Fanfiction - 4ème Saison
« Rien ne va plus »

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2- Accumulation

Au petit déjeuner, Denchu suivait des yeux Kasumi. Elle avait effectivement grandi, mais pas encore atteint sa taille, cependant il était incontestable qu’elle avait bien dépassé la taille de bonnets de Deshi…

- Quoi de plus compliqué, railla Toya en passant à côté.
- De ? Reprit Denchu en s’interrompant dans ses pensées.
- De dépasser sans problème certaines limites…
- Dis-donc, toi… Tu sais lire dans l’esprit des Soldiers, maintenant ?
- Non, toujours pas le votre, mais vos comportements en disent long, surtout les regards peu discrets qui passent d’une fille à l’autre, lui murmura le jeune homme.

Deshi regardait Denchu d’un air interrogateur, son amie avait rougi de s’être fait surprendre par Toya à jauger des différences perçues et espérait que Deshi ne prenne pas cette montée d’adrénaline pour un compliment que le jeune homme venait de lui faire.
La jeune fille s’en retourna à ses analyses et décida de porter son choix sur la gente masculine.
Satoshi atteignait bel et bien la taille de ses aînés, et sa voix enfantine n’était plus qu’un lointain souvenir, resté ancré dans les mémoires. Le visage restait encore jeune, mais il avait acquis une certaine aisance dans ses mouvements, ce qui le faisait paraître moins gauche, et moins impatient.

Il en avait fini avec leur découverte sur l’amalgame possible entre Ocean et Kasumi, et Denchu n’avait absolument rien suivi de la conversation, elle se tourna près de Takeshi qui avait gardé l’air grave, essayant de se repérer par rapport à ce qu’il s’était dit, mais elle fit face à un mur :

- Là… on ne peut rien faire qu’espérer…
- Bon, bon, bon, c’est pas tout, mais on va être en retard pour le lycée !

Denchu pressa tout le monde, ce qui les amenèrent à être sur le pied de gru en moins de dix minutes. Ils déposèrent Yumi à son école avant d’aller eux-mêmes à leur lycée… pour une journée qu’ils n’auraient jamais cru si mouvementée !

~*~

Cela faisait quatre jours que l’excitation était à son comble, chacun attendait de recevoir le fichier de Fumio.
Lorsque celui-ci l’eut mis sur un serveur, les discussions fusèrent aussitôt après que la grande majorité du lycée eut pris connaissance de la vidéo et certains étaient sûrs des doutes qu’ils avaient proférés.
Kasumi était regardée de biais et certains l’évinçaient des conversations. Même son amie Ran avait rejoint un groupe de charognard : en partageant ce qu’elle savait de la rouquine, Ran bénéficiait d’un statut plus que populaire, ce qui – elle l’espérait – lui permettrait de se rapprocher de Fumio sur qui elle avait des vues depuis que celui-ci s’était intéressé à Kasumi.

- Ce n’est qu’un renégat… La rassura Satoshi, en s’asseyant à côté de son amie à l’heure de la pause.
- Renégat ?
- Une traitresse, si tu préfères.

Kasumi ne voulut pas même remarquer ironiquement que le jeune homme avait étoffé son vocabulaire depuis qu’il s’intéressait plus aux livres et un peu moins aux jeux vidéo, mais elle n’eut que le courage d’opiner, gardant les yeux à terre.

- Qu’est-ce qui te fait le plus mal ? S’enquit encore le jeune homme, pour la forcer à s’échapper de son silence destructeur.
- Je sais pas… je sais pas si c’est le fait que tout le monde pense que je suis la coupable, ou qu’ils me rejettent, ou encore que Ran m’ait utilisée… je pense que c’est la solitude qui me pèse…
- Mais tu n’es pas seule ! Tu nous as nous, la pension ! Regarde, si on compte bien, ça fait deux… quatre… six… neuf personnes ! Presque deux mains entières sur qui tu peux compter.
- … Sauf qu’une bonne majorité ne fréquente pas ma classe…
- Notre classe ! Kasumi, je suis là, moi… Murmura le jeune homme.

La jeune fille esquissa un sourire. Elle se redressa et se tourna vers Satoshi qui s’était approché d’elle. Il lui passa une main dans le dos et l’approcha de lui pour poser son front contre celui de la jeune fille.
Le cœur de Kasumi faillit exploser, mais elle réussit à garder son calme, en pensant avant tout à sa respiration… mais l’envie de serrer Satoshi dans ses bras était trop forte, qu’elle ne put y résister. Au moment où elle s’apprêtait à le faire, un adulte l’interpella :

- Kasumi Williams ?
- Euh… je, oui, pardon, nous ne faisions rien de mal ! S’embrouillait Kasumi, rouge de honte, la voix crispée et plus forte qu’à son habitude.
- Je me fiche pas mal de ce que vous faisiez, le règlement intérieur de votre établissement n’est pas sous mon autorité. En revanche, j’ai eu l’autorisation de votre directeur pour que vous me suiviez au commissariat.

