait pas les relations naissantes de couple. Lorsqu’il porta le regard sur les occupants de la salle – qui étaient tous apparus comme par magie – il eut l’impression et le soulagement qu’il n’était pas le seul à être tendu : Takeshi et Denchu révisaient ensemble les mathématiques, matière qui irritait au plus au point son vieil ami et qui ne tarda pas à le faire taper du poing sur la fragile table qui n’émit pas son plus beau son…
- Mais calme-toi ! La table ne t’a rien fait ! Le réprimanda-t-elle durement.
- J’y comprends rien !! Ca m’énerve, rien n’est logique !
- C’est parce que tu n’en fais pas l’effort !
- Bon, excuse-moi, il faut que j’aille prendre l’air, lança-t-il, déterminé, sous couvert d’excuse.Denchu se prit la tête dans la main gauche tandis qu’elle pianotait de la droite, lorsque son regard croisa celui de Toya, celui-ci ne voulant se mêler de ce qui ne le regardait pas, il détourna les yeux et les porta sur Kima qui faisait les cent pas, Haneru à ses côtés tentant de la raisonner :
- Mais, j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?
- Mais nooon, tu n’y es pour rien, enfin peut-être, mais je sais pas.
- Kima au lieu de soliloquer, explique-moi car je n’y comprends rien.
- Ca vaut mieux que tu ne comprennes pas, crois-moi. Laisse-moi !
- Un indice ?
- Haneru, t’es chiant, je sors.La jeune fille enfila son manteau, mais elle fut arrêtée dans son mouvement par Kasumi qui lui demanda si elle comptait aller en ville.
- Euh, oui…
- Ca t’ennuie si je viens avec toi ? A moins que tu ne sois pressée…
- Je… Non, ça ne m’ennuie pas, je veux bien que tu m’accompagnes.
- Et j’aurai besoin de tes conseils avisés, ajouta la rouquine à son aînée.
- Oh, tu sais… je ne sais pas s’ils seront des plus avisés, lui répondit-elle, puis, plus bas, plus pour elle-même, elle ajouta : En tout cas : fais ce que je dis, surtout pas ce que je fais !Et les deux jeunes filles de s’en aller pour leurs courses, Haneru dérouté leva les yeux au plafond, comme pour chercher réconfort auprès de sa jeune sœur.
On ne pouvait dire que Yuko était au plus haut de sa forme, mais son corps laissait une accalmie passagère à son esprit qui pouvait mieux se concentrer. Elle évitait juste de trop se fatiguer, et les vacances de Noël ne tombaient pas à pic pour récupérer en toute tranquillité.
Car il faut préciser que pour la première fois de leur internat, et malgré le constat matinal, les Soldiers exprimèrent le vœu de fêter Noël ensemble, notamment pour cacher les faiblesses de Yuko à ses parents, encore trop heureux de l’avoir retrouvé, mais les garçons se cachaient une victoire qu’ils n’osaient avouer : l’année dernière, ils avaient fait fort pour ce qui était de contenter les filles sur le cadeau de Noël d’intérêt général. Cette année, il était convenu qu’elles s’y collent, et au risque de les décevoir, leurs esprits étaient à mille lieues de cette préoccupation…~*~
Aussi étonnant soit-il, ce fut Kasumi qui tint le discours pendant toute la matinée avec Kima… Si nous pouvons parler de discours, il s’agissait plus d’un monologue au sujet d’un certain garçon qui faisait un pas pour mieux en reculer de deux lorsqu’il la séduisait. Du moins, c’est ce qu’elle pensait. Kima laissait échapper un grognement aux moments opportuns et quelques acquiescements, ce qui passa pour une écoute attentive de la part de Kasumi qui avait plus besoin de vider son sac que d’avoir un conseil avisé.
Kima tentait toutefois de percevoir le fond de la pensée de Kasumi, à coup de « il est attentionné », « il est agaçant », « il m’énerve », « ne sais pas quoi faire ». Elle était clairement amoureuse bien qu’elle l’évoquait de manière désinvolte mentionnant même que ce jeu l’ennuyait et qu’elle ne savait comment le calmer.- Kasumi, tu es amoureuse. Tu as vraiment envie que ça s’arrête ?
