Fanfiction - 4ème Saison
« Rien ne va plus »

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1- Chamboule-tout

Je ne veux plus continuer à vivre dans ce monde de solitude…

~*~

Deshi se balançait sans entrain sur la balançoire qui avait été installée au début de l’été pour Yumi.
Elle était, avec Denchu, une des premières levées et voulait profiter du soleil avant la rentrée en terminale.
La veille avait été quelque peu mouvementée : en rentrant gaiement à la pension, tous se racontant vivement leurs vacances, les Soldiers avaient découvert la maison sens dessus dessous. Craignant encore une fois un coup des démons, ils avaient redoublés de vigilance et avaient tout rangé transformés.
Ils avaient fini aux alentours des trois heures du matin et avaient constaté que rien ne manquait, ce qui leur semblait des plus étranges. Pouvait-il s’agir d’un simple squat ? Toujours est-il que les Soldiers n’avaient pas eu la présence d’esprit d’appeler la police pour constater l’étendue des dégâts et enquêter sur l’éventuelle identité des squatteurs… De toute façon, s’il s’agissait d’un démon, la procédure aurait été des plus compliquées, et ils se dirent que ce qu’ils avaient fait était la meilleure décision.

Le premier des garçons à s’être levé fut Toya qui sortait tout juste d’un cauchemar assez flou : son cœur palpitait encore de la rare violence de son rêve. Il regarda par la fenêtre où il vit Deshi sur la balançoire et décida de la rejoindre… Le plus dur venait de passer, la rentrée en terminale, à côté, serait une partie de plaisir…

~*~

Satoshi, Kasumi et Yuko passaient en seconde. Leur entrée au lycée les inquiétait, d’autant plus que l’absence de Yugo ne passerait pas inaperçue et Yuko serait la première visée.
Pour passer le temps sur le chemin, ils échangèrent les potins vacanciers. Ainsi, ils savaient que Takeshi avait proposé à Denchu de le suivre en Guadeloupe, mais celle-ci avait déjà prévu ses vacances avec ses parents. Les deux étaient alors peu convaincus de la fidélité résultant d’une séparation de deux mois, mais au final, leur retrouvaille, timide, s’était bien passée.
Deshi était partie en Espagne, comme à son habitude, et, comme à son habitude, elle était revenue hâlée, reposée et déprimée : tout était à refaire avec Toya. Deux mois ? C’est « on efface tout et on recommence »... Proclamait-elle à ses amies, compatissantes.
Quant à Kima, elle et Haneru s’étaient partagés la garde de Yumi, qui avait pris quelques centimètres supplémentaires. Ils lui avaient même racheté des vêtements d’urgence, tant les jupes et les chemisiers la serraient désormais. En soi, Satoshi et Kasumi s’accordaient à dire que Kima et Haneru s’étaient comportés en vrai petit couple avec leur enfant adoptée.
Un regard en arrière, et ils s’assurèrent que Yuko les suivait bien. La jeune fille avait les mains dans ses poches et regardait la route d’un air amer :

- Et toi, Yuko, tu as fait quoi pendant tes vacances ? S’enquit Kasumi, pour la faire participer un peu à la conversation.
- Je suis partie avec mes parents dans leur maison de campagne, échangé des banalités avec de la famille dont je ne me rappelais même pas l’existence…
- Ah… et ça t’a plu ?
- A vrai dire, ce qui m’a le plus plu, c’était de tenir compagnie aux lapins… Eux au moins ne te posent pas de questions stupides, rétorqua-t-elle.
- Excuse-moi d’avoir voulu te faire partager notre conversation, répliqua aussitôt Kasumi, vexée.

Yuko releva la tête, l’air étonnée devant le visage réprobateur de Kasumi.