Kasumi reconnut le commissaire Kaioh qui l’avait autrefois conviée à la même entrevue lorsqu’elle était Ocean. Ce qui l’étonna de prime abord, c’est que celui-ci était resté en France alors que ses deux enfants, Ryu et Michiru étaient retournés en Angleterre avec leur mère… Mais cette pensée fut vite balayée par la situation présente : la jeune fille tenta tant bien que mal à se persuader que le commissaire ne pouvait pas l’accuser directement car d’une part, il avait interpellé Ocean, et d’autre part, Toya avait effacé sa pensée.

- Vous voulez bien me suivre, s’il-vous-plaît ?
- Euh… je, oui…
- Je viens avec toi ! Lança Satoshi.
- Non, nous n’avons pas besoin de vous, rétorqua le commissaire.
- Ca m’étonnerait ! Je me suis également retrouvé coincé dans l’inondation !
- Bien… Déjà nous confirmons un point : vous savez de quoi je veux vous parler…

Satoshi se mordit la lèvre : son impulsion venait encore une fois faire tout échouer. Alors qu’il voulait apporter son aide à son amie, il venait de l’enfoncer avant même que l’entretien se déroule.
Kasumi porta un bras réconfortant sur l’épaule du jeune homme, le remerciant intérieurement de son implication.

En retrouvant le bureau, Kasumi le trouva des plus familiers : le désordre était le même, l’odeur restait rance et les murs étaient aussi jaunis que l’année passée. Heureusement, ils n’en n’eurent que pour très peu de temps. Le commissaire Kaioh s’était avant tout intéressé à l’adresse de Kasumi, et demanda le nom des personnes qui vivaient avec elle.
Le commissaire ne fut qu’à moitié surpris lorsqu’il entendit le nom de Satoshi – qui se cala bien dans sa chaise – et il eut un petit rictus lorsqu’il apprit celui de Toya.
Il demanda par la suite si celui-ci avait une sœur ce qu’elle nia. Puis il se tourna vers l’un de ses collègues, et lui demanda d’inscrire Toya Kinomoto à la liste des personnes à interroger.
Kasumi blêmit un peu plus. Voyant qu’elle avait un air des plus interrogateurs, le commissaire s’expliqua :

- Voyez-vous, mon collègue, l’inspecteur Aiko m’a confirmé que nous avions fait deux interpellations juste après l’incident du collège, malheureusement, mes souvenirs sont des plus confus… Nous n’avions pu aller plus loin, et le rapport que j’aurai dû écrire était vierge – ce qui n’est pas dans mes habitudes – nous nous sommes donc intéressés à ces deux inconnus, et la seule chose dont l’inspecteur se souvenait, c’étaient les prénoms : Ocean et Toya… Frères et sœurs apparemment.
- Et alors… il y a plus d’un Toya dans la ville, il me semble ! Et vous avez bien vu que nous ne connaissions pas d’Ocean, s’emporta vivement Satoshi.
- Effectivement, seulement, je trouve que les éléments se recoupent étrangement les uns, les autres… Avouez que le hasard fait bien les choses ! Et ne vous inquiétez pas, si vous n’avez rien à vous reprocher, ce sera une visite de routine pour ce cher… voyons… Toya Kinomoto ! Bien, vous pouvez disposer, désormais.
- Je trouve que vous forcez un peu trop le hasard ! Rétorqua Satoshi en s’empourprant. Le Toya que nous connaissons n’a pas de sœur, et je pense que nous sommes plus les victimes que les coupables dans cette histoire !
- Jeune homme, vous allez baisser d’un ton avec moi ! Je tiens néanmoins à vous préciser que dans de nombreuses affaires, les victimes se trouvent être les premiers coupables… Sortez de mon bureau, maintenant !
- Et bonne journée !! Le salua Satoshi sur le même ton.