- Je, que… quoi ? S’interrompit-elle étonnée du ton blasé de Kima.Face au regard insistant et lassé de son amie, Kasumi capitula :
- Oui, je le suis. Ce n’est pas nouveau, mais j’aimerai tellement me détacher de ce jeu ridicule. Je pensais que tu comprendrais mon état d’esprit.
- Chacune de nous – exceptée Yuko – comprendrai ton état. Non, à y regarder de plus près, même Yuko le comprendrait, même si elle ne souhaiterait pas en parler. Bien…on parle de Satoshi, non ?
- Euh, oui... c'est si prévisible que j’en suis pitoyable.
- Non, tu ne l'es pas, la rassura Kima. Juste que nous sommes au courant depuis un bout de temps que tu as des vues sur lui. Je me demandais juste pourquoi tu voulais en parler aujourd'hui spécialement.Sa remarque lui fit l'effet d'une douche froide. Jamais elle n'avait vu Kima aussi irritée, et elle en marqua un petit temps d'arrêt qui fut perçu par son aînée, cherchant à s'en excuser aussitôt :
- Ce que je veux dire, c'est que quelque chose te tracasse pour en parler présentement, mais quoi ?
- Eh bien... eh bien en fait, j'ai l'impression que tout va très vite pour tout le monde, et que je suis un peu à la traîne, voire que je ne me fais que des films...
- Et qu'il ne s'intéresse pas à toi ?
- Oui, souffla-t-elle. A vous écouter, parfois je me dis que c'est du tout cuit, et parfois ça ne colle pas du tout.
- Ce n'est pareil pour personne, répondit tendrement Kima, ralentissant son pas et obligeant Kasumi à en faire de même.
- Je sais, mais... mais en voyant certaines similitudes, ça me donne envie... d'espérer, ajouta-t-elle, d’une manière plus interrogative qu’affirmative.Kima acquiesça, ce qui soulagea la jeune fille, puis, jetant un coup d’œil à sa montre, elle s'alarma aussitôt :
- Oh !! La pharmacie va fermer, et il faut absolument que je prenne mes crèmes ! Attends-moi là, j'en ai pour deux minutes !
- Tu achètes des crèmes, maintenant ?
- Oui, pour voir leur composition, et les faire à mon tour... en améliorant leur formule ! A tout de suite.Et effectivement, cela n'avait pas pris plus de deux minutes. Kima était ressortie avec au moins cinq crèmes différentes, allant du traitement de la peau juvénile à la crème antiride très concentrée.
~*~
L'idée de Deshi avait fait son petit tour, et tout le monde était sorti pour profiter du soleil extravagant qui ne réchauffait pourtant pas l'air ambiant. Cette sortie en plein air était de santé publique : elle permettait aux Soldiers – qui étaient restés enfermés pendant tout le mois – de profiter enfin du soleil qui ne tarderait pas à les quitter dans les heures suivantes, de prendre un bon bol d'air frais, et surtout de laisser Yumi se dégourdir les jambes.
Kima était sortie plus tard que les autres, prétextant qu’elle ne trouvait plus son pull, néanmoins, son air perdu et affolé ne trompa personne. Haneru l’attendait en retrait, et lorsqu’elle passa près de lui, il enroula son bras autour du cou de la jeune fille pour la basculer près de lui, quitte à l’aider à marcher. Elle accueillit avec joie ce geste, néanmoins, son sourire s’effaça la seconde suivante. Haneru ne parut pas y faire attention, et les autres firent semblant de ne pas l’avoir remarqué, mais ils étaient tendus face au ressenti caché de Kima.
Haneru exerça une pression lorsque tous s’étaient remis en marche, afin de conforter son amie, et elle répondit à son attention en enfouissant profondément sa tête dans le creux de son bras.- Que se passe-t-il ? Avait-il murmuré.
- Je suis confrontée à un sentiment contradictoire… Avait-elle soufflé.
- Tu veux m’en dire plus ou…
- Oui, de toute façon, ça te concerne aussi. C’est juste que c’est allé si vite…Haneru se renferma. Au vu des dires de Kima cela n’allait pas être des plus enthousiasmants. Aussi, il ne savait pas quelle attitude adopter : la laisser s’expliquer sans son soutien qui pouvait la bloquer, ou au contraire, lui montrer qu’elle pouvait compter sur lui à tout moment. Il opta pour la laisser parler, sans rien changer de son attitude. Seul son temps d’arrêt marquait son inquiétude :
- Je t’écoute.