- Je ne parlais pas de toi… mais des mondanités familiales.
- Oh ! Excuse-moi… c’est que – sans vouloir te blesser – venant de toi, on a tendance…
- Oui je sais, je ne mets pas en forme mes pensées et ce qu’il en ressort est peu diplomate.
- Voilà ! Tu m’ôtes les mots de la bouche ! Plaisanta la rouquine.
- Mais me suis jurée de faire des efforts… Peut-être la bonne résolution de l’année à venir !

Satoshi et Kasumi rirent de bon cœur et Yuko esquissa un sourire. Il était tellement rare de la voir plaisanter que cette autocritique avait un caractère unique.

- Bien… et qu’a fait Toya pendant ces vacances ? S’intéressa Yuko.
- Selon mes sources, rien de particulier. Il a voyagé un peu avec son père, répondit Satoshi.
- Et vous, vous avez fait quoi tous les deux ?
- Plein de choses… Euuuuuuuuuuh, non rien ! Enfin, pas ensemble Kasu et moi ! Enfin moi, en ce qui me concerne, j’ai fait plein de choses, se rattrapait Satoshi comme il le pouvait sous le regard navré de ses deux interlocutrices.
- Ah… Plein de choses, c'est-à-dire que tu as terminé tous les jeux que tu t’étais acheté, ricanait Kasumi.
- Non, tu vois, tu es mauvaise langue… j’ai un peu levé le pied sur les jeux vidéo. En fait, j’ai visité notre belle capitale vu qu’on ne passe pas beaucoup de temps à l’apprécier, puis pour avoir un peu d’argent de côté j’ai fait des petits boulots, comme du baby-sitting et puis je suis parti deux semaines à la plage avec mes parents. Donc des vacances assez remplies niveau planning.
- Ah oui, effectivement… J’ai presque honte de dire que j’ai trainé dans la ville, dans les cinémas et à la piscine… Avoua Kasumi. Mais pourquoi tu ne m’as pas appelé si tu étais dans la ville ?
- Eh bien vu qu’on se supporte dix mois sur douze et que tu aimes te retrouver avec ta famille que tu ne vois pas souvent, j’ai voulu éviter de te déranger.
- Non, tu ne m’aurais pas dérangé… Mes parents ont été comme à leur habitude très occupés…

Un silence bref s’installa, et Satoshi décida d’y couper court :

- Eh, Kasumi ? Tu sais quoi ?
- Non, quoi ?
- On est au LYCÉE !!! Lui rappela-t-il en la portant dans ses bras telle une jeune mariée.

Kasumi laissa échapper un cri de surprise avant de s’en remettre… et puis elle ne trouvait pas la situation inconfortable… Satoshi, en revanche, commençait à peiner au bout de quelques mètres et laissa tomber son engagement chevaleresque cinq mètres plus loin.

Le lycée était justement en vue, et pour Kasumi, cela « tombait » bien que Satoshi la laisse à terre, car celle-ci ne tenait pas à être remarquée d’entrée de jeu. Yuko ne pouvait qu’approuver silencieusement cette décision, et louer les muscles fatigués de Satoshi.

A leur arrivée, une clameur générale émanait d’un groupe d’élève. La séparation des classes n’avait pas encore été faite mais il semblait que les élèves ne se préoccupaient pas de leur répartition…
Satoshi se fondit dans la masse pour tenter de voir l’objet de l’attroupement. Il découvrit alors Fumio, pianotant sur un téléphone portable avant de le tendre au reste des élèves :

- Et voilà pour les retardataires. Ne vous inquiétez pas, je la balancerai sur Internet pour que tout le monde puisse la voir…

Satoshi devint aussitôt livide. La vidéo que Fumio montrait était celle où l’on voyait le bâtiment des troisièmes prit d’assaut par l’eau, puis Kasumi y entrer… pour en ressortir sous sa forme d’Ocean.

- Hey, Sash ! Tu es devenu une star avec Kasu, l’interpella Fumio en le voyant faire demi-tour. Tu es sûr que tu ne te souviens vraiment de rien ?