~*~

Deshi évitait le plus possible Seiichi, qui bien entendu était dans la même classe qu’elle. Celui-ci lui avait taillé une réputation des plus houleuses, et elle n’était pas de taille à réfuter tous les arguments et autres insultes qu’on lui lançait ou répondre à chaque question qu’on lui posait. Elle se contentait désormais d’afficher un sourire las et ironique, faisant ainsi comprendre à son interlocuteur qu’il l’importunait… ou pour les plus déterminés, cela les confortait dans leur croyance des propos de Seiichi.
La jeune fille s’était mise d’emblée à côté de Toya – qui heureusement était dans la même classe qu’elle – et celui-ci était devenu le soutien et mentor de Deshi, lui disant ce qu’elle pouvait faire ou dire dans les situations qui se présentaient. Parfois, même, il répondait à sa place, acte qu’elle remerciait intérieurement, mais qu’elle trouvait parfois exaspérant, car Toya prenait trop à cœur son rôle de défenseur… or elle savait se défendre ! Les nombreuses disputes qu’elle avait eues avec le garçon le prouvaient bien, non ? Rappelle-toi qui a plus souvent le dernier mot ? S’étonna-t-elle de penser.
Et elle devait l’avouer, Toya était bien celui qui avait le plus de répartie. Désormais, à chaque fois qu’elle voyait quelqu’un approcher de trop près, Deshi pinçait discrètement Toya pour le prévenir. Parfois, la seule force de deux regards empêchait le curieux de s’arrêter pour s’abreuver de paroles. Aussi, ce que Deshi attendait avec impatience, c’était la fin des cours !

Elle, Denchu et Kima s’étaient données rendez-vous à la grande papèterie du coin pour y acheter leurs fournitures scolaires, mais aussi pour y trouver des extras, comme des ramettes de papier, des grands cahiers à dessin ou encore des stylos originaux aux fonctions des plus inutiles, mais ô combien agréables à posséder.
Sur le chemin, Deshi leur expliquait les diverses réactions qui lui étaient tombées dessus et le calvaire que ça allait être pour rétablir un semblant d’indifférence si ce n’est de popularité.

- Vivons bien, vivons caché… Soupira Denchu.
- C’est ce qu’on a essayé de faire pendant plus de quatre ans, lui répondit Deshi. Mais là, j’ai l’impression qu’il y a eu une saturation quelque part, et l’excès se déverse. Regarde : Kasumi n’est plus à l’abri, moi j’ai un truc qui me court après, et puis, il n’y aura pas que nous deux… Les gens font vite l’amalgame entre deux personnes, et vu que nous vivons tous ensemble, vous n’allez pas tarder à être visées, les filles !
- Pourvu que ce soit le plus tard possible, alors ! Espéra Kima. Et dire que pour une fois tout allait bien… Au fait, Deshi, si ça n’est qu’une question de popularité, t’en fais pas, il ne nous reste qu’un an de lycée ! Après, à la fac, tu auras tout le temps de te refaire !

Deshi approuva en souriant à son amie, puis elles passèrent la porte qui laissa retentir un tintement de cloche cristallin en s’ouvrant. Elles se dirigèrent alors vers leur gondole préférées où toutes les promotions étaient étalées.
Leur choix fait, elles passèrent en caisse en prenant bien soin de prendre celle où le gérant officiait.

- Tiens… je n’aurai jamais pensé vous revoir dans cette boutique, dit-il à l’adresse de Denchu.
- Et pourquoi non ? Répondit celle-ci avec un faux air offusqué. Je suis tout de même une de vos clientes les plus fidèles !
- Oui, c’est bien pour ça que j’ai décidé de ne pas porter plainte… J’espérai vous croiser un de ces jours pour comprendre ce qui vous a poussé à commettre un tel acte…
- De… de quoi voulez-vous parler ? S’enquit celle-ci, de plus en plus soucieuse.
- Bon, écoutez Mademoiselle Risato, je vais être franc avec vous, et je dois vous avouer que je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé. Mais vous avez tout de même vandalisé la vitrine, et les dégâts sont portés à plus de deux mille euros ! Alors je souhaite tout de même que vous me remboursiez.
- Mais… mais je ne vois pas de quoi vous voulez parler ! Quand est-ce que la boutique a été vandalisée ? Vous ne pensez tout de même pas que…
- … Ce que j’en pense, c’est que vous aviez assistée à une soirée bien arrosée… Les 14 juillet sont souvent fatals pour les commerçants. Mais cela m’attriste que ça vienne de vous. Vous avez été bien identifiable sur la bande de surveillance, surtout après avoir fait votre clin d’œil caractéristique !
- Il… il doit y avoir erreur, en juillet, j’étais en vacances avec mes parents…
- Si vous m’assurez que ce n’est pas vous, je me vois donc dans l’obligation de porter plainte, malheureusement, votre visage m’est reconnaissable. J’espérais vous éviter cela, car le seul avantage que je pourrai en tirer sera que l’assurance me remboursera entièrement mais elle se retournera contre vous. Je préférais vous le dire avant d’en arriver à ce recours, déplora le commerçant.
- Attendez ! Attendez… Est-ce qu’il est possible de visionner cette vidéo ? Je vous assure que jamais je ne ferai un tel acte… encore moins sous l’emprise de l’alcool que je hais au plus haut point. Je la visionnerai à vos côtés, je veux réellement prouver ma bonne foi !
- Très bien… mais vous ne vous y tromperez pas. Et ma proposition reste intacte jusqu’à la fin de la semaine. D’ici là, je vous prierai de ne pas remettre les pieds dans la boutique.