- Je ne vais pas y aller par quatre chemins, et je ne suis pas douée pour les métaphores. Haneru, je suis enceinte.Kima ne sentit pas Haneru réagir : il ne dit mot, n’avait pas resserré son étreinte, aussi se risqua-t-elle à lever les yeux vers son visage, et elle y décela un sourire radieux illuminant ses traits et venant contaminer ses yeux.
- Haneru ?
- Oui, attends, laisse-moi le temps de réfléchir à cette nouvelle. J’essaye juste de voir à quel moment tu trouves que c’est contradictoire.Il plongea ses yeux glaciers dans ceux ambrés de la jeune fille, et celle-ci en éprouva un profond soulagement. Haneru accueillait la nouvelle avec joie. Néanmoins, il était de son devoir de jeune femme responsable – voire mère – de lui exposer les désagréments que ça engendrerait :
- Mais nous sommes jeunes et nous avons encore des études à poursuivre, et une mission en extra… et le contexte actuel ne nous permet pas de nous enliser dans la pater…
- Oui, mais nous ne sommes pas seuls, la coupa-t-il.
- Les membres de la pension ont d’autres choses à se soucier que d’avoir une bouche en plus à nourrir et à s’occuper, ajouta-t-elle, peu amène, sa façon à elle de le pousser dans ses retranchements et voir jusqu’où il assumerait.
- Je parlais de nos parents.
- Oh… Fit-elle faiblement, le sang se retirant de son visage. Je ne crois pas qu’ils accueilleraient la nouvelle avec joie.
- Les miens seront ravis… depuis le temps qu’ils veulent être grands-parents…
- Mais Haneru ! On n’a rien fait dans l’ordre !
- Parce qu’il y a un ordre à respecter ? Rétorqua-t-il, amusé.
- Plutôt, oui ! Si on ne veut pas se mettre dans les mauvaises grâces de tous : études, boulot, mariage ou mariage, boulot, installation, puis enfants !
- Bien, revenons-en au début… tu étais inquiète à quel sujet ? Ma réaction à cette nouvelle, mon appréhension de la paternité, ou l’ordre des choses ?
- Un peu des trois…
- Deux choses sur trois sont déjà réglées, et puis on peut dire qu’on a eu de l’entraînement avec la pension pour ce qui est de se gérer seuls – du moins sans autorité parentale – et Yumi nous a également appris à gérer la chose…
- Bon… je suppose que tu as raison. Du moins, je veux croire que tu as raison car je veux garder ce bébé, argua-t-elle, son regard déterminé perçant les yeux de Haneru afin de bien lui faire comprendre que si quelque chose se passait mal, il en serait aussi responsable…Haneru partit dans un rire profond et sonore et souleva Kima pour la serrer très fort dans ses bras. Le soleil accompagnait son humeur, et aucun nuage à l’horizon ne pouvait assombrir son petit moment de bonheur…
~*~
Yumi avait devancé de loin son petit groupe, et elle s’amusait à glisser sur les nombreuses flaques gelées qu’offraient les irrégularités de la forêt.
Le soleil était à son zénith et l’ensemble de la maisonnée arriva à la petite clairière qu’ils aimaient tant, celle-ci même où Kasumi avait eu une mésaventure la première année qu’elle passa à la pension. Yuko s’était reposée quelques minutes sur une pierre en bord de chemin, et leur annonça qu’elle les rejoindrait plus tard, lorsqu’elle aurait pris son souffle, et que non, elle n’avait pas besoin que des tourtereaux l’attendent en piaillant et gloussant à tout va.
Entièrement baignée par le soleil, les Soldiers – moins Yuko – s’étaient immobilisés un moment pour que le soleil leur caresse leur peau agressée par le froid et ils se laissèrent bercer par cette douce et calme chaleur.