Satoshi s’arrêta dans son demi-tour et adressa un regard noir au jeune homme :

- Si je savais quelque chose d’autres, soit sûr que tu serais le dernier à être mis au courant…
- De toute façon, te fatigue pas trop… J’irai montrer ça moi-même à la police. Après, si tu veux pas coopérer avec eux, ça te regarde, moi j’aurai fait mon devoir de citoyen, ajouta Fumio à l’adresse de Satoshi qui lui tournait le dos pour rejoindre Kasumi et Yuko.

Face au regard inquiet de Kasumi qui était restée en marge de la foule avec Yuko, Satoshi lui répéta entre ses dents la petite altercation qu’il avait eue avec Fumio.

- Oh, c’est pas vrai ! Je croyais que cette histoire était enterrée, se lamentait Kasumi.
- Elle l’était, mais cet imbécile a cherché par tous les moyens de retrouver son fichier pour s’attirer un instant de gloire… Rageait le garçon.
- Il n’aura qu’une gloire éphémère. Ils ne retrouveront pas Ocean… Rassure-moi, on ne voit qu’elle ?
- Non… On voit également Kasumi y entrer, pour ne pas en ressortir.
- C’est là que c’est ennuyeux… Même avec la version que tu avais sortie l’année dernière, on peut facilement importuner Kasumi.
- Le pire, c’est qu’ils croient que c’est moi qui ait inondé le lycée… Tout du moins, Ocean, intervint Kasumi jusqu’alors silencieuse.
- Sincèrement, on peut pas limiter les dégâts ? Yuko, si on arrive à prendre le portable de Fumio, et en fantomisant ta main, tu pourrais provoquer une sorte de panne ? Lui demanda Satoshi.
- Alors, d’une part, admettons que Fumio commette l’inattention de laisser trente secondes son portable qui est, pour le moment, son seul trésor, puis après me l’avoir remis, il faudrait que je me transforme pour effectivement court-circuiter l’appareil, donc ce qui signifie que je doive prendre ce risque au lycée, vu qu’on ne va pas emporter le téléphone… Et encore, cela reste un succès des plus minimes, parce qu’avec une telle vidéo, personnellement, j’en aurai fait des copies… Le plus simple serait à la limite de détruire son portable, et là encore ça paraîtrait suspect. Donc non, on ne peut rien faire, si ce n’est d’éviter que Kasumi se transforme devant quelques lycéens ou qu’elle soit aperçue en Ocean près du lycée.
- Ooooh… Cette année commence très mal… Soupira Kasumi.

Les trois lycéens durent couper court à leur conversation car la répartition commençait. A leur premier grand soulagement, Yuko, Satoshi et Kasumi se retrouvèrent dans la même classe.

~*~

- T’as remarqué pour Kasumi ?
- De quoi ?
- Sa poitrine, pfiooou ! Fit remarquer Deshi à Denchu en mimant une croissance exagérée.
- Ah non, j’ai pas fait attention…
- Bah, c’est sûr, c’en est pas à ton niveau, et encore moins à celui de Kima… Par contre, elle m’a carrément devancée. Je me retrouve en compétition avec Yumi, maintenant…

La jeune fille était dépitée – non que ce soit son complexe – mais cela faisait un moment que son état était stationnaire, alors que toutes ses amies revenaient à chaque fois plus embellies de leurs vacances : soit plus grande, soit plus bronzée, ou encore mieux formée…

- Arrête, tu n’as pas à te plaindre, Deshi.
- Nan, j’me plains pas… Mais dame nature est injuste avec ses gardiens…

En parlant de dame nature, celle qui avait été généreusement dotée de ses attributs interpella celle qui se plaignait d’être lésée :

- Dis donc, Deshi, il y a un gars, là… Seiichi, qui essaie désespérément d’attirer ton attention…
- Ah ? Seiichi… Seiichi Goro ?
- J’en connais qu’un de nom… Mais apparemment, c’est celui qui était dans ta classe.

En tournant discrètement le regard vers l’endroit d’où venait Kima, elle croisa le regard déterminé du dénommé Seiichi, qui prit cet échange pour une invitation, et vint se joindre au groupe de fille.