Denchu regarda alternativement ses deux amies à la recherche d’une réponse qu’elles ne pouvaient lui donner. Deshi la soutint par le regard et l’encouragea à visionner la vidéo, quant à Kima, elle resta perplexe… Les faits avaient tendance à trop s’accumuler et se cacher derrière le hasard.

~*~

- Eh bien… Vous en faites une tête ! Les salua Haneru lorsqu’il vit Kima, Deshi et Denchu passer le seuil de la porte.

Kima lui fit un signe le prévenant qu’elle lui raconterait plus tard, mais Denchu lui emboîta le pas :

- On est mal…
- On est… ? Répéta Haneru qui n’avait visiblement pas entendu la phrase de la jeune fille.
- Mal… enfin, je suis mal, Deshi est mal et Kasumi également, reprit Denchu comme une sentence.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Selon le libraire, j’ai cambriolé son magasin en juillet. Je lui dois à peu près deux mille euros, somme que je n’ai pas et que mes parents vont avoir du mal à débourser.
- Mais ce n’est pas toi qui l’a cambriolé ! S’insurgea Haneru. Tu as juste à prouver ton innocence… D’ailleurs, en juillet tu étais en vacances avec tes parents, non ?
- Oui… le problème, c’est qu’il a un enregistrement vidéo montrant clairement mon petit vandalisme. Alors à moins de retrouver mon sosie, je ne vois pas comment lui prouver le contraire.
- La personne qui a détruit sa boutique te ressemble vraiment ?
- Oui. C’est moi, il n’y a pas à en douter. Elle a même le grain de beauté que j’ai en dessous du menton… Il me laisse jusqu’à la fin de la semaine pour payer, annonça Denchu avec accablement.
- Je commence réellement à me poser des questions, intervint Toya. Il y a trop de similitudes entre toutes les mésaventures. A chaque fois il y a négation sur le fait d’avoir réalisé l’action… sauf pour Kasumi.
- Tu penses à un coup des démons ? Demanda Kasumi, comme pour effacer la dernière annonce de Toya.
- Peut-être… Qui plus est, à chaque fois on se retrouve bloqué à prouver le contraire. Il ne reste plus qu’à nous méfier.
- Non, ce sont les filles qui doivent se méfier, le reprit Takeshi. Encore une fois elles se trouvent être la cible.
- Euh, Toya, en parlant de cible… Apparemment, la police veut t’interroger, glissa Kasumi à l’adresse du jeune homme.
- Pardon ?
- Ah tiens, non, pour une fois ce ne sont pas que les filles, réfléchit Takeshi à haute voix.
- Oui, lorsqu’on m’a interrogée, il y a un agent qui se rappelait avoir vu Ocean avec son frère, un dénommé Toya. Et lorsque le commissaire Kaioh m’a demandé la liste des habitants de la pension et que j’ai donné ton prénom, il a opéré un rapprochement.
- Bien qu’on lui ait précisé que tu n’avais pas de sœur, ajouta Satoshi pour le rassurer.
- Eh ben… heureusement que vous n’avez pas oublié de le glisser dans la conversation !
- Non, ne t’inquiète pas, je te l’aurai dit plus tard, lui assura Kasumi.

Il y avait trop de confusion, trop de pensionnaires concernés dans diverses affaires qu’il était impossible de se concentrer tant les discussions partaient d’une personne à une autre.
Il était convenu que chacun devait s’occuper de son cas en priorité avant d’en aider un autre… et que ceux qui avaient du sursis, c’est-à-dire la majorité des garçons, Yuko et Kima, pouvaient également prêter mains fortes à ceux dont ils se sentaient le plus proche.

Denchu s’enfonça dans le canapé du salon et réfléchissait à toute allure en jouant avec ses doigts, le regard fixé sur la télévision éteinte. Elle ne remarqua pas que la salle s’était peu à peu vidée, l’un prenant la salle de bain, l’autre allant à son entrainement, les derniers vaquant à leurs occupations et leurs diverses corvées.
Il ne restait plus qu’elle et Takeshi, qui n’avait pas voulu la laisser seule. Lorsque la jeune fille eut replié ses genoux sous le menton et rabaissé son visage, Takeshi s’approcha lentement et s’assit à côté d’elle :

- Ca va ? Demanda-t-il en passant sa main dans le dos de celle-ci.
- Non… pas vraiment.