Plus loin, Yumi courut à l’autel pour satisfaire sa curiosité et n’y vit qu’aucun vœu n’avait été laissé, ce qui la déçut… Elle regarda au pied de l’autel afin de terminer son inspection, et regarder si les petits messages roulés n’étaient pas tombé à cause du vent, mais elle ne vit que son ombre… son ombre grandissant à une vitesse affolante alors que le soleil n’avait en rien accéléré sa course.
Et l’ombre se mit à se décoller du sol.
La petite, les yeux emplis de terreur et fixés sur la forme naissante, tenta de fuir, mais l’ombre, attachée à ses pieds, l’empêcha de se mouvoir. Elle poussa alors un cri qui réveilla les Soldiers de leur léthargie et prirent le réflexe de se transformer aussitôt pour porter secours à leur protégée.L’ombre se métamorphosa alors plus vite, en une jeune fille pâle aux traits semblables à ceux de Yumi… plus vieille toutefois.
- Ah, c’est dingue, ça ! Tu n’aurais pas pu te taire que je termine mon incroyable mise en scène ? Rumina-t-elle d’une voix de petite fille.
Psy se stoppa aussitôt, se demandant s’il ne s’agissait pas de la Yumi du futur ayant profité de la porte temporelle que permettait bizarrement cet autel. Foutue clairière…
L’on pouvait se méprendre tant la ressemblance avec Yumi était stupéfiante : une sorte de grande sœur n’ayant pas vu le soleil depuis des décennies tant sa peau était diaphane, d’une pâleur sale, voire terne. Ses yeux étaient d’un rose tourmaline, et ils exprimaient un empressement certain qui se renforça lorsqu’elle sourit de ses dents blanches aux canines aiguisées.
De son index, la jeune fille aux allures vampirique chassa un insecte invisible et une détonation fulgurante en découla aussitôt. Un vent violent balaya l’ensemble de la clairière et un film de cristal enveloppa la scène dont la température grimpa automatiquement : il y faisait bon à l’image d’une serre, mais là s’arrêtait la comparaison avec le confort. En effet, cette prison de verre bloquait toute entrée et sortie possible…
- Bien, nous allons pouvoir discuter, mais pas assez à ton goût, malheureusement… Mes sœurs disent que je parle trop, mais je trouve ça dommage de ne pas échanger un petit peu avec sa victime. Eh ! Reviens ici !
Au débit de son baratin amphigourique, Yumi avait pris ses jambes à son cou afin de rejoindre sa famille qui bizarrement n’avançait plus. Une flèche vint s’échouer à ses pieds ce qui la fit trébucher. Yumi n’y tint plus, elle sortit sa broche et se transforma.
Les Soldiers s’étaient animés de l’autre côté de la barrière de « protection » : Fire brulait la paroi et Haneru tentait de la ciseler, mais rien n’y faisait. Satoshi avait empressé à tous de se dégager et en appela à ses forces pour lancer une de ses plus puissantes attaques… sans que la paroi n’ait une rayure.
A l’intérieur, la jeune fille avait repris son discours depuis que Yumi avait les yeux braqués sur elle.
- Donc, avant ta franche impolitesse, je disais qu’il est plus civilisé d’échanger un peu. Je suis Dark Mini Soldier, alias Yeiazel Shinzu, mais je ne vais pas garder ce prénom et ce nom longtemps, puisque je vais prendre le tien ! C’est juste pour éviter de nous donner des numéros et nous rendre déjà plus humaines que Kurao nous a nommées : elle a choisi les prénoms de vos anges gardiens ! C’est bien trouvé, non ? Débitait-elle avant de remarquer que Yumi n’était pas prompte à la discussion. Bon, je vois que tu ne comprends rien en fait. Mes sœurs avaient raison, ça ne sert à rien d’adoucir vos morts ou de vous expliquer pourquoi vous aller mourir.
L’ange gardien de Mini banda son arc et visa Mini. Pendant un court instant, elle ne vit plus la petite fille : un épais brouillard s’était formé à son encontre. Elle détendit un peu sa corde pour mieux apprécier le champ dont elle disposait, mais ne la vit pas. En revanche, elle sentit de nombreuses décharges électriques le long de son corps. Gênée plus qu’ankylosée, son regard balaya la clairière, et elle aperçut Mini derrière un renfoncement de terre.