- Tu ne me dis pas bonjour ? La salua-t-il avec une déception frisant l’agressivité.
- Euh… Bonjour…
- Oui, je vois… Pas très classe. C’est vrai que ton ego en prendrait un coup devant tes potes…
- Je te demande pardon ?
- Non, je ne t’excuse pas, non. Sincèrement, ignorer une personne est…
- Mais attends un peu, là, qui ignore qui ? Moi ?
- C’est la meilleure… Tu te fous de moi ?
- Non, non ! Attends, j’essaie de comprendre, explique-moi dès le début.
- Un problème, Deshi ? Intervint Toya alors que Denchu lui avait fait signe de venir.
- Euh, je… non, aucun problème… Seiichi, s’il te plaît, ne me regarde pas comme ça, et explique-moi d’où vient cette histoire.
- Effectivement, c’est plus grave que je ne le pensais… J’ai juste pensé qu’on sortirait toujours ensemble malgré la rentrée…
- Sortir… ensemble ? Euh, je… je ne pense pas qu’on sortait ensemble, tu as dû te tromper de…
- Tu es amnésique ou quoi ?! Commençait à s’emporter le garçon. On est resté ensemble toutes les vacances !
- Ecoute, Seiichi, j’étais en Espagne pendant les vacances ! Et à moins qu’on ne m’ait mis quoi que ce soit dans mon milkshake chocolat alors que je plongeais dans la piscine, je ne suis pas sortie avec toi ! Lui répondit-elle en haussant le ton.
- Mais quelle mauvaise foi ! Tant que je ne te donnerai pas de preuves, tu refuseras de l’admettre, c’est ça ?!
- Tiens, excellente idée… Je te mets au défi de me le prouver, effectivement…

Seiichi avait souri au ton emprunt d’ironie que Deshi avait utilisé, et sans lui laisser le temps d’ajouter quoi que ce soit, il sortit de son porte-monnaie une photographie au format photo d’identité qu’il lui brandit au visage :

- ET ÇA ?! JE L’AI INVENTÉ AUSSI ?!

Deshi eut un mouvement de recul face à cet excès d’agressivité, et ce qu’elle vit sur la photographie la désarçonna encore plus : on y voyait nettement Seiichi, tentant tant bien que mal à regarder l’objectif pendant que Deshi – car c’était bien son visage – s’évertuait à ramener l’attention du jeune homme sur elle, avec un sourire entendeur…
Elle lui rendit aussi vite que possible, mais Denchu et Kima avait déjà vu le cliché, et Toya semblait également l’avoir aperçu.

- Un… C’est un montage photo… Lui répondit-elle sans conviction, le visage blême.
- Un montage photo ? Je ne perdrai pas mon temps à faire ça, qui plus est il y a encore la certification du photomaton, et la date, accessoirement. Mais si tu veux d’autres preuves, je peux t’en donner… A commencer par ta maison.
- Ma… maison ?
- Celle qui est à l’orée des bois… Ah non, tu vas encore me dire que c’est pas ta maison… Que tu n’as jamais habité là-bas…
- La pension ? Attends, Seiichi, tu…

Deshi n’eut pas le temps de poser sa question que l’heure de la répartition avait sonné et Seiichi les avait quittés d’un pas rageur.
Deshi se tourna près de Kima qui haussait les sourcils, plus par étonnement que par compassion, et vers Denchu qui semblait abasourdie. Lorsqu’elle posa son regard sur Toya, celui-ci lui répondit par une moue peu encourageante avant de s’en retourner auprès de Haneru et de Takeshi.

- Mais c’est pas vrai… J’ai fait quoi pour mériter ça ?!
- Deshi, tu as entendu sa dernière phrase… ? Lorsqu’il disait qu’il avait vu la pension ?