Le jeune homme ne put s’empêcher d’être étonné qu’elle n’ait pas rejeté son aide. Cela faisait deux mois qu’ils ne s’étaient pas vus, et l’on ne pouvait pas dire qu’ils sortaient ensemble…
Il retira délicatement sa main pour ne pas la mettre plus mal à l’aise, mais Denchu le retint en se réfugiant au creux de ses bras, s’abandonnant à une peine silencieuse.

- Ca n’ira jamais, jamais, jamais…quoiqu’on fasse, il y a toujours un truc qui ne va pas, souffla-t-elle.

Takeshi ne répondit rien, mais resserra son étreinte.

- J’en ai ma claque de la mission… Ca ne veut plus rien dire « mission ». On n’a plus personne pour nous guider, on survit juste face à des attaques, ça nous mène nulle part !
- Si, même si c’est immodeste à dire, on se doit de sauver la population qui nous entoure…
- La population qui nous entoure ? Au contraire, je pense qu’ils seront beaucoup mieux si nous n’étions pas là ! Je ne sais pas si tu as remarqué, mais les démons ne s’en prennent qu’à nous, à nous et à personne d’autres ! Alors je veux bien échanger mon pouvoir pour avoir la paix.

Denchu s’était redressée pour annoncer ses pensées. Son regard était campé dans celui de Takeshi, déterminé mais fragile.
Le jeune homme la rapprocha délicatement et la laissa mettre son visage au creux de son cou. Il referma ses bras puissant sur son corps fin, espérant la rassurer de sa présence, lorsqu’il entendit des bruits de pas étouffés dans les escaliers. Il releva les yeux et les croisa avec ceux perçants de Yuko.
Le jeune homme était gêné de s’exposer ainsi à la jeune fille qui gardait sa droiture, les lèvres pincées, puis qui se détourna pour remonter dans sa chambre, de façon des plus discrètes.
Ainsi, Denchu n’avait pas remarqué cet échange silencieux, et elle se sentait prise de fatigue. Sentant ses épaules se relâcher et son souffle devenir long et régulier, Takeshi comprit que Denchu s’était endormie. Il la porta alors délicatement jusqu’à sa chambre, Deshi se hâtant d’ouvrir le lit de son amie pour que le jeune homme l’y dépose avec facilité, puis il se retira sous le regard malicieux et encourageant de Deshi.

~*~

Le lendemain promettait d’être plus calme : le temps s’était adouci et l’on retrouvait les températures agréables d’un été indien, avec un soleil étouffant quelque peu sa chaleur derrière de frêles nuages.
La maisonnée s’était éveillée sans trop de difficultés, sans mauvaise humeur matinale et ils s’étaient tous acquittés de leurs tâches à temps.
Sur le chemin, les filles avaient discuté de leur participation au spectacle du lycée, un évènement que Kasumi attendait tout particulièrement, et que son entrée en seconde lui permettait d’y prendre part. Les cinq jeunes filles en avaient discuté tout le long du chemin – laissant une assez grande distance avec les garçons pour qu’ils ne les entendent pas – et se promirent de faire un show ensemble… même Yuko, à l’origine peu encline à accepter, se laissa submerger par les arguments de ses amies, et se laissa infléchir… Oui, elle participerait…

Néanmoins, arrivés dans la cour de l’école, nos neuf lycéens furent pris de stupeur : un groupe de cinq filles étaient habillé à la manière des Soldiers et se pavanait dans l’école. Denchu reconnut Merilu et Lucy et vint à leur rencontre :

- Mais qu’est-ce que c’est que ce déguisement ?! Leur demanda-t-elle dans un effroi à peine dissimulé.
- Eh bien, nous avons vu la vidéo de Fumio, tu sais, sur l’inondation du collège… et apparemment, il n’y aurait pas qu’une seule fille de ce genre ! Ils sont tout un groupe ! Lui répondit Lucy, enthousiaste.
- Pas qu’une seule fille… Un groupe… Mais…
- Et nous avons décidé de les soutenir ! Nous les représenterons en tant que Femmes Allumées !
- Et on compte bien les aider dans leurs tâches quand l’occasion se présentera ! Affirma Merilu.
- C’est pourquoi nous montrons nos couleurs ! Et s’il le faut, nous les traquerons pour qu’elles nous acceptent en tant que leurs, enchérit une jeune fille dénommée Mary.

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