Mini tentait de faire diversion en créant de mince flammèche, les lançant partout, mais à cause de l’humidité, celles-ci ne tenaient pas et laissaient un mince filet de fumée. Alors, elle décida de créer un autre brouillard aveuglant qu’elle espérait étendre sur dix mètres afin de pouvoir fuir.
Affairée par son stratagème, Mini n’avait pas remarqué que Dark Mini Soldier l’avait aperçue, prenant son temps pour bander son arc en visant d’abord le ciel avant de le reporter sur sa cible. Puis, elle fit glisser ses longs doigts fins de la corde tendue, et admira la vitesse que la flèche prenait en penchant la tête sur le côté.
Malheureusement, un élément perturbateur vint se mettre en travers de la course effrénée du missile où celui-ci vint s’y planter.Mini avait relevé la tête lorsqu’elle entendit courir Dark Soldier, ayant pénétré la sphère d’un autre côté, où les Soldiers ne se trouvaient pas. La jeune fille, la seule à avoir pu pénétrer cette sphère, s’était fantomisée afin de porter secours à Mini.
Le temps de sa course elle avait su que c’était trop tard. Si seulement elle était restée avec les Soldiers et n’avait pas arrêtée sa marche pour reprendre son souffle, Mini aurait pu être sauvée à temps. Alors, comme elle l’avait fait pour elle deux ans auparavant, Dark décida de sauver Mini, au péril de sa vie.
Elle recomposa son corps de sorte que la flèche ne puisse le traverser entièrement et blesser Mini. Elle était fière au final : elle était arrivée à temps et le missile ne fit qu’une victime.Elle l’avait touchée en plein cœur et son cristal en était ressorti, brillant d’un éclat profond lorsque le soleil en caressait les contours.
Effarée, Dark Mini Soldier contemplait son œuvre, elle ne put s’empêcher de partager ses pensées avant de prendre le cristal de Dark qui s’était dirigée vers elle, attiré par Dark Mini comme un aimant :- Tu es vraiment bête !! Hurlait-elle à l’adresse de Yuko, des larmes coulant sur son visage. J’ai été créée pour toi, pour que tout se passe bien quand tu nous rejoindrais !
A l’instant où elle prit le cristal et le plaça en son cœur, elle disparut, tout comme la paroi de verre vola en multiples éclats qui n’eurent pas le temps de toucher le sol cependant, laissant une nuée d’étoile au dessus de la clairière à mesure qu’ils se désintégraient instantanément. A la vue de ce spectacle, seule l’explosion fit l’effet d’une menace.
Dark releva son visage et poussa tendrement Mini à rejoindre Ocean et les autres :
- Mais, et toi ? Toi, tu vas veni’ ?
- Ne t’en fais pas, Mini, va rejoindre Ocean et ne te retourne pas. Ca ne sera pas long, il faut juste que je me repose… Lui répondit-elle faiblement, étouffant la douleur que trahissaient ses yeux humides.A mesure que Yumi s’éloignait, la résistance de Dark, puis de Yuko en faisait de même.
A genoux, elle tenait son ventre, tête baissée, le dos courbé comme pour se recroqueviller.
Tout semblait s’écrouler. Elle sentait le vide se présenter à elle et l’envelopper, mais en entendant les pas familiers, elle s’accrocha à ses dernières forces pour faire face à son frère qui la retenait par les épaules. Je n’ai pas peur, ne t’en fait pas…- Yuko !! Ne… ne t’en fais pas, on va retrouver ton cristal et tout ira bien !
- Non… Tu ne peux rien faire… Mon corps ne peut plus le recevoir… et je sens… je sens que la partie de mon âme qui réside en moi s’échappe petit à petit… Ce n’est que… que la deuxième fois…Iron resserra son étreinte sur les bras de la jeune fille et baissa son visage.
- Tu pleures… ?
- Imbécile, bien sûr que je pleure ! Je te retrouve à peine et… déjà…
- J’étais de toute façon condamnée à… à mourir jeune… Je ne serai plus un fardeau…
- TU NE L’AS JAMAIS ETE ! Eructa-t-il en faisant pression sur ses bras. Tu es ma sœur ! Ma petite sœur qu’on m’a enlevée trop tôt.
- Hitomi… Kima… Toi... Tu me pardonnes vraiment… pour tout le mal qui a été fait ?