~*~

Satoshi, Kasumi et Yuko s’empressèrent de rejoindre la pension pour leur exposer le problème.
Ce qu’il y avait encore de bien avec les rentrées scolaires, c’est que la première journée comportait rarement plus de trois heures de pseudo-cours, avec la présentation de l’année à venir, la liste des professeurs, la remise des documents administratifs, mais le plus important était bien l’absence de devoirs les premiers jours, ce sur quoi il fallait se précipiter pour profiter des dernières heures de répit avant de crouler sous les corvées lycéennes.

A peine avaient-ils passés la porte que Satoshi s’exprima sans introduction aucune :

- ON A UN ÉNORME PROBLÈME !!
- Tiens donc, toi aussi ? Répondit Deshi, maussade.
- LA VIDÉO DE KASUMI, ALIAS OCEAN À ÉTÉ RETROUVÉE !!
- Du coup on comprend mieux pourquoi on a retrouvé la pension dans cet état, ajouta Toya. Le tout, c’est de ne pas feindre l’incompréhension.
- ET ILS ONT L’INTENTION DE LA DIFFUSER !
- Comment ?
- IL FAUT FAIRE QUELQUE CHOSE !!! Continuait à s’égosiller Satoshi.
- Tu sors avec qui tu veux, mais ne le renie pas, après. C’est tout.
- Et tu crois sincèrement que c’est moi qui ait mis la pension à sac ?!!
- Plus rien ne m’étonne venant de toi… Il semblerait que tu aies des trous de mémoire… Mais pour la pension, je dirai plus que vous étiez deux…
- Mais c’est une machination !!
- Et pourquoi on en voudrait spécialement à toi ?
- Sincèrement, si Kaho faisait encore partie de ce monde, je jurerais que ça vient d’elle
- Arrête de déplacer le problème ! IL N’Y A PLUS DE KAHO !
- Non, c’est vrai, maintenant il y a une Kurao, ET C’EST PAS LA PEINE DE ME HURLER DESSUS !! JE SUIS LA PREMIÈRE VICTIME DANS TOUT ÇA, MERDE !!

Face à la dispute de Toya et de Deshi qui tournait à mal, Satoshi avait placé la hauteur du problème d’Ocean un cran en dessous du niveau d’urgence. Il semblait y avoir eu de l’agitation du côté des Terminales, et une information qui pouvait relever de leur nouvelle ennemie : Kurao.

En soi, ils en savaient très peu sur cette dernière. Elle avait été à l’origine du trio démoniaque Nanako, Oriba et Yugo dont la mission première avait été de ramener Yuko du côté des ténèbres. Ce fut à Yugo de s’acquitter de cette mission. Il semblait que Nanako et Oriba en eurent une autre, mais ils ne surent jamais laquelle… Le groupe de réflexion s’était accordé sur le fait de la deuxième mission qui était d’éliminer les Soldiers. Grâce à leurs hypothèses toujours plus élaborées les unes que les autres, ils réussirent à s’accorder sur le fait que Nanako dirigeait les cauchemars et en faisait ses armes contre les Soldiers, et Oriba provoquait de violents malaises à distance. Une bonne alchimie pour faire craquer mentalement et physiquement son adversaire : le désir, la peur et la douleur étaient ainsi réunis.
Là où ils avaient encore des doutes étaient sur leur cible exacte : il n’y avait que les filles qui avaient été la cible des attaques. Les garçons n’en avaient subies aucunes, ou alors le trio n’avait pas eu le temps de terminer leurs plans, et n’avait pas pu s’attaquer aux garçons…

En revenant à l’instant présent, Satoshi se rendit compte que la dispute n’était pas allée plus loin. Deshi était retournée sur le canapé et s’enfonçait dans la lecture des fournitures scolaires pour passer le bac scientifique, et Toya rangeait bruyamment la vaisselle.
Il se tourna auprès de Kasumi qui s’était installée silencieusement sur la table de la salle à manger pour goûter un petit pain au lait. Elle vit son air dérouté, et lui fit signe de la main qu’ils s’expliqueraient plus tard, puis elle se leva pour reposer la boîte de biscuit et laver son verre de lait à la main pour ne pas déranger Toya.