- Depuis longtemps… Je t’ai pardonné depuis longtemps, ce n’était pas ta faute ! Répétait-il en rapprochant la jeune fille près de lui et la serrant fort, de peur qu’elle ne parte encore trop vite. Ne pars pas…
- ... Ne… ne me fais pas regretter de quitter ce monde, murmura-t-elle ne pouvant réprimer une larme qui vint s’effacer sur l’épaule d’Iron.
- Non… Pas maintenant… pas tout de suite… Dit-il d’une voix étouffée.
- Sois heureux pour moi… je vais enfin retrouver quelqu’un qui m’attend… Yugo…Les yeux de Yuko se voilèrent mais son faible sourire resta, la main qu’elle avait levé vers le ciel retomba doucement. Elle était libérée de son corps, et son âme pouvait rejoindre en paix celui de son bien-aimé.
Iron suivit le cortège d’étoile qui s’élevait vers le ciel. Ses yeux humides furent assombris par un nuage qui passa devant le soleil.
Flower le rejoignit, initiative qui l’apaisa. Elle s’agenouilla à ses côtés et prit sa tête dans ses bras pour le bercer, bien qu’elle sut très bien que rien ne le consolerait en cet instant.Elle l’aida à se relever et à marcher, mais l'effort qu'elle dut fournir pour soutenir Iron en plus de la vision d'horreur qu'elle eut la fit se sentir nauséeuse. Elle appela aussitôt Psy et Earth à l'aide afin qu'elle puisse se ressaisir.
Venant aider Iron, Earth et Psy lui demandèrent si elle se portait bien, mais d'un geste elle leur fit signe de s'éloigner, voulant quelque peu garder sa dignité à ce moment.
Flower s'appuya contre un arbre et la tête lui tournait déjà moins. Au moment où elle se redressa une violente nausée ressurgit et elle se retourna derechef pour vomir. Sa main, restée appuyée contre le tronc de l'arbre se crispait et blanchissait sous la pression de ses muscles luttant pour soutenir son corps dont les membres ne répondaient plus.Se sentant mieux, elle reprit un bol d'air et voulut partir, mais sa main était restée comme attachée à l'arbre, jetant un coup d'œil bref pour voir ce qui l'empêchait de poursuivre sa route, elle s'aperçut que quatre doigts grisâtre s'étaient entremêlés aux siens, et le tronc d'épouser les formes d'une jeune femme. Apeurée, elle tira sur sa main d'un geste vif, mais à défaut de s'en défaire, elle amena la personne à se détacher de l'arbre, à l'image d'un nouveau né traversant le ventre de sa mère.
La jeune femme qui lui faisait face n'était pas sans rappeler le costume et le teint de peau de l'assaillant de Yumi. Toutefois, celle-ci empruntait ses traits à Flower, avec des cheveux beaucoup plus longs, et vert à l'instar de l'éclat des jeunes pousses au printemps.
Retenant toujours Flower par sa main gauche, elle posa délicatement sa main droite sur le ventre de celle qu'elle entravait et lui murmura ces paroles :- Tu as pris une longueur d'avance sur moi, à ce que je vois... mais tu ne la garderas pas bien longtemps, Ki-ma !
- Qui êtes-vous... Souffla Flower, affolée par le ton de sa voix, si semblable au sien.
- Nithael Mitsuba, ton ange-gardien, alias Dark Flower Soldier.D'un coup sec, Flower se défit de son bourreau et courut appeler les Soldier qui avaient continué leur marche. Dark Flower Soldier souffla dans sa main, paume ouverte vers le ciel, et le bruit annonçant la création d'un dôme filait aussi vite que le vent... Il ne lui restait plus que quelques mètres où elle aurait pu toucher les garçons qui étaient accourus auprès d'elle, mais la barrière invisible vint se placer juste entre elle et Iron. Le regard affolé de Flower devint triste, et c'est avec résignation qu'elle se retourna face à son assaillant.
Iron sentit un vide se creuser dans sa tête et dans son corps. Ne sachant où ni vers qui se tourner, il contempla le ciel comme pour implorer qu'il épargne Flower... mais celui-ci était déjà caché par de gros nuages noirs...