- Vous n’aviez pas un scoop intéressant à nous faire partager, vous ?
- Euh… oui, tu veux qu’on en parle maintenant ? Demanda timidement Kasumi.
- Ouais… Ca m’évitera de ruminer des affaires inutiles avec des personnes qui ne savent pas se gérer…

Kasumi accusa le coup, néanmoins, elle ne put s’empêcher de tourner la tête lorsque Deshi quitta précipitamment le salon. Elle reporta alors son regard désapprobateur vers Toya.

- Quoi ?
- Vraiment… Tu manques plus de délicatesse que…

Elle se reprit pour ne pas dire le prénom de Satoshi qui, elle devait l’avouer, avait fait beaucoup d’effort de ce côté-là. La remarque n’échappa pas à Toya :

- Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ? L’histoire que vous avez entendue est vraiment futile, et elle me met les nerfs à vif… Autant de manque de discrétion, ça me fout en rogne.
- Tu parles de discrétion alors que tu exposes ton point de vue devant toute la pension ?
- Bon… Qu’est ce que tu veux que je fasse ? Que j’aille m’excuser ?
- Ne me fais pas prendre de décisions à ta place, et si c’est ce que tu ressens comme étant la meilleure solution, alors oui, remballe ton amour propre, et va t’excuser.

Kasumi avait chuchoté sa dernière phrase qui avait fait figure d’électrochoc au jeune homme. Oui, la rouquine n’était plus la jeune fille timide et blessée qu’ils avaient recueillie trois ans auparavant. Elle tenait tête, prenait partie, et défendait ses opinions.
Devant son regard insistant, et voyant que les membres de la pension ne se souciaient plus du malaise ambiant, et vaquaient à leurs occupations, Toya prit congé de la cuisine et s’en fut à l’étage où il se trouva face à une porte de chambre fermée.
Après en avoir analysé tous les détails, il se décida à frapper, mais n’entendit pas de réponses de l’autre côté.

- Deshi ? C’est moi, ouvre… La pria-t-il, doucement
- Non !
- S’il te plaît…
- Raison ?

Pris au dépourvu, il répliqua en perdant son calme :

- Je m’excuse !
- Tu peux pas !
- Co… comment ça ?

La porte s’entrouvrit, laissant apparaître à l’entrebâillement Deshi, les bras croisés, les yeux malicieux qui lui répondit aussitôt :

- Parce que tu ne peux pas t’excuser toi-même… Il faut demander le pardon…
- Ah… je vois… et quelle serait la formule la plus appropriée, en ce cas ?
- Ca, je ne vais pas te la servir sur un plateau. Pour une fois que tu te rends compte de ta suffisance, je ne vais pas te laisser passer…
- Excuse-moi ?
- C’est un ordre ?
- Bon, Deshi… tu m’as très bien compris, on ne va pas passer la nu…
- Non, je veux te l’entendre dire correctement !
- … Deshi ?
- Oui ?
- Je te prie de bien vouloir m’excuser…
- Je t’excuse, mais que ça ne se reproduise pas !

Toya eut un sourire, Deshi décroisa ses bras et se pencha plus en avant, sans pour autant sortir de sa chambre. Elle laissa la porte entrouverte, laissant Toya sur le devant :

- Plus sincèrement, Toya… Je ne suis pas sortie avec Seiichi Goro.
- Je dois t’avouer que ça m’a surpris… T’imaginer sortir avec lui me rendait malade, mais ce qui m’étonne, c’est qu’il en est convaincu.
- Ca te rendait malade ? Reprit Deshi, un sourire en coin.
- … Ce qui m’étonne, c’est qu’il en est convaincu ! Appuya Toya.
- Passons sur ce point, nous avons un problème plus urgent à résoudre, non ? Les Secondes ne sont-ils pas sur le point de découvrir que Kasumi et Ocean ne sont qu’une seule et même personne ?

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